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Présidentielle 2016 : L’échec d’un dialogue préélectoral
Publié le jeudi 8 septembre 2016  |  Gaboneco
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© RFI par DR
Le président de la République gabonaise et candidat, Ali Bongo Ondimba (gauche) et son principal concurrent, Jean Ping (droite), pendant l`élection présidentielle d`août 2016
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Certains journaux, certaines voix se sont levées pour attirer l’attention des acteurs sur le risque majeur qu’il y avait à aller à l’élection présidentielle sans dialogue préalable, surtout dans un contexte préélectoral marqué par des tensions extrêmes entre opposition et majorité. Des appels qui sont tombés dans les oreilles de sourds du camp au pouvoir, qui soutenait urbi et orbi qu’il n’y avait pas de crise notoire nécessitant la tenue impérative des discussions entre les protagonistes. Non sans affirmer que si dialogue politique il y avait, il ne se déroulerait qu’après le scrutin.

Des morts, l’Assemblée nationale et autres édifices incendiés, véhicules brûlés, magasins éventrés et pillés, rues barricadées, affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, tirs etc…

Si le Gabon est connu pour sa longue tradition des lendemains électoraux chaotiques, la présidentielle de 2016 aura été, semble-t-il, la plus dangereuse et la plus meurtrière aussi, surtout en terme de bilan humain, qui avoisine la dizaine, selon les chiffres avancés par le camp de Jean Ping. Jamais une élection présidentielle, pas même celle de 1993 qui inaugurait l’avènement du multipartisme n’a été aussi contestée. Car si les violences post-électorales étaient jusque-là circonscrites aux seules villes de Port-Gentil et Libreville, cette fois c’est presque toutes les grandes villes du pays qui se sont enflammées. La présidentielle de cette année, loin d’être une élection ordinaire n’aura été qu’un ras-le-bol généralisé, un référendum contre l’actuel système.

Et avec un septennat marqué par des démissions sans précédents, et non des moindres au sein du Parti Démocratique Gabonais au pouvoir, la polémique sur l’Etat-civil du Chef de l’exécutif, qui a empoisonné le climat politique, et les grèves généralisées, pour bon nombre de Gabonais, le septennat d’Ali Bongo Ondimba aura même été ‘’plus désastreux que les 42 années du père’’, disent-ils.

Le refus d’un dialogue préélectoral

Il n’est pas exagéré de dire que le grabuge post-électoral qui agite le pays aujourd’hui n’est autre que la conséquence d’un refus du dialogue politique préélectoral, qui aurait pu baliser le chemin des lendemains électoraux apaisés. En effet, tout le monde ou presque était persuadé qu’aller à l’élection dans un tel climat de tensions extrêmes faisait courir au pays un risque de dérapage majeur. Car la crise qui secoue le pays depuis 2009 portait, en elle-même, les germes des violences post-électorales inouïes.

Prenant la mesure du danger, le Représentant de Ban Ki-Moon pour l’Afrique centrale, Abdoulaye Bathily a noué des contacts avec les représentants de l’opposition et de la majorité pour la tenue d’un dialogue national. Appel relayé par l’opposition, qui a même proposé la refonte préalable de certaines dispositions du Conseil National de la Démocratie (CND), au cas où ce dialogue devait avoir lieu. Mieux l’opposition a proposé un « dialogue national inclusif sans tabous », l’objectif était de mettre sur la table toutes les questions relatives à l’élection, notamment le scrutin à deux tours, la limitation des mandats présidentiels, l’Etat-civil tant polémiqué d’Ali Bongo Ondimba.

Et pour couronner le tout, le Médiateur de la République, Laure Olga Gondjout est sortie de sa réserve en mai dernier, pour renouveler cet appel. Des appels qui ont essuyé une fin de non-recevoir de la majorité présidentielle, qui a vu dans les termes « dialogue inclusif sans tabous » une manie de l’opposition cherchant à saboter les institutions démocratiquement élues par un partage de gâteau.

Pour Ali Bongo Ondimba, si dialogue national devait avoir lieu, celui-ci ne se tiendrait qu’une fois après l’élection. Visiblement du côté du pouvoir on a certainement minimisé le danger trop grand que représentait cette élection pour le pays, sans discussion préalable. Et l’autisme politique, l’aveuglement et le mépris de la réalité sociale auront donc suffi pour transformer le pays en « poudrière centrafricaine ».

Charles Nestor NKANY
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