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Musique : « Je n’ai pas la folie d’une artiste », dixit Charlotte Dipanda
Publié le mercredi 29 juin 2016   |  Gaboneco




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Charlotte Dipanda, une artiste camerounaise rencontrée au Gabon pendant la « Semaine de la musique »garde ses repères. Son originalité, elle la tient de son ancrage africain. Son succès musical résulte d’un « banal » parcours qu’elle assume pleinement tout comme son africanité.Interview.

Gaboneco.com (Ge) : Qui est Charlotte Dipanda ?

Charlotte Dipanda (CD) : « Je ne sais pas me raconter ou encore dire qui je suis, car cela peut paraître un peu prétentieux. On ne se regarde pas soi-même. J’aime la personne que je vois dans les yeux des autres. Je suis quelqu’un vais-je oser l’expression de presque banal, de très simple. Les choses qui m’émeuvent vraiment sont des choses banales. Il n’y rien d’exceptionnel chez moi. Je suis une personne normale, qui fait des choses normales, très casanière. J’aime la lecture, je n’ai pas la folie d’une artiste. La chose que j’aime vraiment faire, c’est lire. C’est le moyen pour moi de voyager, d’aller dans d’autres pays tout en restant dans mon salon, à la maison. C’est tout moi ça !

Ge : Vous faites désormais partie des artistes en vogue en Afrique. Quel est votre secret ?

CD : Mon secret c’est d’être la plus sincère possible sur les thématiques que j’aborde et surtout, d’être vraiment vigilante sur l’environnement, les problèmes qui minent nos sociétés parce qu’on ne peut pas vivre dans ces sociétés et ne pas subir leurs insuffisances, leurs atouts. Je reste vraiment très vigilante au monde qui m’entoure.

Ge : Malgré votre jeunesse, vous optez pour l’afro pop. Pourquoi un tel choix ?

CD : Chacun de nous a son style et s’exprime à travers la musique qui lui convient le mieux. Pour moi, ce n’est pas conceptuel. Ce style s’est plutôt imposé à moi, cela a été plutôt naturel. Bien évidemment, lorsque j’ai commencé ma carrière, j’étais tellement jeune que je pensais que je serais une chanteuse de RNB. Mais ce n’était pas cela ma voie ni même mon chemin. Ma voie c’était vraiment de pérenniser la culture de chez moi et cela ne pouvait passer que par l’afro pop. Vraiment c’est important de dire que je viens de quelquepart et c’est important que les gens puissent situer cet endroit dans la carte du monde au travers de ma musique.

Ge : Au Gabon, vos chansons, « Elle n’a pas vu », « Ndolo Bukaté » ou encore « Kénè so » séduisent plus d’un. Quelle est la philosophie de ces chansons ?

CD : C’est drôle, mais les trois chansons que vous venez de citer sont différentes les unes des autres. Mais ce qui est intéressant dans les trois chansons, « Elle n’a pas vu » on a un beat un peu Makossa, dans « Kénèso » c’est du Ngône qui est de la musique purement traditionnelle de chez moi et en concert, le 21 juin au stade de Nzeng-Ayong, j’ai été agréablement surprise de savoir que cette chanson-là plait énormément aux Gabonais. Le Ngône est une danse pratiquée dans le Mongo au Cameroun, c’est vraiment un carrefour de quelques centaines de personnes qui connaissent et danse cette musique et de savoir que moi en tant que représentante de cette tradition camerounaise, je fais valablement la promotion de cette tradition que je ne pensais pas qu’elle pourrait sortir de mon village, cela m’a fait chaud au cœur.

Ge : Expliquez-nous les messages des trois chansons précitées ?

CD : « Elle n’a pas vu », ce n’est un secret pour personne, je rends hommage à ces mamans qui sont parties trop tôt qui n’ont pas vu l’épanouissement de leurs enfants. Cette chanson m’a été inspirée d’une jeune fille qui a perdu sa maman et qui lui avait adressé une lettre en lui disant : j’ai eu mes examens, j’aurai aimé que tu sois là pour voir la jeune femme que je suis en train de devenir. Cela m’a vraiment inspiré. A la fin de l’écriture de cette chanson, j’ai compris qu’elle parlait aussi de ma vie et qu’il y avait beaucoup des personnes qui partageaient cette réalité d’avoir perdu leur mère. J’ai voulu rendre hommage à ces mamans parties trop tôt mais surtout dire à ceux qui ont encore leurs mères en vie que c’est une grâce et qu’il faut qu’ils les chérissent.

« Ndolo Bukaté » est une sorte de déclaration d’amour. L’expression signifie « juste un peu d’amour ». C’est une femme qui dit à son compagnon qui a précédemment perdu son épouse que je ne serais jamais celle-là. Donne-nous une chance de pouvoir écrire notre histoire. C’est une invitation à laisser derrière soi, son bagage, cette douleur passée pour essayer de construire une nouvelle vie.

« Kénèso » était une chanson drôle à composer. J’ai voulu la mélodie réellement dans un mélange traditionnel mais musicalement on est vraiment plus dans quelque chose de très américanisé dans l’approche, elle est très « RNbisé » dans la mélodie parce que dans cette chanson, je parle un peu de l’impact que la colonisation a eu dans nos peuples. J’interpelle cette jeunesse africaine en lui disant que le blanc est arrivé chez nous, il avait la Bible sous les aisselles. Il nous a donné la Bible et nous, qu’avons-nous fais ? On s’y est assis sans pourtant faire le lien entre notre vie, nos traditions et les préceptes bibliques.

Ge : Que vous procure la symbiose vécue avec le public gabonais ?

CD : C’était ma plus belle victoire ! C’est la preuve que je suis dans le vrai. Comme je vous le disais, on ne peut pas conceptualiser cela et s’y attendre. On a juste à espérer que les gens comprennent votre démarche mais pour cela, ils doivent s’y reconnaitre. Je pense qu’il y a beaucoup d’africains de tous bords qui se reconnaissent dans ce que je fais, dans la démarche que j’ai aujourd’hui de dire, « Je suis née en Afrique, j’ai grandi en Afrique ». Mais ce qui est important pour moi, c’est de montrer la beauté de mon africanité dans toute sa diversité.

Propos recueillis par 3M

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