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La CEMAC s’accorde pour un "ajustement structurel et vigoureux"
Publié le dimanche 25 decembre 2016  |  Xinhua
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© Présidence par DR
Le Président Ali Bongo Ondimba au CEMAC (Yaoundé)
Vendredi 23 décembre 2016. Yaoundé. Le Président de la République, son Excellence Ali Bongo Ondimba, a participé au Sommet extraordinaire des chefs d’Etat de l’Afrique centrale organisé à l’initiative du Cameroun pour discuter de la situation économique qui prévaut dans la sous région et trouver des solutions communes de retour à la prospérité.
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YAOUNDE -- Les pays de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC), sous l'ombre d'une récession due à l'effondrement des prix du pétrole, leur principale source de revenus en devises, ont décidé de procéder à un "ajustement structurel" de leurs économies, énonce une résolution d'un sommet tenu vendredi à Yaoundé.

Les présidents Denis Sassou Nguesso du Congo-Brazzaville, Ali Bongo Ondimba du Gabon, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo de Guinée équatoriale, Faustin Archange Touadéra de la République centrafricaine (RCA), Idriss Déby Itno du Tchad, ainsi que le président du pays hôte Paul Biya, ont pris part au sommet extraordinaire de la CEMAC.

La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a également participé à ces assises, avec son compatriote le ministre français de l'Economie et des Finances, Michel Sapin.

Au terme d'environ quatre heures de discussions à huis clos, ces dirigeants sont convenus de redresser leurs économies qui sont pour la quasi-totalité d'entre elles en récession du fait de l'effondrement des prix des matières premières dont le pétrole, leur principal produit d'exportation, par un train de mesures portant sur "un ajustement structurel et vigoureux".

C'est la principale mesure révélée par la déclaration finale du sommet contenant une liste de 21 résolutions.

Selon ce texte lu par le ministre camerounais des Finances, Alamine Ousmane Mey, cet ajustement se traduira par "une politique budgétaire adéquate, une politique monétaire appropriée et une coopération internationale", des mesures destinées à "inverser durablement les tendances négatives des économies de la sous-région".

Créée en 1994 pour tourner la page de vingt-deux ans d'activités de l'Union douanière et économique de l'Afrique centrale (UDEAC) et accélérer l'intégration économique régionale, la CEMAC se compose notamment du Cameroun, du Congo-Brazzaville, du Gabon, de la Guinée équatoriale, de la République centrafricaine et du Tchad.

PAYS EN RECESSION

Presque tous ces pays à l'exception de la RCA, encore au stade de l'exploration, sont connus comme étant des producteurs et des exportateurs nets de pétrole, qui représente parfois jusqu'à 80% voire plus des exportations, à tel point que la Guinée équatoriale, le Tchad, le Congo-Brazzaville et le Gabon sont en récession et ne parviennent plus à financer leurs programmes de développement économique.

Seul le Cameroun échappe à cette dépendance et au marasme économique résultant de la baisse du prix du baril, le pétrole représentant une contribution de 40% à ses exportations, et grâce à une économie conséquemment diversifiée. Mais avec le Tchad, il est cependant lui aussi confronté à l'insécurité due aux attaques de la secte islamiste nigériane Boko Haram.

D'après les récentes estimations de la Banque des Etats de l'Afrique centrale (BEAC) publiées mardi, avec une RCA qui tente de son côté de sortir de trois ans de conflit civil, la CEMAC enregistre une décélération brutale de la croissance, estimée aux environs de 1% cette année, contre 2,8% en 2015 et une moyenne de 5% au cours des trois années précédentes.

Cette évaluation faisait en outre état d'"une reprise des pressions inflationnistes, avec un taux d'inflation se situant au niveau de la norme communautaire de 3,0% ; la persistance du déficit budgétaire ; un léger repli du déficit extérieur courant et une situation monétaire qui se solderait par un taux de couverture extérieure de la monnaie d'environ 50%".

En guise de matérialisation de l'ajustement structurel annoncé, le sommet de Yaoundé s'est engagé à "poursuivre vigoureusement, au niveau de chaque pays, les ajustements budgétaires nécessaires à un rééquilibrage maîtrisé, judicieux et progressif de leurs finances publiques", précise la déclaration.

Il a en outre été décidé, en matière de politique monétaire, le gel des avances statutaires de la BEAC au niveau fixé sur la base des recettes budgétaires de l'exercice 2014.

Une autre mesure phare concerne "le renforcement de la stabilité monétaire de l'espace communautaire par une surveillance accrue du système bancaire et de l'utilisation optimale des instruments de politique monétaire".

La BEAC est aussi invitée à "proposer à brève échéance, en faveur des Etats, des mesures visant à promouvoir la migration progressive vers le financement par le marché des capitaux, en substitution des financements directs de la banque centrale".

Les six pays se sont également entendus pour conduire des politiques budgétaires ciblées, en matière de dépenses publiques, afin de préserver les acquis sociaux dans ce contexte d'extrême fragilité économique et financière, puis de mener un redressement graduel de leur solde budgétaire et de le ramener en dessous de 3% dans un délai de moins de cinq ans.

Les efforts devront par ailleurs être mobilisés pour "maintenir un endettement viable et soutenable, en privilégiant les financements concessionnels et en favorisant les partenariats public-privé pour la réalisation des programmes d'infrastructures".

LARGE ACCES AUX FINANCEMENTS

Autre mesure forte, la décision de recourir "à tous les partenaires, bilatéraux et multilatéraux, en vue d'obtenir un large accès aux financements concessionnels et non concessionnels nécessaires au renforcement de la balance de paiements et à la poursuite des projets de développement prioritaires".

La présence de la directrice générale du FMI à ce rendez-vous se résumait par l'engagement de ces pays d'ouvrir et de conclure à brève échéance des négociations bilatérales avec l'institution financière, pour mieux structurer ces efforts d'ajustement, les accompagner vers une sortie de crise et les aider à mettre en place les conditions d'une relance vertueuse et durable de leurs économies.

Pour atteindre ses objectifs, la CEMAC sollicite, en faveur de chacun de ses Etats membres, des mesures de renforcement d'une coopération internationale plus souple et plus flexible.

Cet appel consiste probablement à éviter de replonger dans l'amère expérience d'un vaste train de mesures d'austérité imposées par le FMI aux pays africains à la suite d'une précédente crise économique sévère à la fin des années 1980 et les ayant obligés à réduire par des licenciements massifs leurs effectifs de la fonction publique et à privatiser d'importantes entreprises publiques.

Selon l'ingénieur financier Babissakana, ces résolutions étaient évidentes, mais "c'est chaque pays de la CEMAC qui va engager l'ajustement pour structurer son économie. Car, il s'agit de pays qui ont des problèmes de balance de paiements et devront recourir au FMI", à l'exception d'un : le Cameroun.

"Le Cameroun n'a pas de problème en tant que tel. Il est même en position de force, parce que le pétrole ne pèse pas aussi lourd dans son économie que les autres pays. Mais, le Cameroun a signé un accord de partenariat économique (APE) avec l'Union européenne, mais les autres pays ne l'ont pas fait. Une telle situation entraîne donc des divergences importantes quand il y a des chocs comme qui sont actuellement observés", a commenté l'expert camerounais.
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