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Art et Culture

Littérature : le Gabon est un modèle (…) dans le monde », d’après Cheryl Toman
Publié le lundi 24 octobre 2016  |  Gaboneco
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Un nouveau tome sur la littérature gabonaise vient de paraitre aux USA. Son auteure, Cheryl Toman est professeur associée d’études francophones à « Case Western Reserve University », à Cleveland dans l’état de l’Ohio. Cette dernière a mené une étude scientifique pour promouvoir le livre gabonais, surtout celui rédigé par les femmes. Dans cette interview, elle explique en long et en large l’étendue de sa pensée, mais surtout revient sur la vitalité du livre gabonais. Interview.
Gaboneco (Ge) : Pourquoi une étude sur les écrivaines gabonaises ?

Cheryl Toman (CT) : Parce qu’il n’y avait absolument rien en anglais et la littérature gabonaise est depuis longtemps "invisible", car les chercheurs ont refusé de la voir. Mais personnellement, c’est une littérature qui me parle et que je trouve très profonde, c’est pourquoi j’ai décidé d’écrire ce livre. Je crois que c’est une des littératures africaine des plus originales. Son histoire est fascinante ! Tout le monde doit la connaître. Comme on dit en anglais, c’était « Africa’s best kept secret ».

GE : Votre étude porte-t-elle sur toutes les générations d’écrivaines gabonaises ?

CT : Dans le livre, j’ai identifié deux générations. Celle dont les écrivains ont entre 41 et 60 ans aujourd’hui et puis ce que je considère comme la deuxième génération qui a entre 18 et 40 ans aujourd’hui.

GE : Donc votre deuxième tome se consacre essentiellement aux jeunes plumes ?

CT : Le livre que je viens de publier commence par une longue introduction de l’histoire de la littérature gabonaise en général, les pionnières et les jeunes. J’ai ensuite un chapitre sur Angèle Rawiri et puis j’ai écrit des chapitres sur les œuvres de Justine Mintsa, Sylvie Ntsame, et Honorine Ngou. Le dernier chapitre se concentre sur les premières Lectures de Justine Mintsa et les œuvres pour enfant et adolescent écrites par Edna Merey Apinda. Dans la conclusion, je parle de nouveau des parutions récentes et la force de la jeune génération et ça annonce plutôt le deuxième tome qui n’est pas encore fini. Parmi les jeunes dont je parle, c’est Edna, mais aussi Miryl Nadia Eteno, Elisabeth Aworet, Alice Endamne, Destinée Mboga, Pulchérie Nkoghe, Charline Effah, et d’autres.

GE : Pourquoi seulement les femmes ? Les écrits des hommes ne vous séduisent pas ? Ou c’est un signal fort que vous envoyez ?

CT : J’apprécie les hommes aussi et en fait, je parle de beaucoup de chercheurs et d’écrivains gabonais aussi. Je suis très reconnaissante à tous les Gabonais qui m’ont soutenue, hommes et femmes. Mais ma propre spécialisation, c’est la littérature féminine africaine et je fais ça depuis toujours. Le Gabon à une histoire unique quand même parce que la première romancière est une femme (Ndlr : Angèle Rawiri). C’est le seul pays au monde qui peut dire ça. Un autre détail que j’apprécie, c’est que les écrivains (hommes) gabonais ont toujours soutenu leurs consœurs. Ce n’est pas comme ça dans d’autres pays. J’ai travaillé sur le Cameroun et la première romancière a du beaucoup lutter pour avoir le soutien de ses compatriotes hommes. C’est bien dommage ! Donc le Gabon est un modèle littéraire pour beaucoup de raisons.

GE : Pourquoi vous soutenez que le Gabon est un modèle littéraire ?

CT : Parce que c’est le premier pays au monde ou une femme écrit un premier roman et il y a aussi le fait que les Gabonais soutiennent les Gabonaises, surtout la jeune génération et le nombre de livres publiés actuellement malgré le fait que le Gabon soit un petit pays. Les Gabonais peuvent contribuer désormais à la littérature mondiale. C’est une grande période intellectuelle pour le Gabon.

GE : Quelle lecture faites-vous des deux générations d’écrivaines gabonaises ?

CT : J’ai un regard critique pour chaque écrivaine, parce qu’elles sont tellement différentes. Je parle de l’invisibilité de la femme en général comme la raison principale pour laquelle la littérature gabonaise a souffert d’un manque de critique. Apres, j’essaie d’explorer l’influence de la littérature orale sur la littérature contemporaine, le mvet y compris. Quand je dis "l’invisibilité de la femme" je veux dire dans le monde entier ce n’est pas une critique unique au Gabon. Ça arrive partout ailleurs ! Donc je parle des hommes aussi parce que les femmes ne vivent pas seules dans ce monde, mais j’ai mis en avant les ouvrages des gabonaises.

GE : Aujourd’hui que la société gabonaise, particulièrement les jeunes ne lisent plus, quelle est la force du livre et de l’écriture ?

CT : Ce n’est pas seulement les Gabonais qui ne lisent plus, c’est partout pareil. La technologie a fourni d’autres divertissements aux jeunes. Mais il ne faut pas se tromper, la littérature endure et ça fait partie du patrimoine du pays. Le fait que les jeunes Gabonais écrivent, ils peuvent convaincre facilement d’autres que la littérature a une force. Les jeunes peuvent s’identifier à ces ouvrages. Même si on étudie la littérature à l’école uniquement, on n’oubliera pas les messages s’ils sont forts.

GE : A l’heure du numérique comment intéresser de nouveau les jeunes à la lecture ?

CT : Il y a des E-books mais aussi la jeune génération est très active sur les réseaux sociaux et ils font un effort monstre pour promouvoir leur belle littérature. Les hommes et les femmes y sont unis. Il y avait déjà les blogs crées en réponse a la critique d’Alain Mabanckou en 2006 et depuis on a des pages Facebook comme Littérature Gabonaise et Club Lyre. Des centaines de jeunes suivent ces pages et c’est excellent pour la littérature en général.

Propos recueillis par YAO
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