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Concilier l’«État-PDG» et le triptyque «Paix-Développement-Partage»
Publié le lundi 3 mars 2014   |  Gabon Review


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© Gabon Review par DR
Les membres du nouveau gouvernement Ona Ondo


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Ecartelé entre l’existence de l’Etat-PDG fort et puissant et la mise en place du triptyque Paix-Développement-Partage, le gouvernement Ona Ondo, en place depuis cinq semaines déjà, va devoir redéfinir l’usage qu’il se fait du mot «partage» et l’élargir.


A quelques jours de sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale qui devrait intervenir entre le mardi 11 et le vendredi 14 mars prochain, et après le séminaire gouvernemental de Franceville, le Premier ministre et son équipe vont-ils déconstruire l’Etat-PDG et mettre en place une nouvelle administration marquée par plus de neutralité et d’impartialité ? Le Plan stratégique Gabon Emergent (PSGE) n’est-il qu’un slogan ? Le séminaire gouvernemental de Franceville n’a-t-il été qu’une opération de com’ ? Selon que l’on est d’un camp ou de l’autre, on répondra à ces questions soit par l’affirmative, soit par la négative.

En revanche, ce qui est tout évident, visible et indubitable, c’est l’existence d’un Etat-PDG.

Les postes-clés dans la haute administration sont en effet occupés essentiellement par des militants de ce seul parti ; «ce qui fait de l’administration gabonaise une des plus politisées du continent», comme l’affirme un Sociologue enseignant à l’Université Omar Bongo de Libreville.

«Le PDG a déjà toutes les institutions, qu’il me donne quand même la Mairie de Libreville»

Il y a quelques semaines, peu après les élections municipales et départementales de décembre dernier, et alors que les tractations s’effectuaient pour la composition des bureaux des différentes collectivités locales, Jean-Boniface Assélé Dabany, président du Centre des Libéraux Réformateurs (CLR), vainqueur du scrutin dans le troisième arrondissement avec 19 élus face à la liste PDG conduite par Laure Olga Gondjout, avait jeté un pavé dans la mare en déclarant : «Le PDG a déjà la Primature, l’Assemblée nationale, le Sénat, le Conseil Economique et Social (CES), qu’ils acceptent quand même qu’un autre parti membre de la Majorité, en l’occurrence le CLR, dirige l’Hôtel de Ville de Libreville ; c’est ça le partage». Tout était dit dans cette phrase.

Et le président du CLR ne croyait pas si bien dire, car, en plus des institutions qu’il avait citées, il y a aussi à mentionner les hauts postes de l’administration centrale réservés apparemment aux seuls militants du «parti de Louis» : secrétaires généraux de ministère et adjoints, directeurs généraux et adjoints, directeurs centraux et adjoints, chefs des corps armés (évidemment), chefs de mission diplomatique (naturellement),…Le Général de police à la retraite n’est pas le seul à dire ce qu’il pense à ce sujet.

Un autre haut responsable politique de la majorité, Paul Mba Abessole, président du Rassemblement pour le Gabon (RPG, parti membre de la Majorité Républicaine pour l’Emergence), avait saisi l’occasion de la dernière rencontre entre le Chef de l’Etat et la classe politique sur la stratégie de développement humain, le 18 février dernier, pour exhorter Ali Bongo à «procéder à des nominations ne tenant compte ni de la formation politique, ni de l’ethnie, encore moins de la religion». Une autre façon indirecte de dénoncer la trop grande emprise du PDG dans la haute administration.

La frange la moins radicale de l’opposition y est allée elle aussi. En effet, lors d’un passage à la télévision, Samuel Mendou, président du MORENA, parti membre de l’Union des Forces du Changement (UFC, opposition modérée), avait appelé le président de la République à rompre avec «cette hégémonie du PDG dans l’administration centrale qui n’est pas bien perçue dans le pays». Pour le sociologue cité plus haut, «elle est même incompréhensible dans un Etat en construction».

Une administration très politisée

Responsables de l’administration et du secteur parapublic, tous membres du Bureau Politique du Parti Démocratique Gabonais ? A cette interrogation, on pourrait répondre par l’affirmative.

En effet, le Bureau Politique du PDG comme parmi ses membres le directeur général du Budget, le directeur général du Contrôle des Ressources et des Charges Publiques, le directeur général de l’ANINF, le directeur général de la Caisse de Stabilisation et de Péréquation (CAISTAB), le directeur général de la Caisse nationale d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale (CNAMGS), le directeur général de l’Office des Ports et Rades du Gabon (OPRAG) et le Président Directeur Général de La Poste S.

A, pour ne citer que ces cas là. D’autres sont membres du Conseil national du Parti démocratique gabonais, à l’instar du directeur général du Conseil Gabonais des Chargeurs, du directeur général de la Compagnie nationale de Navigation intérieure (C2N2I), du directeur général de la RTG1 (et administrateur provisoire de Gabon Télévision), du directeur général adjoint chargé de la Radio, du directeur général de l’Agriculture ou du directeur général des Impôts.

En somme, pour être nommé à une fonction de premier plan, il faut émarger au PDG ou, à tout le moins, s’y encarter dès que l’on est appelé à occuper un poste. Une administration en tout cas très politisée. Selon un enseignant vacataire de l’ENA, «cette politisation excessive nuit au fonctionnement de l’administration, car elle lui fait perdre tout esprit d’impartialité et le sens de l’Etat».

Déjà qu’au Gouvernement, seuls deux ministres (Fidèle Mengue m’Engouang et Brigitte Mba Anguilet) ne sont pas membres encartés du Parti démocratique gabonais, tout comme un responsable du CLR nommé ministre de… l’Egalité des chances. L ‘Etat-PDG est donc réel et bel et bien en marche !

C’est quoi le «partage», au fait ?

Au moment donc où est déterré le triptyque «Paix-Développement-Partage», l’opinion aimerait savoir ce que signifie, dans ce programme, le mot «partage».

La haute administration à venir qui devrait, semble-t-il, être marquée du sceau de la neutralité, selon certains participants au Séminaire gouvernemental de Franceville, va-t-elle être ouverte à des fonctionnaires non encartés PDG ou connus pour être de l’autre bord ? Car, au fond, la haute administration doit voir se mouvoir, en son sein, toutes les compétences, toutes les intelligences, toutes les matières grises qui ont choisi de servir le Gabon dans le secteur public. Comment le PDG qui n’a pas toujours su partager va-t-il devenir généreux avec des cadres n’émargeant pas dans ses cahiers ?

Ecartelé entre l’existence de l’Etat-PDG fort et puissant et la mise en place du triptyque Paix-Développement-Partage, le Gouvernement Ona Ondo, qui est en place depuis déjà cinq semaines, va donc devoir redéfinir l’usage qu’il se fait du mot «partage» et l’élargir pour une gestion juste et harmonieuse des ressources humaines afin que l’administration redevienne ce qu’elle a cessé d’être depuis Paul Biyoghé Mba en 2009 : neutre, impartiale et patriotique.

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