Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Gabon    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Économie
Article




  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Économie

Nouveaux fonds communs : les paramètres introuvables
Publié le lundi 10 mars 2014   |  Gabon Review


Daniel
© Autre presse par DR
Daniel Ona Ondo, nouveau Premier ministre et actuel Premier vice-président de l’Assemblée nationale


 Vos outils




Selon le Premier ministre Daniel Ona Ondo, le montant initial des fonds communs s’élevait jusque-là à 212 milliards CFA pour 9800 agents de l’Etat. Aujourd’hui, au moment où on décide de mieux répartir cette manne pour laquelle sont en principe concernés les 30.300 fonctionnaires civils de toutes les administrations, le ministre du Budget et des Comptes Publics a, dans un communiqué, indiqué que l’enveloppe s’élèverait dorénavant à 100 milliards CFA. Comprenne qui pourra.

Les caisses de l’Etat sont-elle à l’étiage, comme l’a annoncé l’agence économique Bloomberg le 26 février dernier, ou non ? C’est la question que se sont posée tout au long du week-end de nombreux agents de l’Etat. Parce que, alors que l’enveloppe consacrée au paiement des fonds communs et primes diverses des 9.800 agents des régies financières et autres administrations économiques était de 212 milliards CFA, l’opinion ne comprend pas pourquoi, au moment où cette enveloppe va devoir concerner les 30.300 fonctionnaires de toutes les administrations du pays, Christian Magnagna, ministre du Budget et des Comptes Publics, décide de ramener ce montant à seulement 100 milliards de francs CFA.

Décision abracadabrantesque et interrogations consécutives

Ramener à 100 milliards de francs CFA le montant total des fonds communs et des primes diverses par an n’est pas une bonne décision. Et on va le voir dans les prochaines semaines. Où passera le gap ? A quoi vont servir les 112 milliards de francs CFA restants ? Le communiqué du ministre du Budget ne le précise pas. Il parle simplement d’économie à réaliser. Pourquoi tout cet argent ne serait-il pas, «redistribué» comme on dit, aux fonctionnaires ? Pourquoi ne parle-t-on pas, dans ce communiqué, des personnes sans ressources, des personnes au chômage, des personnes sans emploi, comme annoncé lors de la rencontre du 18 février dernier entre le chef de l’Etat et la classe politique ? Ramener à 100 milliards de francs CFA l’enveloppe globale est porteur de réactions imprévisibles de certains syndicats de l’administration et de situations difficiles pour l’administration elle-même.

Des problèmes en perspective

Si cette décision peut paraître, de prime abord, moins injuste, car elle vise en réalité à augmenter le pouvoir d’achat des Gabonais, elle ne prive pas moins le marché de la consommation des 112 milliards de francs CFA retirés de la masse salariale globale du pays. Le chiffre d’affaires dans le secteur de la distribution va nécessairement en prendre un coup. De plus, un calcul schématique laisse entrevoir qu’avec 100 milliards de francs CFA à se partager, chacun des 30.300 agents n’aura en moyenne que 3,3 millions par an, soit un peu plus de 275.000 francs CFA par mois ou un peu plus de 825.000 francs par trimestre. Il y aura certes des variations selon les catégories ou à la tête du client, mais la mesure appauvri vraisemblablement les fonctionnaires jusque-là concernés.

De ce fait, les taux de répartition décidés par la Commission Magnagna-Akagha Mba ne vont certainement pas laisser de nombreuses personnes et certaines corporations sans réaction. D’abord de la part des personnes sans ressources qui avaient grandement apprécié que le chef de l’Etat décide de la suspension de paiement des fonds communs «pour, disait-il alors, mieux répartir les richesses de l’Etat». Ensuite, de la part des agents des forces de défense et de sécurité qui ne font, semble-t-il, pas partie des 30.300 fonctionnaires concernés par la redistribution. Enfin, de la part des agents des régies financières qui, eux, n’ont pas l’air d’avoir accepté cette réforme. D’ailleurs, les agents de la Douane gabonaise ont déjà décidé de «fermer boutique» dès ce lundi. Ceux de la direction générale des Impôts devraient leur emboiter le pas dès le lendemain, mardi 11 mars. Les fonctionnaires de la direction générale des Services du Trésor devraient, quant à eux, observer le service minimum – un service à 30 % !

Pourquoi 100 milliards, et pas 212 milliards CFA ?

En fait, après le nettoyage du fichier des bénéficiaires des fonds communs – une opération qui consistait à sortir de la liste tous les inspecteurs du trésor, inspecteurs des impôts, douaniers, qui, bien qu’émargeant dans d’autres administrations ou au Parlement et au Gouvernement, continuaient de recevoir des fonds communs – on pourrait augmenter les revenus de tous les nouveaux bénéficiaires et prendre en compte des personnes sans ressources. Mais dans une période aussi sensible, Christian Magnagna a choisi de ne redistribuer que 100 milliards CFA, soit 8,5 milliards CFA par mois ou 25 milliards CFA par trimestre. Les fonctionnaires crient famine, et au lieu de conserver le même montant, le ministre des Comptes Publics préfère fermer le robinet… Fermer à moitié, mais fermer quand même. Georges Soros disait qu’avant les infrastructures, un Etat devait s’occuper du bien-être des populations.

Si la démarche gouvernementale actuelle est à saluer et à encourager pour ce qu’elle essaie de proposer à l’ensemble des fonctionnaires en termes de revenus trimestriels, elle ne mérite toutefois pas qu’on lui dresse des lauriers pour le moment.

 Commentaires