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Entreprises publiques : Ces directeurs généraux qui «crèvent» le plafond !
Publié le mardi 7 juin 2016   |  Gabon Review




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Le gouvernement avait fixé, en Conseil des ministres, le 28 octobre 2009, le plafond des rémunérations des responsables d’entreprises publiques et parapubliques. Le salaire des PCA avait ainsi été fixé à 3 millions CFA, celui des DG à 5 millions de francs, celui des DGA à 3,5 millions, et celui des directeurs à 2 millions de francs CFA. Mais aujourd’hui, ces plafonds ont été crevés et largement revus à la hausse, parfois avec l’accord des Conseils d’administration.

«C’est le génie gabonais : si vous demandez à un de ces directeurs généraux de vous montrer son bulletin de salaire, vous verrez qu’il y est inscrit un salaire brut à 5 millions CFA, mais en réalité, ces directeurs généraux coûtent plus de 10 millions de francs CFA à leur entreprise», affirme un administrateur de l’Office des ports et rades du Gabon (Oprag). Comme dans cette entreprise d’Owendo où le directeur général se fait payer un loyer mensuel et toute la domesticité (chauffeur, jardinier, gouvernante, maître d’hôtel, gardien), en plus des factures de téléphone (portable), d’eau et d’électricité et l’abonnement aux chaînes câblées, la plupart des responsables d’entreprises publiques ont «crevé» le plafond fixé par le gouvernement.

28 octobre 2009 : des «Roitelets» à la diète

Pour mémoire, le 28 octobre 2009, à l’issue du deuxième Conseil des ministres présidé par Ali Bongo qui venait d’accéder au pouvoir, il avait été «décidé du plafonnement des rémunérations et autres avantages pécuniaires versés aux dirigeants des sociétés d’État, des sociétés d’économie mixte, et ceux des établissements publics et parapublics.» La mesure, qui intervenait une semaine après le «tsunami administratif» ayant procédé au remplacement de plus de la moitié des cadres de l’administration publique et parapublique du pays, avait été fort saluée. Tout le monde parlait alors de la mise à la diète des «roitelets» d’Omar Bongo.

Ainsi, les revenus mensuels, avantages compris, des présidents des Conseil d’administration (PCA) avaient été plafonnés à 3 millions de francs CFA ; les PCA adjoints étaient limités à 2 millions de francs CFA ; les Directeurs généraux (DG) d’entreprises ne devaient pas toucher plus de 5 millions de francs CFA ; leurs adjoints, les agents comptables d’office et autres que ceux affectés au Trésor public dans les administrations publiques, étaient tous plafonnés à 3,5 millions de francs CFA. Le revenu mensuel des Secrétaires généraux (SG) d’entreprises devait être au maximum de 2,7 millions de francs CFA et celui de leurs adjoints à 2,3 millions de francs CFA. Il avait alors été indiqué qu’un directeur d’entreprise publique ou parapublique devait toucher un maximum de 2 millions de francs CFA, et son adjoint 1,5 million de francs CFA.

Salaires au-delà des plafonds gouvernementaux et frais de mission exorbitants

Aujourd’hui, selon l’enquête de Gabonreview, des directeurs généraux de la Caisse nationale de la Sécurité sociale (CNSS), de la Caisse nationale d’Assurance-maladie et de Garantie sociale (CNAMGS), et de l’Agence gabonaise de Sécurité alimentaire (Agasa) ont crevé les plafonds arrêtés. Ainsi, au lieu de 5 millions de francs CFA en effet, le dernier cité perçoit environ 7,3 millions, soit 2,3 millions de francs CFA de plus que ce qui est prévu dans les textes. Ce surplus qui n’apparaît nullement dans le bulletin de salaire comprend les frais de domesticité et de loyer. Idem pour le directeur général de la CNSS qui, en plus de ses émoluments mensuels, perçoit 4,2 millions de francs CFA pour le loyer et la domesticité. C’était aussi le cas d’un ancien directeur général de la Société gabonaise de Transport (Sogatra). On ne sait pas si son successeur, précédé d’une réputation de sobriété, a gardé le «même train de vie»…

Et il ne leur a pas suffi d’outrepasser les mesures gouvernementales, ils se font aussi grassement payer les missions. Ils ne restent jamais plus de vingt jours en moyenne à Libreville. Ils sont toujours «partis». À ce sujet, l’enquête de Gabonreview a permis de constater que leurs frais de mission s’élèvent entre 400.000 francs et 1 million de francs CFA par jour ! Certains d’entre eux ont obtenu pour cela l’accord de leur Conseil d’administration grâce à un gentleman agreement du genre «je vous augmente vos per diems lors des sessions des conseils d’administration, et vous donnez votre accord pour mes petites augmentations», révèle un membre du conseil d’administration de la Société nationale immobilière (SNI).

Administrateurs corrompus, per diem élevés et rentabilité des entreprises

«Administrateurs corrompus, dirigeants d’entreprises toujours plus gourmands, agents comptables complices», tel est, selon l’administrateur de l’Oprag cité plus haut, le mode de fonctionnement de la plupart des entreprises publiques.

«Si l’État n’y remet pas de l’ordre, ces entreprises pourront connaître des soucis d’ordre financier dans un avenir proche», craint un administrateur représentant l’État à la CNSS. Dans un passé récent, on a vu des entreprises publiques fermer ou se faire avaler par d’autres par fusions. Au titre des causes de ces fermetures ou de ces opérations de fusion, figurent souvent les choix hasardeux dans les dépenses stratégiques et les investissements, mais aussi la mauvaise gestion financière. Dans un tel contexte qui n’est pas sans rappeler les difficultés de Gabon oil company, on devrait tirer le chapeau à Arnaud Engandji de la Société nationale des hydrocrabures (Gabon oil company) qui a ramené ses propres émoluments, de 22 millions de francs CFA que touchait son prédécesseur, à la norme fixée par le Conseil des ministres du 28 octobre 2009, confortée par un décret.

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