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L’histoire du conflit Ali-Ping
Publié le samedi 27 aout 2016   |  Gabon Review


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© Autre presse par DR
Au Gabon, des élections "à la tronçonneuse"


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Dans un contexte de campagne se terminant comme un second tour électoral opposant Jean Ping Okoka à Ali Bongo Ondimba, la muse pamphlétaire de Gabonreview se livre à une métapsychologie sommaire de l’antagonisme entre les deux hommes politiques. Cette sorte de politique-fiction fera sourire nombre d’initiés aux secrets des arcanes ; elle n’en reste pas moins un bon stimulus pour l’éveil des consciences.

On ne saura pas exactement ce qui a déclenché les hostilités, mais il est très probable que ce soit un problème latent, qui n’a jamais été réglé, une souffrance et une rage latentes qui n’ont pas su être résorbées, par manque de maturité ou par insécurité émotionnelle.

Petit voyage dans le temps, Rendjambe est retrouvé mort le 25 avril 1990 «dans des circonstances non élucidées jusqu’à ce jour». Quelque temps après la conférence nationale durant laquelle, il aurait traité Ali de Biafrais. Ping à l’époque traine aussi dans les coulisses de l’État et il s’avère qu’il est l’un des plus proches parents de Rendjambe. Mais ça ne l’empêche pas de continuer à fricoter avec les gens du pouvoir d’autant plus qu’il vient d’avoir une fille avec la fille aînée du président de la république, Pascaline.

Ping et Ali ne sont pas de la même génération, une vingtaine d’années les séparent et le conflit pourrait bien ressembler à une conflit générationnel, mais ce n’est pas le cas. Ce n’est pas l’histoire d’un petit qui ne voulait pas écouter les aînés, c’est l’histoire d’un petit qui ne voulait en faire qu’à sa tête, quitte à incendier la maison, quitte à inonder la maison, quitte à priver la maison d’électricité et d’eau, quitte à abîmer la maison, si ça peut être inconséquent à court terme et à moyen terme.

Déjà que Bongo père avait une manière très oligarchique pour ne pas dire monarchique de gérer le pays, Ali en est une version plus corsée. Il faut avouer qu’être rejeté en bloc de tous peut faire perdre les pédales à n’importe qui, mais Ali n’a pas perdu les pédales. Il est juste du genre à vouloir asseoir sa suprématie, de gré ou de force.

Ping, quant à lui, fait partie de ces rares hommes qui savent murmurer aux oreilles des rois, des sultans et des princes. Le genre qui tire les ficelles et aligne les étoiles, le genre à qui on confie la lourde tâche de réfléchir aux multiples moyens de résoudre des conflits. Ping a fait ça toute sa vie durant, c’est un crocodile en la matière.

Nous sommes maintenant en 2009, Rawiri a déjà tiré sa dernière révérence, Edith aussi, beaucoup trop tôt d’ailleurs, il parait que c’était les derniers remparts, contre l’ambition disproportionnée d’Ali. Et Bongo père est faible, il est en mode mea culpa, juste avant l’annonce officielle de son décès. Il demande pardon au peuple, il semble réaliser qu’il aurait pu mieux faire. Qu’il aurait dû faire mieux.

Ce que tout le monde ignore, c’est qu’entre-temps, Ali est devenu très intime avec Accrombessi, un businessman béninois introduit à la cour par Mba Obame en personne, le leader mort récemment, d’un dépérissement que la médecine moderne est encore à ce jour incapable d’expliquer. Ce que trop de gens semblent avoir oublié, c’est que Mba Obame et Ali c’étaient les amis du bouts du monde, des complices, des frères d’armes, des âmes frangines, c’est l’histoire d’une amitié qui se termine de la manière la plus lamentable qu’il soit.

Bongo-père était arrivé au stade de confier l’armée et la gendarmerie nationale à Ali, en sa qualité de ministre de la Défense nationale et à Mba Obame, la sécurité intérieure, en sa qualité de ministre de l’Intérieur, comme s’il leur donnait la possibilité d’apprendre à jouer à la guerre.

Il faut savoir qu’à la cour des grands, ça ne se passe pas comme au quartier, une femme ordinaire te parle mal, tu dégaines ta ceinture, mais une femme comme Chantal Myboto ne peut pas se faire rentrer dedans par un Ali aussi enragé qu’il puisse l’être. Pareil pour Ping, impossible d’en venir aux poings avec le petit prince, malgré ses insolences répétitives.

Ça se règle au sommet des États, au quartier, si tu énerves quelqu’un, on descend dans la rue et on règle ça à la bouteille. Quand le soleil se lève, on s’excuse, on relâche la pression et quand il se couchera à nouveau, nous serons à nouveau capables de faire tchin-tchin au bruissement à la fois retentissant et discret de nos bières locales.

Tandis qu’aux environs de Palm Beach a.k.a Akanda, c’est autre chose. «Tu m’énerves, je commande un audit corsé à une entreprise dans laquelle tu as des intérêts, je gèle tes comptes bancaires, je t’interdis toute nouvelle acquisition, je te fais tomber le fisc dessus, je crée même une brigade anticorruption rien que pour éplucher toutes tes transactions bancaires et retracer tes financements, j’autorise mes dircabs à harceler les membres de ta famille et à salir ton nom dans les médias locaux, internationaux et sociaux… En fait, je suis même capable de déclencher une guerre pour te prouver que je pisse plus loin que toi.» C’est comme ça à la cour des grands, on habitue les enfants à jouer très tôt au Monopoly avec les revenus de l’État, au grand détriment du petit peuple, on les lave dans du lait de soya à la naissance et les persuadent qu’ils sont nés princes, princesses, futurs rois et futures reines au pays des merveilles qu’on surnomme le Gabon.

Ping et Ali se sont querellés une première fois à propos de sa décision de nommer Accrombessi, directeur de cabinet. Faut rappeler que le poste de directeur des cabinets est un poste clé, stratégique et réservé à son bras droit, à sa main gauche, à la prunelle de ses yeux quand on est chef de l’État. Le gabonais lambda a conclu qu’il y avait une histoire de c.. entre Ali et Accrombessi, que c’était le Vaudou, whatever, mais en réalité, c’est une histoire d’amitié, de sacrifice et de choix. Quand Mba Obame nous a ramené son ami Accrombessi, il était à l’époque son plus fidèle conseiller, c’était un peu comme Ping à l’oreille de Bongo-père. Puis Accrombessi ainsi introduit dans la cour royale, ne s’est pas contenté d’être celui qui murmure à l’oreille du sultan, il a décidé de murmurer à l’oreille de celui qui avait le potentiel de devenir le futur monarque, le futur comment dit-on ça encore ? Chef suprême des armées.

Accrombessi trahit l’amitié de Mba Obame et s’allie à Ali pour le contrecarrer, dans son ambition de devenir président lui aussi et c’est chien d’en vouloir à Accrombessi d’être ambitieux lui aussi. Mais personne ne pardonne à Ali le décès prématuré de Mba Obame, à la cour. On ne tue pas à la cour, on se venge, on se fait des coups bas mais quand on en vient à souhaiter le trépas de son ancien frère, de son ancien ami, on cesse de valoir quelque chose, on cesse d’être indispensable, on cesse d’être alliés à la vie ou à la mort, on enlève les amis, une bonne fois pour toute et on se trucide publiquement, enfin, médiatiquement.

Le fait est qu’Ali a trop poussé le vice, pour montrer sa rupture définitive avec les anciens. Il a fait de son mieux pour que Ping ne soit pas réélu à la présidence de l’Union africaine. Et puis d’ailleurs Question pour un champion : comment ce dernier s’y est pris pour arriver à un tel sommet, à un poste convoité par de nombreux anciens présidents africains ? Réponse de champion : parce que le type c’est le Jackie Chen de la politique, le gardien des grands secrets d’État, méticuleux et méthodologique il sait transformer un non en oui et un oui en non en deux, trois, cinq mouvements. D’ailleurs, le type a fait une promesse à Ali quand ce dernier lui a fait le coup de lui retirer la présidence de l’UA ; celle de lui retirer la présidence du Gabon.

Pour certains, Ali, c’est la jeunesse qui défie les ancêtres des coulisses du pouvoir, mais vu d’ici, c’est plus une horde de vieux loups qui décident de réécrire l’histoire avant qu’il ne soit trop tard. C’est comme si les vieux du village avaient saisi la chicotte pour apprendre au jeune loup qui a inventé la roue, l’eau chaude et la kola.

On embarque dans la machine du temps, nous sommes dans deux réalités comparables. Le 15 octobre 2016, soit nous avons changé de président et sommes entrain d’attendre l’investiture et le dévoilement du tout premier gouvernement de Jean Ping, soit nous en sommes encore au stade du couvre-feu, quelques morts absurdes, beaucoup de vandalisme au centre-ville, des jeunes drogués, alcooliques et imbéciles, ont envahi la rue pour piller et voler en profitant de la vindicte populaire pour se remplir la panse, dépités par l’annonce des résultats, ils ont décidé d’exploser quelques magasins, concluant par association dans leur cervelles irréfléchies que les riches du Gabon possèdent le centre-ville et le marché, ignorant que les riches du Gabon possèdent bien plus ; ils possèdent le pays.

Deux cas de figure et une seule personne responsable de la suite de l’histoire de notre pays. Marie Madeleine Mborantsuo aura l’occasion d’arrêter une guerre d’idée ou de transformer une guerre d’idée en bain de sang. Dans tous les cas, c’est une mère, on peut encore espérer qu’elle va donner au Gabon, la possibilité de vivre un moment historique, de vivre un semblant de démocratie ou d’entrevoir réellement le changement qu’on réclame depuis plus de 7 ans… un lendemain meilleur.

Retour vers le présent, va-t-on reprendre notre pays cette année ou préférons-nous rester esclave de la monarchie Bongo-Ondimba et compagnie ? Petit rappel, même si tu portes l’uniforme du PDG, même si tu manges à la table du roi, devant l’urne, tu es le seul à décider de réécrire l’histoire ou de perpétuer la tradition ridicule qui consiste à donner à la famille Bongo, le monopole de la nation gabonaise depuis plus de 50 ans.

Allons donc reprendre notre pays ou alors allons nous entrainer, pour que dans 7 ou 14 ans quand on aura la maturité nécessaire, nous puissions récupérer notre pays.

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