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Recherche scientifique au Gabon : Le Centre Gabon-Oregon pour l’autogestion
Publié le vendredi 25 mars 2016   |  Gabon Review


Francis
© Gabon Review par DR
Francis Bivigou, directeur exécutif du Centre Gabon-Oregon


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Après l’atelier sur la structuration de la recherche scientifique au Gabon et l’harmonisation des partenariats, co-organisé avec le gouvernement gabonais, Francis Bivigou, directeur exécutif du Centre Gabo-Oregon, revient sur le bienfondé des travaux et en appelle à l’autogestion de la recherche par les chercheurs.

Gabonreview : En partenariat avec le gouvernement gabonais, le Centre Gabon-Oregon a organisé du 22 au 24 mars à Libreville un atelier sur la structuration de la recherche locale. Pourriez-vous restituer le contexte de cette activité ?

Francis Bivigou : Madame le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, lorsqu’elle arrive à ce poste, a exprimé la volonté de mieux comprendre la structuration de la recherche au Gabon. Or, dans le pays, nous avons beaucoup d’instituts de recherche dans les universités comme dans les grandes écoles, mais chacun fait sa recherche de son côté, c’est l’individualisme, et n’y a pas de schéma directeur en tant que tel. Et lorsque je l’ai rencontrée pour la première fois pour lui présenter les activités du Centre dans le domaine de la recherche et tous nos différents projets, elle nous a fait part de sa volonté d’organiser un atelier au cours duquel les chercheurs gabonais réfléchiraient sur leur avenir, et qui permettrait d’harmoniser les partenariats liés à la recherche. Ce projet nous a particulièrement ravi, d’autant que cet évènement nous apparaissait comme un prétexte pour parler de ce que nous faisons.


Et que faites-vous concrètement pour la recherche au niveau local ?

Depuis que le Centre a été créé, nous œuvrons à développer la recherche au Gabon à travers diverses activités parmi lesquelles le renforcement des capacités des enseignants et chercheurs. Nous faisons en sorte que l’expertise de l’Oregon bénéficie au pays. Il faut rappeler que l’Oregon, avec les cinq universités qui sont dans les partenariats, a des spécialités bien définies dans la recherche, en termes de biodiversité, d’environnement et de santé, entre autres. Ce que nous voulons, c’est faire bénéficier l’expertise de l’Oregon aux chercheurs gabonais. A travers ce soutien, nous entendons également œuvrer dans le sens de leur apporter des financements. Beaucoup de projets gabonais ne trouvent pas de financement. Nous, à partir des fonds dont dispose la Fondation Oregon, nous arrivons à financer des projets à une petite échelle, qui permet déjà aux chercheurs de démarrer leurs travaux et d’entretenir la collaboration avec les chercheurs américains.

Entendez-vous par là que les chercheurs gabonais ne bénéficient pas de partenariats en dehors de votre soutien ?

Les chercheurs gabonais bénéficient bel et bien de quelques partenariats, mais ceux-ci ne sont pas coordonnés, ne sont pas harmonisés. C’est chacun qui travaille dans son coin. Lorsqu’un chercheur mène ses propres recherches, il peut trouver un financement mais la question se pose sur l’impact de cette recherche sur la vie socioéconomique du Gabon. Vous avez certainement entendu l’adage populaire gabonais qui prétend que les chercheurs cherchent mais ne trouvent jamais. C’est sans nul doute dû au fait que l’impact de certaines recherches n’est pas accessible aux Gabonais. Or, aujourd’hui, il y a nécessité d’harmoniser cela. Il faut adopter la méthode par étapes de financements et arriver à mutualiser les efforts. Nous sommes conscients de ce que les financements de l’Etat ne sont pas suffisants pour permettre à la recherche d’être productive. Une réalité qui ne manque pas de susciter la démotivation des certains.

Cela veut-il dire qu’au terme des travaux une plateforme sera mise en place, qui permettra d’harmoniser et de structurer ces recherches ?

Non. Ce n’est pas nous qui les structurons, c’est plutôt du domaine de l’Etat, d’autant qu’il s’agit, pour la plupart, d’organismes étatiques, à l’instar des agences ou des instituts. Au cours de l’atelier, un panel a été d’ailleurs été consacré uniquement à la structuration de la recherche. Là, les chercheurs se sont retrouvés pour discuter entre eux des stratégies à adopter pour donner plus d’impact à leurs travaux. Et les questions qui ont été posées étaient des questions claires, qui ont abouti à des recommandations. Recommandations qui permettront au gouvernement de mettre en place des structures capables de développer la recherche au Gabon. Notre rôle est d’apporter l’expertise de l’Oregon, et avec nous des partenaires tels que l’IRD et le Cermel.

Pour nous, il s’agit un fois de plus de réitérer que si les chercheurs ne réfléchissent pas d’eux-mêmes et attendent les financements de l’Etat, ils n’y arriveront pas. Même aux Etats-Unis, l’Etat s’est désengagé sur la recherche, qui se fait essentiellement grâce à des fondations, et ça marche.

Parlant d’impact. Estimez-vous que les recherches que le Centre Gabon-Oregon a soutenues sur le plan local aient eu un véritable impact dans le pays ?

Évidemment ! Dès lors que ces projets ont apporté une plus-value sur le plan local. Pour exemple, au cours de la 2e journée de l’atelier, nous avons assisté à la conférence d’un chercheur axée sur les poissons de l’Ogooué. Nous avons un pays qui a des fleuves à ne pas en finir, on a une biodiversité immense en poissons dont on n’est pas capables de définir la réelle portée. Il fallait dont chercher de ce côté. Et grâce au Centre Gabon-Oregon et le Nature Conservency, en collaboration avec le Cenarest, ce projet a été mené à bien, avec identification d’une cinquantaine d’espèces non répertoriées avant. Je ne cite que celui-là mais il y a en a eu bien d’autres.

C’est d’ailleurs un critère que nous exigeons pour pouvoir bénéficier de financement. Il faut que les recherches proposées aient un impact, et le comité de sélection veille à ça. Il est également utile de rappeler qu’il y énormément de chercheurs qui souhaitent faire des recherches au Gabon, mais même là, nous faisons le tri pour voir ceux qui peuvent réellement apporter quelque chose de concret au pays dans lequel ils souhaitent mener leurs travaux.

Pour conclure ou résumer tout cela…

L’atelier sur la structuration et l’harmonisation des partenariats que nous avons co-organisé nous est apparu comme un électrochoc au monde la recherche qui est endormi aujourd’hui, et où les principaux acteurs sont de plus en plus démotivés. Or un chercheur qui n’est pas motivé, quoiqu’il fasse ne sera pas productif. Cet atelier a donc été fait par les chercheurs pour les chercheurs, il visait à sortir des habitudes qui voulaient que les gouvernants fassent leurs projets à leur niveau et l’imposent à l’ensemble des chercheurs. Nous, nous sommes dans un processus de développement durable, et le développement durable commence par les utilisateurs, donc du bas vers le haut. Si les choses sont faites de cette façon, personne ne pourra dire qu’elles lui ont été dictées. Mais surtout, ce genre de travaux implique que les chercheurs comprennent qu’il leur sera demandé d’être responsables, compétents et respectueux des termes des partenariats qu’ils seront amenés à initier.

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