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L'Union N° 11472 du 4/3/2014

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Entretien avec le ministre de l’Economie et de la Prospective : Christophe Akagha Mba: " Les choses devraient rapidement rentrer dans l’ordre"
Publié le mardi 4 mars 2014   |  L'Union


Christophe
© Autre presse par DR
Christophe Akagha Mba, ministre de l`Economie et de la Prospective


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Suspension des Fonds communs, grève des agents des Douanes et des Impôts, rumeurs de tension sur la trésorerie de l'Etat, redressement fiscal de Total Gabon ...Dans cet entretien exclusif, le ministre de l'Economie et de la Prospective se livre sans fioritures aux questions brûlantes de l'heure sur la situation économique et financière du pays.

L'Union: De folles rumeurs véhiculées par les agences de presse internationales affirment que les caisses de l'Etat sont vides. Quelle est actuellement la situation des finances publiques au Gabon ?



Christohe Akagha MBA : Ces rumeurs sont folles, effectivement. Elles sont donc dénuées de tout fondement. A titre d'illustration, je voudrais rappeler qu'alors que les caisses de l'Etat seraient vides, on continue de payer les fonctionnaires à échéance due. En outre, l'activité économique de notre pays est dynamique. C'est ainsi que le taux de croissance du PIB attendu, cette année, est de plus de 7 %. Or, c'est en raison de ce dynamisme que les impôts sont recouvrés. Ce qui est bien le cas aujourd'hui et, dans ces conditions, pourquoi les caisses de l'Etat seraient-elles vides ?

Redressement fiscal de Total Gabon, suspension des fonds communs, mise en place de l'Impôt Synthétique Libératoire ... Toutes ces mesures qui tombent concomitamment ne laissent-elles pas présager une tension sur la trésorerie de l'Etat ?

Sur le redressement fiscal de Total Gabon, l'administration compétente a déjà largement communiqué. Toutefois, pour rappel, il convient de dire que dès 2012, le fisc a initié des contrôles d'un certain nombre d'opérateurs économiques, tous secteurs confondus. C'est ainsi que des entreprises du secteur pétrolier ont dû se soumettre à une procédure qui est inscrite dans le livre de procédure fiscal, annexé au Code général des impôts. C'est dans ce cadre que le contrôle fiscal de Total Gabon a eu lieu. En 2011, le groupe Perenco avait fait l'objet de la même procédure ; sans que cela ne donne lieu à des cris d'orfraie. La preuve, personne n'en a parlé. Les démarches, faites par des professionnels, sont connues de tous les opérateurs économiques. Aujourd'hui, la procédure suit son cours normal et ne doit pas donner lieu à quelques commentaires que ce soit de la part des autorités politiques. D'autant qu'elle est frappée du sceau du secret professionnel, ainsi que le dispose le Code général des impôts. S'agissant de l'ISL, la réforme initiée avait pour seul fondement la volonté de simplifier les procédures fiscales auxquelles sont assujettis les petits contribuables. En outre, cette réforme visait à réduire de façon drastique le secteur informel. Cette réforme est vivement recommandée par nos partenaires financiers. Dès lors, ces deux éléments doivent être pris distinctement et les lier à une quelconque tension de trésorerie relève de l'affabulation ou à tout le moins de la mauvaise foi.

Cette situation jette un trouble chez les investisseurs qui peuvent, à juste titre, se rétracter dans leur volonté d'injecter des capitaux au Gabon. Comment comptez-vous rétablir la confiance auprès d'eux ?

A juste titre ? Permettez-moi de marquer mon étonnement. En effet, le Gabon est un pays respecté pour la qualité de sa signature, rassurez-vous. Je vous rappelle qu'il y trois mois, notre pays a levé sept cent cinquante (750) milliards de francs CFA sur les marchés de capitaux internationaux. Ce qui n'est pas rien. Sans vouloir fanfaronner, nous aurions pu lever beaucoup plus. Mais, comme le Président de la République tient à l'équilibre des finances publiques et à un endettement soutenable, nous avons choisi une démarche prudente ; une démarche que les institutions de Bretton Woods appellent d'ailleurs de tous leurs vœux. Il importe de savoir que les critères de convergence de la CEMAC imposent une gestion quasi-rigoriste des finances publiques. Le ratio de la dette au PIB ne doit pas être supérieur à 70 %. Les finances publiques doivent être au moins équilibrées, si ce n'est en excédent. Sur ces seuls critères, notre pays peut être considéré comme un très bon élève. Notre niveau d'endettement est de 21,6 % du PIB. Faut-il rappeler que nombre de pays occidentaux, nos modèles, s'illustrent par des niveaux de dette très élevés ? Nos soldes budgétaires sont au moins en équilibre. En outre, l'inflation est maîtrisée et est inférieure aux 3 % exigés par la CEMAC. Par ailleurs, depuis quatre ans, la croissance est soutenue, puisqu'elle est supérieure à 6 %, en moyenne. En 2014, on l'attend au-dessus de 7 %. Toutes ces statistiques macroéconomiques sont connues des agences de notation qui ont une bonne image de la gestion de notre pays.

Néanmoins, le Chef de l'Etat n'a de cesse de rappeler combien il importe de ne pas s'endormir sur ses lauriers. C'est pourquoi, de nombreuses réformes continues d'être menées, visant essentiellement à améliorer le niveau de vie des Gabonais.

La grève des agents des Douanes et des Impôts causent, dit-on, des pertes évaluées à 1,5 milliard de francs à l'Etat. Confirmez-vous ces informations ?

Il ne m'appartient pas de commenter des chiffres qui, à l'évidence, sont fantaisistes et qui dénotent du manque de sérieux de ceux qui les avancent. Peut-être aurait-il été plus responsable de comparer le recouvrement des recettes sur ces cinq dernières années, à pareille époque. Ce qui, manifestement, n'a pas été le cas.

Comment comptez-vous ramener la sérénité au sein de ces deux régies financières considérées comme les plus stratégiques de votre département ?

Que les agent des régies financières aient manifesté leur inquiétude ou leur incompréhension de la mesure qui a été prise par les plus hautes autorités, tombe sous le sens. Aussi avons-nous entrepris, mon collègue du Budget et moi, sur instructions des plus hautes autorités de mener deux types d'actions. Dans un premier temps, nous avons rencontré la haute administration pour qu'elle s'imprègne du message du Chef de l'Etat et que, par effet de percolation, ce message soit relayé vers les fonctionnaires concernés par la mesure ; les syndicats ont d'ailleurs pu échanger avec les secrétaires généraux à cet égard. Dans un deuxième temps, une Commission a été mise en place pour faire des propositions au Gouvernement, avec un cahier de charges clair. Je dois dire ici que les agents ont bien cerné les enjeux du moment et les fondements de la réforme en cours. En effet, cette mesure compréhensible aux yeux de nombre de gabonais est d'abord apparue comme une façon de livrer des compatriotes à la vindicte populaire. Vous me donnez donc l'occasion d'affirmer avec force qu'il n'en est strictement rien. Le seul fondement de l'instruction du Chef de l'Etat est celui d'inciter le gouvernement à initier une réforme qui valorise les agents de l'Etat, au service de l'intérêt général avec comme souci premier une gestion équitable des revenus des travailleurs. A cet égard, ceux qui travaillent réellement, qui ont le souci permanent de l'intérêt général, doivent être récompensés. C'est pourquoi Monsieur le Président de la République a instruit le gouvernement de s'atteler avec diligence à la résolution de ce qui lui est apparu depuis 2009 comme une mauvaise réponse aux problèmes que peuvent rencontrer les fonctionnaires. Outre la rémunération brute, les accessoires de salaire doivent s'appuyer sur les notions de justice, d'équité et de performance.

Où en est actuellement la Commission chargée de proposer un nouveau plan d'affectation plus juste des Fonds communs ?

La Commission planche sans relâche depuis plusieurs jours pour que, le plus rapidement possible, ceux qui se sentent lésés par la mesure se remettent au travail et croient encore davantage en une nation prospère et solidaire. Une nation où le goût de l'effort et le sens de l'abnégation sont récompensés. Le fruit de la réflexion ne devrait pas tarder à être soumis à l'appréciation des plus hautes autorités de la république.

Les banques comme les structures d'octroi de crédits parallèles s'inquiètent de cette mesure de suspension car beaucoup de fonctionnaires ont contracté des crédits sur la base de la perception de leurs Fonds communs. Avez-vous pensé aux désagréments que cette mesure va causer ?

Les banques n'ont aucune raison objective de s'inquiéter puisque les fonctionnaires sont payés à échéance due. En outre, la décision du Président de la république, faut-il le rappeler, était de suspendre les fonds communs et non de les supprimer. Dès que la Commission aura rendu son travail et l'aura soumis à l'appréciation du Chef de l'Etat, les choses devraient rapidement rentrer dans l'ordre. Dans l'attente, des réunions ont eu lieu avec le secteur bancaire pour trouver un modus operandi et j'ai bon espoir que la situation soit réglée définitivement.

Pourtant, les Fonds communs sont inscrits dans la loi des finances au titre de l'exercice budgétaire 2014. Cela signifie que les dépenses relatives à ces fonds sont enregistrées. Pourquoi les avoir suspendus aussi brutalement et prendre le risque d'une instabilité de l'administration publique ?

Je voudrais tout de suite dire que les Fonds communs ne sont pas pris en compte dans le budget de l'Etat. Ils résultent de la parafiscalité, ainsi que des ristournes des amendes et autres pénalités d'assiette et de recouvrement. Dire que la décision a été brutale c'est méconnaître la réalité. Le président de la République n'a eu de cesse d'attirer l'attention des uns et des autres sur ce qui, dès 2009, lui est apparu comme une mauvaise réponse aux problèmes que peuvent rencontrer de milliers de fonctionnaires. Dans chaque administration concernée, des réflexions avaient été initiées pour une réforme de ces accessoires de salaires. A titre de rappel, la mesure prise rentre dans le cadre de la réflexion initiée à la fois sur la réduction de la pauvreté, et sur l'harmonisation des salaires dans la Fonction publique. De cette mesure, ce que l'on doit d'abord retenir c'est que l'instabilité est le fruit de la discrimination. On ne peut donc pas reprocher à celui qui a pris la décision de s'attaquer à l'iniquité.

Comment comptez-vous combattre le découragement et la baisse de productivité qui gagnent déjà certains fonctionnaires ?

Dans toutes les administrations, un travail de pédagogie est mené, fondé par le Dialogue social. J'encourage les Secrétaires généraux et les directeurs généraux à engager un dialogue, sans tabou et tourné vers la récompense, la productivité, l'équité, notamment.

Une large partie de l'opinion pense que l'Etat aura du mal à payer les fonctionnaires dans les trois mois à venir. Que pensez-vous de ces affirmations ?

Ce sont des affirmations gratuites et qui n'engagent que ceux qui les avancent. Il n'y a pas lieu de faire de longs développements autour de ces allégations que certains nous rabâchent depuis une quinzaine d'années, y compris de la part de prétendus spécialistes.

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