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Logements : Bruno ben Moubamba à l’épreuve de la realpolitik…
Publié le mardi 22 novembre 2016  |  Gaboneco
Bruno
© Autre presse par DR
Bruno Ben Moubamba, candidat à l’élection présidentielle 2016
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S’il est une chose dont les Gabonais sont loin d’être sevrés depuis la nuit des temps, c’est bien les promesses. Chaque titulaire de département ministériel intégrant le gouvernement y vient avec son lot, dissimulant souvent ses basses intentions ou sa méconnaissance de l’opacité qui entoure l’exercice de ses fonctions dans un Etat décrit par Alfred Nguia Banda comme « la République au village ». Bruno Ben Moubamba, puisque c’est de lui dont il s’agit aujourd’hui, est venu avec son mode opératoire vendredi dernier face aux occupants des cités inachevées d’Angondjé et de Bikélé, faire avaler une pilule visiblement pas amère à ses interlocuteurs. Pour combien de temps ?
C’est plutôt à une rencontre bon enfant à laquelle on a eu droit, durant laquelle tout le monde « autorités politiques et « squatters » d’Angondjé et de Bikélé a donné des assurances d’avoir compris l’autre, le vendredi 18 novembre dernier au Ministère de l’Habitat et du Logement à Libreville. Mais, si l’épreuve de force que l’on redoutait d’un côté comme de l’autre semble avoir été évitée de justesse, en attendant dans la semaine l’arrêté ministériel portant moratoire sur le délai de déguerpissement accordé aux habitants des cités occupées « illégalement », faut-il applaudir des deux mains en signe de satisfaction lorsque l’on sait que le problème du logement reste entier, pour ne pas dire se pose encore avec acuité, malgré la détermination de Bruno Ben Moubamba, lui-même sorti des « mapanes », à en faire une priorité, mieux à lui trouver solution dans les deux ans s’il reste longtemps à ce poste ?

Il est déjà compliqué de prendre une décision aussi historique que celle consistant à déguerpir des centaines de familles quand on sait le nombre d’individus que cela fait au regard du poids de chacune d’entre elles, même s’il est loisible d’avancer qu’au Gabon, elles ne sont que de taille relativement moyenne, oubliant qu’ici, comme partout ailleurs en Afrique, la famille est élargie. Il est également compliqué d’envisager avec célérité et décence la réinstallation desdites familles quand on sait que nombreuses sont celles qui ont pris des dispositions concernant par exemple la scolarité des enfants en fonction de leur lieu d’habitation, ce qui devrait conduire le Gouvernement à étudier ces cas avec tout le sérieux qu’on leur doit, afin d’épargner les parents et les enfants, les premiers, des affres d’une année perturbée.

Normal qu’il soit affecté par la fougue de la jeunesse et de son statut dans le Gouvernement Issoze-Ngondet dans lequel il figure en qualité de nouvel arrivant, d’entrant a-t-on coutume de dire. Normal qu’il affiche un optimisme débordant à l’entame d’un magistère pourtant risqué au vu de la situation socio-économique que va indiscutablement vivre le Gabon dans les tous prochains jours, situation socio- économique aggravée par la baisse des cours du baril de pétrole, principal produit d’exportation. Puisqu’il s’agit, malgré tout, de rassurer des compatriotes, les plus de 90%, si ce n’est peu, désemparés et ne sachant plus à quel saint se vouer, les promesses des prédécesseurs de Bruno Ben Moubamba n’ayant jamais été suivies de faits, pas plus que celles faites par Ali Bongo Ondimba de doter le pays depuis 2009, de 5000 logements par an.

S’il ne le sait pas ou feint de ne pas le savoir, le Vice-Premier-Ministre n’est pas lui-même en personne critiqué, mais plutôt le système dont il est aujourd’hui l’un des maillons forts. Car, malgré le « deal » passé avec le chef de l’Etat, croit-il qu’il ira jusqu’au bout de sa logique, il a déclaré qu’avec lui, la fin des « mapanes », quand on sait des institutions comme la Société nationale des Logements sociaux, Snls, ou l’Agence nationale de l’Habitat, créées pour servir de socle à la politique du Gouvernement en la matière. D’où elles tiennent encore, à notre humble avis, dans l’esprit du chef de l’Etat gabonais, une place de choix. Bruno Ben Moubamba s’est-il demandé un instant pourquoi la brique en terre cuite a-t-elle été abandonnée et le projet est-il mort avec feu le général Bâ Oumar ? Vous répondrez de façon simpliste que cela est d’un autre temps et qu’il appartient au passé bien sûr. Mais, il s’agit et pourtant d’aller au fond de l’analyse d’un système et de tenter de s’approprier le constat qui veut que les mêmes causes produisent les mêmes effets.

Le Vice-Premier-Ministre a-t-il pris le temps de bien éplucher les dossiers de son département et de demander à ses collaborateurs les plus anciens de lui faire un rapport sans complaisance, fut-il accablant pour le Gouvernement, sur la manière dont la question du logement a souvent été traitée ici, avant que de se lancer dans un optimisme que l’on craint qu’il ne finisse par être béat ? Sait-il les conditions dans lesquelles l’on vient à arracher des projets tels la viabilisation de terrains ou la construction des logements sociaux au Gabon et pourquoi l’échec s’est-il imposé comme une constante dans ce domaine pourtant vital ?

Il est en tout cas dans la situation de celui qui s’est mis la corde au cou et ce ne sera pas la faute aux opposants « radicaux » qu’il a tendance à stigmatiser s’il ne réussissait pas son pari. Mais, il est facile de le comprendre si l’on tient compte du fait qu’il se devait cependant d’imprimer sa marque, lui, qui se présente à la face de la grande majorité des Gabonais comme un illustre inconnu, la preuve, il a mué d’homme politique ayant pour fief Ndendé à homme politique ayant pour terroir Moabi. Un saut qui ne sera pas sans conséquences, se susurre-t-il ci et là.

Dounguenzolou
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