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Gabon : La candidature unique divise l’opposition et se mue à un "pain bénit" d’Ali Bongo !
Publié le jeudi 18 fevrier 2016   |  Gaboneco


Jean
© Autre presse par DR
Jean Ping sillonne les quartiers de Libreville


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Le chroniqueur gabonais Germain Ndouna passe au peigne fin l’insidieuse idée de la candidature unique de l’opposition. A travers un post intitulé "Le Front est mort. Vive le Front !", il décrypte les failles originelles des tensions de chapelles perceptibles depuis l’adoubement des pro Jean Ping. Il pointe la racine des déchirements divisionnistes des leaders ayant faussé les cartes du jeux, par la création piégée du Front uni de l’opposition.

Pourquoi la candidature unique de l’opposition est une fausse bonne solution ? Et pourquoi un Front uni reste néanmoins une nécessité ? S’interroge d’entrée de jeu, Germain Ndouna. Tout en revenant à travers son post sur les deux opérations de mobilisation qui ont marqué assurément l’actualité politique gabonaise.

En effet, dans le camp de l’opposition une bataille fratricide d’anciens camarades a été menée par voie d’actions publiques interposées. Avec notamment, la tenue concomitante le 13 février de la "Convention pour l’alternance et le changement" autour de Jean Ping et ses alliés, et le sixième anniversaire de l’Union nationale de Zacharie Myboto autour des cadres de l’UN, on peut tirer plusieurs enseignements principaux.

Nous vous livrons dans les lignes qui suivent l’intégralité de sa pertinente analyse dont les citoyens partagés et souvent frappés d’incompréhension trouveront quelques pistes d’éclairage. Afin de mieux apprécier un des enjeux politiques qui se joue pour l’échéance électorale présidentielle qui pointe à l’horizon.


D’abord, malgré, et peut-être grâce à la concurrence qui fait rage en son sein, l’opposition radicale a fait une démonstration de force qui devrait donner des insomnies au chef des émergents et, inversement, redonner le sourire aux partisans du changement.

Mais aussi, parce que le Front uni de l’opposition pour l’alternance a sans doute déjà rejoint au cimetière des bonnes intentions politiciennes ses devanciers regroupements de l’opposition, à moins qu’elle ne se refonde sur des bases plus réalistes.

Au commencement était André Mba Obame

Au-delà de la bataille des chiffres relatifs à la mobilisation (plutôt impressionnante toutes proportions gardées) lors des deux manifestations - une bataille du reste parfois teintée de mauvaise foi - un fait aurait mérité davantage l’attention des chroniqueurs et analystes politiques : la Convention et l’anniversaire ont débuté par une minute de silence en mémoire d’André Mba Obame dont les pro-Ping et l’UN revendiquent l’héritage.

Ce fait est loin d’être anecdotique. Il révèle la volonté des deux camps de parachever l’œuvre d’AMO qu’ils reconnaissent comme symbole du combat pour la libération du Gabon. Ce qui est un pied de nez à ceux qui choisissent d’interpréter leurs querelles de chapelles et de leadership comme des conflits d’objectifs irrémédiables.

Tandis que Jean Ping réitérait la nécessité de se préparer au scrutin d’août 2016 et confirmait qu’en l’absence d’un acte de naissance valide Ali Bongo doit être empêché de se présenter à sa propre succession, Zacharie Myboto réaffirmait, pour sa part, avec une rare pugnacité et une détermination inébranlable que sa famille biologique et politique continuerait de faire de l’état civil du président actuel une condition sine qua non de sa candidature au prochain scrutin même s’il n’exclut plus que son parti y prenne part.

Il va sans dire que les deux camps sont d’accord sur le principal même s’il subsiste entre eux des divergences non négligeables. Certes, il serait prématuré de pronostiquer un rapprochement à brève échéance. Toutefois, l’idée que les deux camps se rejoignent à terme pour porter ensemble l’estocade finale au pouvoir émergent est loin d’être farfelue lorsqu’on se rappelle qui sont les principaux protagonistes en présence de part et d’autre.

D’une part Jean Eyeghe Ndong et René Ndemezo’o qui constituent avec d’autres l’état-major de Jean Ping et d’autre part Zacharie Myboto, sa fille Chantal et Paulette Missambo, ne sont certainement pas du genre à céder à la pression et à renoncer. Autant dire que ces personnalités iront jusqu’au bout de leur combat pour le pays. Encore faudrait-il que tous les membres du Front des "11" soient sur la même longueur d’ondes.

Le FUOPA entre manque de réalisme et mauvaise foi.

Au risque d’en étonner plus d’un, j’observerai d’emblée que la dislocation actuelle du Front uni de l’opposition était inscrite dans son ADN. Non pas que l’unité de l’opposition soit une utopie mais parce que cette unité a été fondée sur des prémisses fausses, à savoir que tout regroupement des forces du changement doit viser la désignation d’un candidat unique à l’élection présidentielle.

Or, à aucun moment depuis l’avènement du pluralisme politique au Gabon cette éventualité n’a été envisageable de façon crédible. Ce qui n’a pas empêché des candidats de l’opposition de gagner des scrutins dans les urnes.

Quand bien même les coalitions de l’opposition auraient mené à leur terme les processus de désignation d’un candidat unique, imagine-t-on un seul instant Paul Mba Abessole, Pierre Mamboundou ou Mba Obame se plier au choix de la majorité de leurs membres en faveur d’un candidat autre qu’eux-mêmes ? Peut-on objectivement penser que Jean Ping aujourd’hui et AMO hier auraient renoncé à leur ambition mais auraient tout de même mis leurs moyens matériels et financiers au service d’un autre au nom d’un idéal commun plus grand ?

En supposant que le "Front des 11" organise une primaire (selon quelles modalités et dans quels délais ?) et que la majorité désigne comme candidat unique du Front Pierre André Kombila ou Moukagni Iwangou qui ne font pas mystère de leur intention de se porter candidats à la candidature. Casimir Oyé Mba rangera-t-il au placard ses ambitions par élégance et Zacharie Myboto mettra-t-il en jeu une part substantielle de sa fortune afin d’assurer leur victoire ?

Il n’est point besoin d’être devin pour répondre par la négative à toutes ces questions. Ce qui revient à dire que le procès en sorcellerie qui est actuellement fait à Jean Ping est un faux procès. Tout bien pesé, l’investiture de ce dernier par le Front, même arrachée à la hussarde, donne bonne conscience aux candidats sans envergure qui attendaient (naïvement ?) d’avoir le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière. Avec à la clé le désenchantement collectif.

Si n’avaient prévalu que la volonté d’alternance et le simple bon sens politique, le FUOPA aurait été confiné aux seuls dénominateurs communs à toute l’opposition que sont la transparence électorale, l’invalidation de la candidature d’Ali Bongo et accessoirement les modalités de la transition et de gestion du pays en cas d’alternance.

Qu’on le veuille ou pas, en politique la prime va à celui qui se donne les moyens de son ambition. S’il est vrai que ces moyens ne sont pas que matériels, un prétendant au fauteuil présidentiel sous les tropiques qui n’aurait pour seul capital que sa probité présumée, sa relative longévité dans l’opposition ou son bagout partirait avec un sérieux handicap.

Beaucoup se sont trop facilement laissés abuser par des comparaisons simplistes avec les transitions dans les pays du "Printemps arabe" ou plus récemment au Burkina Faso. C’est oublier que dans ces cas, la transition est intervenue après une révolution, elle-même opérée par le peuple et la société civile qui, de ce fait, ont pesé sur le choix des dirigeants.

Le Gabon n’est pas dans ce cas de figure. A l’inverse, le peuple est en quête d’un leader suffisamment préparé et déterminé pour le conduire à la victoire. Il ne peut se permettre le luxe de se mettre derrière une personne susceptible de prendre la poudre d’escampette au premier bruit de bottes ou qui serait limité dans son action faute de moyens conséquents.

Que faire finalement pour envisager une solution ?

Il est encore temps que l’opposition radicale se ressaisisse. L’unité autour d’actions bien définies est souhaitable et réalisable avec de la bonne volonté, notamment grâce à l’intermédiation de personnalités "désintéressées" et possédant un sens élevé de l’intérêt général comme Jacques Adiahénot, Luc Bengone Nsi et quelques membres de la société civile au-dessus de la mêlée.

En attendant, chaque composante de l’opposition doit savoir raison garder et ne doit pas se tromper d’adversaire ou de combat. Après tout, chacun peut conserver ses ambitions. Mais il est impérieux que tous jettent leurs forces dans la bataille pour la transparence électorale et l’invalidation de la candidature d’Ali Bongo.

A l’instar de Jean Eyeghe Ndong, de Mba Abessole, de Meidi Teale qui s’étaient retirés la veille de l’élection de 2009 en faveur d’AMO, les candidats pour 2016 peuvent en leur âme et conscience choisir au moment opportun de renoncer afin de maximiser les chances de victoire d’un autre qu’ils estimeraient en meilleure posture.

Agir ainsi est dans l’intérêt du Gabon et, par conséquent, dans son propre intérêt.

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