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PDG : « l’hémorragie » interne ?
Publié le lundi 10 mars 2014   |  Gabon News


Le
© Autre presse par DR
Le président de la République, Ali Bongo Ondimba


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A la veille de son 46ième anniversaire, le Parti Démocratique Gabonais, au pouvoir depuis ses débuts, fait face à une série de démissions dont les plus célèbres sont celles de Jean Ping et de Jacques Adiahénot. En quarante jours, ce qui aurait du passer sous silence ou sans importance a fini par défrayer la chronique dans la presse et réussi à sortir de leur calme olympien ceux qui tiennent encore le parti d’Ali Bongo Ondimba et qui affirmaient il y a encore quelques semaines, que le maison PDG ne prend pas feu et ne risque pas une implosion.

Les résultats du parti aux dernières élections témoignent en faveur du secrétariat exécutif et de la présidence du parti qui ont opéré, par ailleurs, des choix contestés sur le terrain causant la perte de plusieurs circonscriptions considérés d’ailleurs comme des bastions de la formation politique la plus ancienne et la plus influente du pays. En effet, les succès engrangés à Franceville, Port-Gentil, Koula-Moutou, Lambaréné, Moanda ou Tchibanga ne peuvent pas éclipser les échecs dans les 2ième et 3ième arrondissements de Libreville, à Oyem, Mouila ou dans le département du Ntem, une défaite qui a, et tout le monde s’en souvient, déchainé les passions au point de faire dire à un militant très en vue que les pédégistes du septentrion doivent être privés de leurs droits et que surtout ils appartiennent à une province connue pour être le berceau de la traitrise. Les choix des têtes de listes ou encore des candidats aux fonctions de présidents de conseils municipaux et départementaux ont déclenché une somme de malentendus et assurément révélé un malaise. Personne n’a oublié la colère d’Adrien Nkoghe Essingone au moment de l’élection du maire de Ndzomoé où deux candidats du PDG se sont affrontés, mettant à mal la discipline et les instructions venant de Louis. Personne n’a oublié non plus les sorties dans l’espace public de René Ndemezoo Obiang et Emmanuel Ondo Methogo tentant de se déculpabiliser devant le drame du Ntem. Personne n’a oublié que tous les conseillers PDG de Mouila ont donné leurs voix à Pierre Claver Maganga Moussavou du PSD. Personne n’a oublié que Minvoul qui a été, depuis Jean-Hilaire Aubame, l’un des bastions de l’opposition a dit oui le 14 décembre dernier au PDG et qu’au final la mésentente de ses conseillers a favorisé la victoire du CLR au conseil municipal.

Les résultats des dernières locales ont été positifs pour le PDG mais n’ont pas suffisamment rendu silencieux les malentendus au sein du parti. Et quand arrive la démission de Jean Ping, pour de nombreux observateurs c’est la preuve que plus rien ne va. La campagne de dédramatisation engagée par le PDG à travers quelques médias privés ou de service public et à travers les réactions, visiblement commanditées, de certains militants, a eu pour seul mérite de donner un plus grand écho à la sortie de « Mao ». « Plus tu t’excuses et plus tu t’accuses mais quand tu t’accuses, tu t’excuses » lançait Raniero Cantalamessa, prédicateur de la maison pontificale, devant le Pape Jean-Paul II, un soir de Pâques. Le PDG peut-il cesser de s’excuser en accusant ceux qui désertent ses rangs ? Une « rupture alimentaire » puis un « « épiphénomène », c’est ainsi que la démission de l’ancien ministre a été qualifiée. Dans sa lettre de démission datée du 19 février 2014, Jean Ping indique que « depuis ma déclaration du 1er février, pourtant qualifiée d’épiphénomène par la Présidence de la République, les médias du service public, des hiérarques du PDG, ainsi que certains membres du gouvernement, répandent de nombreuses contre-vérités, excellent dans la diffamation, l’insulte et la menace, et pour finir, prétendent que mon retour au PDG ne saurait tarder ». Pourtant, le retour de Jean Ping « à la maison » semble irréversible et est désormais confortée par la démission d’une autre éminence grise du parti, lui aussi silencieux depuis la mort du « mentor en 2009, Jacques Adiahénot.

Il s’agit là aussi certainement d’une « rupture alimentaire » et d’un épiphénomène, selon les mots à la mode. Un « épiphénomène + un épiphénomène n’est-il pas égal à un phénomène » ? Le PDG tente là encore de dédramatiser. L’équipe de Faustin Boukoubi, successeur lointain du démissionnaire du 7 mars indique que le parti prend acte, considérant que « depuis août 2009, date de l’élection présidentielle anticipée, Jacques Adiahénot n’était plus aux côtés du PDG lors des combats politiques et activités majeures du parti ». Autant dire que c’est depuis 2009 que l’ancien ministre d’Etat s’est éloigné du parti. Depuis l’époque où Casimir Oyé Mba, Jean Eyeghe Ndong, Paulette Missambo et amis ont quitté la « maison mère ». « Ils ont eu raison de partir à cette époque là », a confié Jacques Adiahénot lors de sa conférence de presse du 7 mars, expliquant par ailleurs qu’à ce moment là il avait encore un mandat électif qu’il voulait assumer jusqu’au bout.

Si le PDG n’admet pas qu’il y a crise, il doit tout de même constater que les départs depuis 2009 sont aussi importants que ceux qu’il a subis à partir de 1990 et le retour à la démocratie.

Pour l’heure, les réactions fusent. La présence de quelques visages historiques du PDG à la déclaration de Jacques Adiahénot a donné lieu à de nombreuses interprétations. Paul Malékou aurait ainsi indiqué qu’il n’a fait que répondre à l’invitation de « son neveux ». Une précision importante pour ce compagnon de longues dates d’Omar Bongo Ondimba qui fait là aussi preuve d’élégance politique, car changer de bord politique ne doit pas condamner qui que ce soit à la vindicte populaire. « En politique on n’est jamais ennemis définitifs », a précisé Jacques Adiahénot. Il vaut donc mieux accepter comme un choix démocratique le départ d’un ancien compagnon vers un autre bord. Marcel Eloi Rahandi Chambrier était aussi présent. « Si tu ne veux plus de moi, je ne veux plus de toi », a-t-il conclu après avoir démontré qu’il est toujours en attente de la nomination de son cabinet en tant qu’ancien Président de l’Assemblé Nationale, selon ce que stipule les textes en vigueur. Pourrait-il lui quitter le parti dont il a été le premier responsable presse et propagande à sa création en 1968 ? Si oui, ce serait un véritable cataclysme, car à plus de 80 ans, M.E.R. Chambrier garde une influence importante sur une partie de la classe politique gabonaise, lui l’ancien étudiant marxiste-leniniste de l’Association Générale des Etudiants Gabonais (AGEG) et membre influent dans les années 1950 de la Fédération des Etudiants d’Afrique Noire de France (FEANF) aux côtés notamment du célèbre Ossendé Afana du Cameroun ou du bien connu Abdoulaye Wade du Sénégal.

Le PDG va donc célébrer son 46ième anniversaire avec des visages en moins. Des éminences grises. Mais il faut bien que le parti continue d’exister car il porte en lui tellement d’espérance. Il faut surtout que le parti soit fidèle à lui-même en laissant de la place au dialogue, en faisant preuve de tolérance vis-à-vis de ceux qui partent et en maintenant la paix en son sein, quitte à ce que certains hiérarques fassent dans la « fidélité alimentaire », le PDG leur donnant énormément.

Au cours des célébrations, il faudra soit évoquer ouvertement la question pour « stopper l’hémorragie » comme l’a suggéré Vincent de Paul Gondjout samedi dernier, soit passer sous silence un phénomène qui commence à donner raison à ceux qui ont quitté le bateau en 2009.

Sampérode MBA

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