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Présidentielle 2016 : Quand le vote altogovéen enflamme le pays
Publié le mercredi 14 septembre 2016  |  Gaboneco
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© Autre presse par DR
Une bureau de vote
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Localisée dans le Sud-est du Gabon, et reconnue pour être le fief du PDG au pouvoir, tout comme le sont l’Estuaire, l’Ogooué maritime et le Woleu Ntem pour l’opposition, la province du Haut-Ogooué est devenue, depuis la réélection très contestée d’Ali Bongo Ondimba, la cible privilégiée du ressentiment postélectoral. Et pour cause, la manipulation avérée ou non de ses résultats aura profité à réélire Ali Bongo plutôt que Jean Ping.
"Province d’ajustement électoral", l’expression toute trouvée dans le feu de l’actualité renvoie à la région du Haut-Ogooué, considérée comme bastion du Parti Démocratique Gabonais au pouvoir, tout comme le sont l’Estuaire, l’Ogooué-Maritime et le Woleu-Ntem pour l’opposition. "Province d’ajustement électoral" parce qu’à lui seul le vote du Haut-Ogooué aura permis à Ali Bongo Ondimba de combler l’écart de plus de soixante mille voix, qui le séparaient de son principal rival Jean Ping.

Ce qui a d’ailleurs permis à l’actuel Chef de l’Etat d’être réélu dans la douleur puisqu’un différentiel d’à peine six mille voix seulement séparent les deux hommes, selon les résultats officiels provisoires. La province est devenue, depuis ce verdict très contesté, le réceptacle de toutes les colères et autres frustrations des partisans du changement qui ont vu Jean Ping échouer aux portes de la victoire. Des colères qui font déjà craindre à certains ressortissants de la région installés dans d’autres provinces un risque du dérapage interethnique.

Réactions

Mardi 13 septembre 2016. Nous sommes au marché d’Akébé, un quartier localisé dans le 4ème arrondissement de Libreville et considéré comme bastion des altogovéens en raison de la forte communauté Téké qui y vit. Hermance, la trentaine révolue vend du manioc. Nous la surprenons en pleine conversation avec d’autres commerçantes sur le sujet. Hermance n’a pas voté, mais pour elle, toute « Cette bagarre autour des résultats du Haut-Ogooué c’est l’affaire des hommes politiques, qui au lieu de se battre entre eux-mêmes préfèrent susciter des tensions entres les ethnies, alors qu’eux-mêmes ont de moyens pour fuir facilement le pays en cas de guerre ».

Même réaction pour sa voisine, Winnie également la trentaine révolue, contrairement à Hermance Winnie a voté. Occupée à servir la sardine et le Nkumu à une cliente, elle lance : « En tout cas Ali et Ping c’est la même chose. C’est la même famille. Ils veulent seulement que les Gabonais s’entretuent pour eux, puisque tous les deux sont beaux-frères. Est-ce qu’on va maintenant tuer les Altogovéens parce qu’ils ont voté pour Ali Bongo et non pour son beau-frère ? ».

Un peu plus loin, au feu rouge d’Akébé, nous croisons Yvon et Euloge, deux jeunes maçons Altogovéens. Ils attendent un taxi pour se rendre sur un "petit chantier". Yvon est partisan de Jean Ping, Euloge opte plutôt pour Ali. Même si Yvon reconnait qu’il est dans la tradition du Haut-Ogooué de voter majoritairement pour le parti au pouvoir, il ne s’empêche pas de « penser que les chiffres proclamés par le ministre de l’intérieur ont sans doute été fabriqués ». Car pour lui, « Ali Bongo a tellement gouverné dans le désordre que les populations à travers le Gabon, y compris même dans le Haut-Ogooué ont voulu le sanctionner. Mais à cause de lui on veut déjà faire passer tous les Altogovéens pour des fraudeurs »

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Point de vue que ne partage pas son ami Euloge pour qui, « La province du Haut-Ogooué subit des critiques injustes parce qu’elle a voté pour Ali Bongo, alors que d’autres provinces ont voté massivement pour l’opposition sans que personne n’en parle ».

Le Haut-Ogooué devient une province de la magie électorale, non pas parce qu’il vote majoritairement pour le PDG comme le font d’ailleurs les autres régions pour l’opposition. Mais simplement parce que de l’avis général, les chiffres sortis de cette région n’entrent pas dans l’ordinaire du scrutin présidentiel. Reste donc à la Cour constitutionnelle de clarifier définitivement la situation à partir d’un recomptage dse voix bureau par bureau, afin de ramener la paix et la cohésion dans le pays.

Charles Nestor NKANY

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