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Présidentielle 2016 : La transparence électorale se limite-t-elle à la présence d’observateurs
Publié le vendredi 20 mai 2016   |  Gabon Review


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© aLibreville.com par S. DABO
Vote lors des élections couplées présidentielle/législatives du 29 novembre
Dimanche 29 novembre 2015. Burkina Faso. Les Burbinabès participent aux élections couplées présidentielle/législatives.


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Dans un communiqué publié à l’issue de l’entretien entre le président Ali Bongo et le secrétaire d’État français chargé des Relations avec le Parlement, le lundi 16 mai dernier, la présidence de la République a déclaré que «Jean-Marie Le Guen a souligné les garanties fournies par le président de la République gabonaise de la présence d’observateurs étrangers au Gabon pour témoigner de la transparence du scrutin présidentiel». Dans l’opinion, des voix s’élèvent pour s’étonner de ce que la présence d’observateurs puisse à elle seule témoigner de la transparence.


«La présence des observateurs étrangers ou internationaux au cours de la prochaine élection présidentielle est assurément une bonne chose, mais elle ne suffit pas pour garantir la transparence», assure Hervé Grupaune, expert en histoire politique africaine. Celui-ci s’interroge : «S’agira-t-il des observateurs sollicités et payés à prix d’or par les pouvoirs africains – ces observateurs électoraux qui viennent dire «les élections se sont déroulées dans la transparence, et les quelques irrégularités constatées ne peuvent nullement remettre en cause le résultat du scrutin» – ou s’agira-t-il d’experts électoraux envoyés par les Nations nies (ONU), l’Union européenne (UE) ou la Fondation Carter, jugés plus crédibles ?». Pour sa part, un universitaire ayant eu à observer des élections dans un pays d’Afrique francophone affirme qu’«il y a observateur et observateur : il existe des observateurs qui viennent pour se faire du blé. Ils acceptent toute compromission, toutes les combines avec les tenants du pouvoir ; et il y a ceux qui sont rarement sollicités par les États, notamment les experts des Nation Unies et ceux de l’Union européenne, qui, eux, prennent le temps de regarder les choses avec un peu de recul et avec moins de subjectivité».

Ces avis sont partagés par un ancien membre de la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP). Celui-ci reconnaît en effet que «certains observateurs viennent et vous demandent ce qui plairait aux dirigeants du pays ; et, en retour, ils acceptent les grosses coupures, et même si on ne leur donne aucune consigne particulière, ils savent ce qu’ils ont à faire ; ils disent alors que tout s’est bien déroulé, en dépit de quelque retard dans la distribution du matériel électoral».

D’abord se faire du CFA ?

Pour sa part, dans un article publié dans Le Monde Afrique, en mars dernier, le journaliste ouest-africain Seidik Abba, affirme qu’«il y a une catégorie d’observateurs plus portés par le gain que par une réelle volonté de participer à la démocratisation de l’Afrique». Qu’ils soient occidentaux ou originaires d’Afrique, cette catégorie d’observateurs veut d’abord se faire du CFA. Lors de l’élection présidentielle gabonaise du 6 décembre 1998, Georges Fennech, alors député RPR, avait pris la tête d’un groupe de parlementaires Français venus observer le déroulement du scrutin. Dans son rapport qui fit par la suite grand bruit, il affirmait que l’élection s’était globalement bien déroulée, dans un cadre transparent et démocratique. Les médias révélèrent, quelques semaines plus tard, que Georges Fennech et les parlementaires qui l’accompagnaient avaient perçu des espèces sonnantes et trébuchantes pour élaborer un rapport qui n’avait aucun lien avec la réalité. La chaîne de télévision Canal + réalisa même un document spécial à ce sujet dans le cadre d’une émission animée par Karl Zéro en janvier 1999.

Seidik Abba souligne aussi qu’«aidés par le contexte de rodage de la pratique démocratique en Afrique qui peut justifier de l’observation des élections, ces observateurs se recrutent dans les grandes capitales occidentales parmi les juristes, les professeurs de droit en activité ou à la retraite, de même que des personnalités ayant une notoriété ou une légitimité établie ; certains sont démarchés en amont des scrutins par des rabatteurs accrédités par des pouvoirs en mal de caution qui leur assurent des billets d’avion en classe affaires, pension complète à l’hôtel, véhicules de courtoisie et per diems».

Fichier électoral fiable, biométrie complète

«La transparence électorale ne saurait donc se limiter à la seule présence des observateurs étrangers. Le Gabon se doit d’abord d’élaborer un fichier électoral fiable. L’a-t-on déjà ? Pas si sûr. Le Gabon se doit aussi de mettre en place une biométrie complète comportant l’identification et l’authentification de l’électeur. Ce n’est pas le cas pour l’instant. Il y a également nécessité d’ouvrir les médias publics à l’ensemble des acteurs de la classe politique et de la société civile ; en réalité, à toutes les forces vives de la nation, notamment par l’organisation de débats contradictoires», souligne un sociologue enseignant à l’Université Omar-Bongo. «Pour le moment, la télévision publique ne se consacre qu’aux activités du Parti démocratique gabonais et à toutes les associations qui annoncent leur soutien à qui vous savez, mais vous n’y verrez ni Ping, ni Nzouba, encore moins Raymond Ndong Sima ou Barro Chambrier», ajoute l’universitaire. «À propos de la liste électorale, il faut aussi s’assurer qu’il n’existe pas d’inscriptions frauduleuses de jeunes de moins de 18 ans et de ressortissants étrangers».

Des observateurs avaient annoncé la validité de la réélection de Blaise Compaoré avec 80,15% des voix, alors que celui-ci était déjà très impopulaire, et qu’il ne pouvait s’imposer dès le premier tour du scrutin. En octobre 2014, son régime s’effondra à la suite d’un soulèvement populaire. La transparence électorale ne saurait donc se limiter à la seule présence des observateurs, même si certains d’entre eux peuvent être parfaitement honnêtes.

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