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Justice internationale : La CPI à l’index
Publié le mercredi 3 fevrier 2016   |  Gabon Review


Cour
© Autre presse par DR
Cour Pénale Internationale


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La Cour pénale internationale (CPI) est décidément dans le collimateur de certains chefs d’Etat du continent, qui lui reprochent de ne s’acharner que sur des dirigeants africains. L’Union africaine a d’ailleurs adopté une résolution à ce sujet.

Sur proposition du président kenyan, Uhuru Kenyatta, l’Union africaine (UA) a adopté, le 31 janvier dernier, à l’issue de son 26e sommet, une proposition ouvrant la voie à un possible retrait en bloc des États africains de la Cour pénale internationale. Longtemps émis par des observateurs, l’argument d’une justice dédiée aux Africains a abouti à cette annonce qui survient quelques jours après l’ouverture du procès de Laurent Gbagbo à La Haye.

La CPI donne l’impression de ne s’en prendre qu’aux faibles, de ne juger que ceux qui n’ont plus de pouvoir. C’est, du moins, le sentiment qu’on finit par avoir quand on considère certaines situations. Son attitude incohérente sur le cas Kenyatta, son échec patent concernant Omar Al-Bachir en juin 2015 et son incapacité à attraire des personnes coupables d’horreurs ailleurs dans le monde, sont autant d’insuffisances qui fragilisent l’institution dont les règles de fonctionnement relèvent du Statut de Rome. De plus, en 13 ans d’existence, pas une seule enquête n’a été ouverte hors de l’Afrique. La CPI n’a jusque-là traqué que les vaincus pendant que les vainqueurs, malgré les accusations qui pèsent sur eux, se la coulent douce. À titre illustratif, le cas de l’ancien président de Côte-d’Ivoire fait foi. En principe, pour une juridiction qui se veut respectable comme la CPI, la traque de l’impunité doit se faire avec toute la rigueur requise et à tous les niveaux. Chaque fois qu’il y a des indices concordants sur l’implication d’un individu, la CPI doit chercher à l’entendre, quels que soient son statut social et les fonctions qu’il exerce, si les juridictions internes ne le font pas. Ce qui malheureusement n’est pas le cas.

Cependant, il est très prématuré d’affirmer que la CPI est un instrument contre les Africains, au service des Occidentaux. Car en principe, elle joue le rôle de juridiction supplétive. Autrement dit, elle n’intervient que si les juridictions nationales se montrent laxistes, incapables, pour une raison ou pour une autre, de juger des individus qui se sont rendus coupables de crimes relevant de sa compétence. Aux Africains donc de se demander si ce n’est pas de leur faute si la CPI les traque. Combien de dirigeants africains ont l’élégance de se soumettre à la justice de leurs pays respectifs ? Combien sont-ils à intégrer le fait que nul n’est au-dessus de la loi ? Très peu, pour ne pas dire personne.

Indépendamment des insuffisances réelles de la CPI, les Africains lui donnent des arguments pour les poursuivre. Si les dirigeants africains sont actuellement les plus visés, c’est aussi parce qu’ils sont ceux qui se comportent le plus souvent en dictateur, refusant de s’imaginer vivre en dehors du pouvoir. Par leur boulimie du pouvoir, ils exposent leurs pays et leurs peuples respectifs, à des conflits plus ou moins sanglants. Ce fut le cas, hier, avec la Côte d’Ivoire, le Soudan, le Kenya. C’est encore, malheureusement, le cas aujourd’hui avec le Burundi et le Soudan du sud, transformés en véritables enfers pour les populations par leurs propres dirigeants.

Cette cour est imparfaite, mais elle s’est posée depuis 2002 comme une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête de criminels de guerre. Si ces États décidés à sortir du traité de Rome venaient à acter leur retrait, ce serait catastrophique pour les populations martyrisées et dommageable à bien des égards, pour l’image même du continent africain.

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