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Le Passeport panafricain peut réellement booster les échanges entre les Africains (experts)
Publié le mardi 19 juillet 2016   |  Xinhua


Le
© Autre presse par DR
Le passport africain présenté au Sommet de l’UA


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La remise solennelle par la présidente de la Commission del'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, du Passeport africain aux présidents Idriss Déby Itno du Tchad et Paul Kagamé, respectivement président en exercice de l'UA et hôte de ce sommet, a marqué le début officielle de la délivrance du "Passeport africain". Un événement commenté par les différents intervenants à la cérémonie d'ouverture du 27e de l'Union africaine à Kigali comme une "véritable révolution" symbole de l'Afrique en marche.
L'objectif, selon la présidente de la Commission de l'UA, est de faciliter la libre circulation des biens et des Africains à travers le continent sans visa. Il devrait également marquer le début d'un processus d'intégration régionale ainsi que la promotion du commerce intra-africain.
"Les Africains n'auront pas besoin d'un visa pour accéder à d'autres Etats africains et le libre-échange des marchandises sera assuré", a déclaré Aisha Abdullahi, la Commissaire aux Affaires politiques de l'UA, lors d'une conférence de presse à Kigali. Elle a réaffirmé l'engagement de son institution à faire de ce document "un élément important de l'Agenda 2063"
Les Africaines s'enflamment déjà sur les réseaux sociaux. Mais, la réaction de certains experts est de nature à tempérée l'enthousiasme.
"L'idée est séduisante même si sa mise en application sur l'ensemble du continent sera un travail de longue haleine", souligne Fousseyni Camara, un blogueur malien en France.
"Ce passeport a des avantages comme la mobilité des personnes et des biens...il y aura moins d'entraves à la libre circulation entre les pays. Imaginez les Maliens qui peuvent voyager plus librement vers l'Afrique de l'Est... A ce niveau ce sont les ménages et les entreprises qui en profiteront plus", souligne Dramane Lassana Traoré, Économiste, Enseignant/chercheur et Consultant indépendant à Bamako.

Mais, précise-t-il, "l'effet potentiel en termes d'augmentation des échanges va dépendre des relations économiques entre les pays".

"En favorisant les voyages entre pays africains, ce passeport va permettre aux populations africaines de circuler librement et plus rapidement. Cela va entrainer une augmentation des échanges intra-africains", précise M. Traoré.

L'ancien Premier ministre malien, Moussa Mara, trouve aussi que c'est une "excellente initiative qui ne doit pas rester symbolique comme la remise aux chefs d'Etat. Il faut que rapidement les gouvernements soient instruits de sa mise en œuvre d'ici un horizon défini... Cela créera un effet d'entrainement pour les relations socioéconomiques inter-africaines qui sont désespérément timides".

Il ajoute, "selon les régions, les relations économiques entre les Etats vont de 5 à 20 %, ce qui est anormal. Il faut que nous tendions vers les 50% comme en Asie ou les 70% comme en Europe. On ne peut parler d'Afrique et d'unité si les pays sont tous extravertis et ignorent presque tout de leur voisin. Il faut sortir de ce statu quo colonial en permettant aux hommes, aux idées, aux capitaux africains de circuler partout librement sur le continent".
De nombreux autres interlocuteurs, comme Cheick Oumar Coulibaly et Oumar Barou Sacko, de jeunes diplomates malien à Bruxelles (Belgique) et à la Mecque (Arabie Saoudite) partagent cet enthousiasme. Mais, ils apportent toutefois un bémol.

"Les pays de la CEDEAO ont supprimé le visa, mais n'appliquent pas les règles de la libre circulation des personnes et des biens. Des extorsions de fonds restent courantes aux frontières entre différents pays voisins. Je pense qu'il fallait commencer par supprimer les cartes de séjour entre Africains", pense M. Sacko.
Quant à Cheick Oumar Coulibaly, il trouve que "c'est une bonne mesure politique qui s'inscrit dans la volonté panafricaniste du président Kagamé pour la visibilité médiatique de son pays".

Mais, craint-il, "la déclinaison opérationnelle ne se fera pas sans difficultés au regard du faible niveau d'intégration. Je pense qu'il y a une grande part de communication car ce document de voyage ne sera pas effectif avant plusieurs années, voire décennies".

En effet, les diplomates rencontrés à Kigali ont également mis l'accent sur les mesures d'accompagnement de cette volonté politique.

"Il faut sensibiliser les peuples que nous sommes condamnés à vivre ensemble car ayant un destin commun. Sur la douzaine de pays d'Afrique qui s'en sortent, il n'est pas rare de voir des images qui montrent comment d'autres ressortissants sont la cible de nationaux qui les trouvent indésirables chez eux. A quoi servirait un passeport africain s'il vous permet d'aller dans un pays au demeurant hostile ?", s'interroge Fousseyni Camara.

"Les mesures économiques d'accompagnement peuvent varier selon les Etats", pense M. Traoré. Et d'ajouter, "des mesures tarifaires peuvent s'imposer pour offrir la possibilité à certains Etats de mettre en place des taxes sur les biens et services. Il faut aussi renforcer la communication et sensibilisation des Etats et des populations. Cela est très important, car elle détermine la réussite de l'initiative".

Et à ce sujet, un diplomate accrédité à Addis-Abeba pense que "des aides pourraient être versées aux Etats pour le renforcement des dispositifs de sécurité ainsi que la formation technique. Les avantages de l'instauration du passeport panafricain ne seront pas les mêmes pour tous les pays. Il faut des reversements sous forme d'aides".

Au cours des débats à Kigali, certains diplomates ou experts ont manifesté des craintes sécuritaires liées à l'existence d'un document unique de voyage à l'échelle du continent.

"Il faut évidemment prendre en compte la dimension sécuritaire. Mais, celle-ci ne doit pas nous contraindre à reculer. S'il est vrai que les terroristes peuvent s'en prendre à nos aéroports ou encore les utiliser pour passer les frontières, il convient quand même de noter que les modes opératoires privilégient d'autres circuits car les aéroports sont généralement mieux sécurisés", pense Moussa Mara.

Il pense que, en prenant "quelques précautions", on devrait pouvoir lancer cette initiative, dans un premier temps vers certains acteurs et dans un second temps vers d'autres couches sans risquer des dommages majeures".

Pour le blogueur, M. Camara, "cette inquiétude n'est pas justifiée, l'Afrique des frontières poreuses issue de la balkanisation est devenue caduque. Passeport unique ou pas aucun pays n'a une maîtrise totale de ses frontières".

Lors d'une conférence de presse animée le 14 juillet à Kigali, la ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo, avait reconnu les risques sécuritaires d'une telle mesure, mais avait affirmé que cela ne doit pas être une "hantise hypothéquant l'intégration africaine".

Comme les internautes africains sur les réseaux sociaux, nos interlocuteurs espèrent que l'initiative va aboutir car, comme craint M. Camara ainsi que certains observateurs rencontrés dans les coulisses du sommet de Kigali, "le drame de l'Afrique est que tous les pays qui la composent s'accrochent lamentablement à leur drapeau, à leur monnaie alors qu'une Afrique unie a toute sa place parmi les continents qui comptent".

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