Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Gabon    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article




  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Politique

Richard Moulomba: «13% de Gabonais concentrent 89% des richesses du pays»
Publié le mardi 25 mars 2014   |  Gabon Review


Richard
© Autre presse par DR
Richard Moulomba Mombo, président de l’Alliance pour la renaissance nationale (Arena)


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Au terme d’une conférence de presse donnée le 22 mars dernier, le président de l’Alliance pour la renaissance nationale (Arena), Richard Moulomba Mombo, est notamment revenu, en aparté, sur sa démission de l’UFC, la réforme des fonds communs, l’étude McKinsey de la pauvreté au Gabon, la démission de MM. Ping et Adiahénot et ce qu’on nomme «légion étrangère».

Gabonreview : Vous avez décidé de démissionner de l’UFC. Pour quelles motivations ?

Richard Moulomba Mombo : J’ai tenu à démissionner de l’Union des forces du changement (UFC) parce que je ne voulais pas, en tant que président en exercice de ce regroupement politique, gêner mes compères suite à la liberté de ton que j’ai prise ce matin (samedi 22 mars 2014 – ndlr). Par souci d’honnêteté, j’ai voulu assumer seul cette responsabilité, pour ne pas amener les uns et les autres à supporter à ma place le poids de cela. Il n’y a eu aucun problème particulier entre les partis membres de l’UFC.

Vous avez évoqué, durant votre conférence de presse, la question de la suppression des fonds communs et avez approuvé la décision du président de République. Quelle explication pouvez-vous en donner ?

J’ai dit que l’intension du président Ali de revoir le problème des fonds communs, en réalité de revoir le problème de la redistribution des richesses nationales, est bonne. A titre de rappel, 13% de la population gabonaise seulement touche 89% des richesses de notre pays. Vous voyez qu’il n’y a que ces 13% qui concentrent entre leurs mains 89% de nos richesses, ce qui est inacceptable. Donc toute décision, qu’elle vienne d’Ali Bongo ou d’une autre personne, toute décision qui viendrait à nous amener vers une meilleure redistribution de nos richesses, serait parfaitement une bonne chose, et dans ce sens, ce que venait de faire Ali Bongo au niveau des intensions était une bonne chose. Sauf que nous avons trouvé insuffisante la suite qu’il a donné à ce dossier, puisqu’il a créé une prime d’incitation à la performance. Déjà, comme moi, vous savez que la performance n’est pas mesurable, elle est appréciable. Et dès qu’on apprécie, ça dépend de l’individu, donc ça devient aléatoire et pas mesurable… ce n’est pas bon.

Ensuite, il fait passer le nombre de bénéficiaires de 9000 à 30 000, soit environ 21 000 personnes de plus qu’avant. OK, il i y a 20 000 nouveaux éligibles, si on peut le dire, mais nous, nous attendions plus, puisqu’il y a 80 000 fonctionnaires. Il vaut mieux, pensions-nous, pour une meilleure redistribution de nos richesses, fouiller toutes les poches financières qui existent, faire rentrer cet argent dans les caisses publiques au nom de l’unicité des caisses et trouver un moyen de redistribution à tout le monde. Le moyen que nous, nous proposons c’est la révision de la grille salariale en relevant le point d’indice, lequel point d’indice participe d’ailleurs au calcul de la retraite. Vous remarquerez que ces inégalités ont amené un phénomène qui fait que finalement chaque corps a un statut particulier. Ça veut dire que c’est un malaise profond.

Parlant de cet indice et notamment de la pauvreté de 30% de la population gabonaise, quel regard portez-vous sur la récente étude réalisée par un cabinet international à la demande de la Première dame et qui, se raconte-t-il, aurait coûté 18 milliards plutôt qu’un seul milliard tel que déclaré ?

En tout cas ce que nous avons entendu, et d’ailleurs de certains journaux du pouvoir, c’est 18 milliards de francs CFA. Nous espérons que c’est un milliard. Et même si elle a coûté un milliard. Un milliard c’est 100 maisons de 10 millions de francs chacune. C’est-à-dire, 100 foyers locataires aujourd’hui à loger. Vous comprenez que ce n’est pas négligeable un milliard. Alors, pourquoi aller jeter un milliard dans une étude quand on a quatre études avant qui donnent les mêmes informations ? Quelle est l’information nouvelle que nous apporte cette étude ?

D’ailleurs, souvenez-vous d’une autre étude que l’exécutif a faite concernant le Plan stratégique Gabon émergent qui a dû coûter de la fortune aux Gabonais. Dans ce document, on nous a dit que toutes les réflexions sur le Gabon sont faites. La pauvreté au Gabon n’est pas une découverte, ça c’est une chose, et la face de la pauvreté est connue : c’est le manque de logement, de soins médicaux, de routes, d’hôpitaux, d’écoles.

Et je suis au regret de dire que les 30% dont parle l’étude du cabinet McKinsey, je ne sais pas si c’est 30% de pauvres ou 30% de personnes en dessous du seuil de pauvreté : c’est-à-dire, ceux qui vivent avec moins d’un dollar, soit moins de 500 francs par jour. Et je vous dirai que les études qui sont venues avant montrent que c’est d’ailleurs plus. Et je voudrais rappeler que l’étude McKinsey est assise sur toutes les autres études menées : le cabinet McKinsey n’est jamais allé sur le terrain.

Vous avez également regretté le redressement fiscal d’une compagnie pétrolière de la place. Pour quelle raison précisément ?

Regretter, non ! Mais nous nous interrogeons sur le fait, pour l’Etat gabonais, d’attendre autant de temps et autant de cumul, 400 milliards de francs CFA, c’est à peu près, si je ne m’abuse, le quart du budget du Gabon. Comment attendre une si grosse somme avant de faire redressement ? Qu’est-ce qui faisait qu’avant, on ne pouvait pas lui exiger pour qu’on en arrive un tel cumul ? Nous nous interrogeons pour dire que comme par hasard cette révélation vient au moment où monsieur Ping sort du PDG. Et au même moment où on soupçonnerait M. Ping d’être en flirt prononcé avec cette entreprise.

Et je voudrais signaler que cette même entreprise a fait une sortie : un communiqué officiel pour dire qu’elle ne reconnaît pas devoir à l’Etat gabonais un seul franc. Qu’elle a toujours été à jour dans ses règlements. Alors, qu’on nous explique. Surtout que le monde du pétrole est un monde tellement flou qui a plusieurs pistes : d’où vient donc cette dernière piste ?

Sur la démission de MM. Ping et Adiahénot qui étaient deux grands militants et cadres du PDG il se dit des choses. Mais, vous trouvez leur démarche courageuse. Pourquoi ?

Je dis que c’est déjà courageux parce qu’il n’est pas facile de quitter un endroit qui vous nourri. Ils ont choisi cet endroit, je suis sûr que la partie pécuniaire a joué, et ils décident de le quitter, c’est déjà un courage.

Seriez-vous en train reprendre à votre compte la rhétorique d’une frange d’acteurs politiques de la majorité qui apparentent la démission de ces deux personnalités à une «rupture alimentaire» ?

Non, ce n’est pas exactement ce que je dis. Je dis par contre, à l’opposé du pouvoir, qu’ils quittent un parti qui a le pouvoir en mains et que s’ils veulent les replacer à un endroit ou à un autre – de toute façon ce ne sont pas les plus idiots du système Bongo- ils peuvent parfaitement se refaire au sein du système et gagner financièrement et matériellement leur vie comme ils l’ont toujours fait.

La deuxième chose qui me pousse à trouver que c’est déjà un courage, c’est que pour moi, tout ce qui met en dégringolade le système Bongo dont le totem maléfique est le PDG, est salutaire et bienvenu. Ce qui ne les exempte pas de leur passé.

Vous avez évoqué «la légion étrangère» au cours de votre conférence de presse. Pensez-vous vraiment que c’est l’une des origines du mal-être des Gabonais actuellement ? N’est-ce pas là aussi exacerber la xénophobie affectionnée par une certaine presse ?

Il n’y a pas dans mes propos un sentiment anti étrangers. Nous disons ceci et c’est valable pour tous les pays du monde : la plupart des pays sont ouverts aux étrangers. Être citoyen dans un pays n’est pas un péché, et à chacun de nous, il est arrivé d’être un citoyen dans un autre pays que le sien. Mais aller rentrer au sanctuaire du pouvoir de ce pays est une autre affaire. Vous pouvez parfaitement prendre la nationalité, faire vos affaires. Mais avant aujourd’hui, le Gabon a eu des étrangers : Bongo le père d’Ali a encensé des étrangers, il en a fait rentrer dans le pays pour travailler. Certains comme Samuel Dossou que personnellement je ne suis pas capable de reconnaître parce que je ne l’ai jamais vu, ont su rester à leur place.

Ces gens dont nous nous plaignons, dont tous les Gabonais se plaignent sont dans le sanctuaire du pouvoir et ça ne nous arrange pas. Ils construisent, investissent chez eux, ça veut dire qu’ils préparent un retour futur chez eux et ça ne nous arrange pas. Ça veut dire aussi que chez nous n’est pas dans leur cœur car s’ils savaient que chez nous, c’est chez eux, ils y investiraient. Voilà ce que nous disons : nous ne sommes pas d’accord que le président Ali fasse fi de toutes ces plaintes du peuple gabonais.

 Commentaires