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Vœux 2016 : Le discours de fin d’année 2015 d’Ali Bongo
Publié le vendredi 1 janvier 2016   |  Gabon Review


Conférence
© Autre presse
Conférence extraordinaire des chefs d’Etat membres de la Communauté économique des états de l’Afrique centrale (CEEAC)
Novembre 2015. Photo: Ali Bongo Ondimba.


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Ci-après le texte intégral du discours à la Nation du chef de l’Etat, prononcé le 31 décembre 2015 à l’occasion de la fin de l’année 2015 et des vœux pour la nouvelle année, 2016.
Gabonaises, Gabonais, mes Chers Compatriotes,

Au seuil de l’année nouvelle 2016, c’est avec un réel plaisir que je viens au rendez-vous de la tradition républicaine qui m’offre l’agréable devoir de m’adresser à vous.

A chacune et à chacun d’entre vous, aussi bien à ceux qui sont présents sur le territoire national qu’à ceux qui en sont éloignés pour diverses raisons, je voudrais chaleureusement et du fond du coeur, souhaiter une année de bonne santé, de prospérité de paix et de cohésion familiale.

A tous nos compatriotes accablés par le chômage, la maladie ou le deuil, le peuple gabonais uni et moi-même, vous exprimons affectueusement toute notre compassion.

A ces vœux, j’associe également tous les ressortissants des pays amis et frères qui vivent au Gabon et concourent à son développement.

Mes Chers Compatriotes,

Lorsque vous m’avez élu, il y a six ans, pour présider aux destinées de notre Nation, j’ai partagé avec vous ma vision politique, économique, sociale et environnementale fondée sur le triptyque Paix-Développement-Partage, pour apporter le changement dans notre pays et garantir le bonheur de mes compatriotes.

A cette occasion il n’est pas dans mon intention de me livrer devant vous à un exercice d’autosatisfaction, parce qu’en cette fin d’année 2015, je reste conscient des difficultés que nombre d’entre nous rencontrons au quotidien.

Je note tout autant que vous, qu’en dépit de nombreuses réalisations de ces six dernières années, beaucoup reste à faire.

Oui, beaucoup reste à faire.

Car la précarité et l’injustice sociale brutalisent encore de nombreux compatriotes.

Beaucoup reste à faire pour lutter davantage contre le chômage, la pauvreté, l’insécurité, l’impunité, la dilapidation des deniers publics.

Beaucoup reste à faire pour offrir un habitat digne et décent à nos compatriotes.

Beaucoup reste à faire pour renforcer l’Etat de droit, la justice et la démocratie.

La réalisation du Gabon émergent a besoin de changement, de changements profonds fondés sur des valeurs positives et l’égalité des chances.

Certes, à ce jour, il y a plusieurs résistances au changement préconisé. Certaines sont le fait de compatriotes de bonne foi, avec qui nous n’avons pas suffisamment partagé cette vision

du développement ; les autres sont le fait de compatriotes qui ont simplement peur de perdre leurs privilèges.

Mais n’ayez pas peur ! Car le Gabon émergent ne se construira pas sans toutes les filles et tous les fils de ce pays, notre cher Gabon. Encore moins les uns contre les autres, ou les uns sans les autres.

Mes Chers Compatriotes,

Aujourd’hui, notre pays évolue dans un environnement international de plus en plus ouvert, dont les effets positifs ou négatifs n’épargnent personne.

C’est ainsi que le Gabon subit, à l’instar de nombreux autres pays pétroliers, les contrecoups de la chute brutale du prix du baril du pétrole, qui est passé de 117 dollars à moins de 37 dollars aujourd’hui, soit une baisse de 70% de sa valeur.

Ainsi, face à cette conjoncture internationale difficile, notre pays a mieux résisté.

En effet, connaissant le caractère aléatoire d’une économie de rente, dont les chocs dramatiques et cycliques sont au demeurant bien connus, nous avons très tôt mis en application un principe de bon sens : « Gouverner c’est prévoir ».

C’est cette vision qui nous a permis d’anticiper la nécessaire diversification de notre économie.

Cette nouvelle économie de prospérité, fondée sur la diversification des secteurs à forte valeur ajoutée, conformément au Plan Stratégique Gabon Emergent, commence fort heureusement à porter ses fruits, grâce notamment, à la transformation locale du bois, résultat de notre décision d’interdire l’exportation des bois en grumes.

Aujourd’hui, par sa transformation locale, le bois rapporte plus qu’il ne l’a jamais fait, que ce soit en termes de création d’emplois ou de richesse. En effet, cette mesure a généré près de 7.000 emplois supplémentaires.

De plus, d’autres secteurs clés participent de ce processus de diversification et de transformation.

C’est le cas du secteur minier, avec la mise en service du Complexe métallurgique de Moanda, qui apporte de nouveaux emplois et des richesses nouvelles en valeur ajoutée.

C’est le cas aussi des politiques d’industrialisation et de revalorisation du secteur de l’agro-industrie, avec la relance des plantations de l’hévéa et du palmier à huile et de leur transformation en produits finis ou semi-finis.

Mes Chers Compatriotes,

Gouverner, c’est construire. C’est pourquoi, tout au début de mon mandat, en parallèle aux grands choix de diversification économique, j’ai lancé un programme ambitieux de développement d’infrastructures qui va aboutir à un développement mieux intégré de chacune de nos provinces.

Ainsi, j’ai le plaisir d’annoncer le démarrage prochain de la route Lébamba-Koulamoutou dont les études et le financement sont désormais disponibles.

Nos anciens l’avaient rêvé. Bientôt, relier Port-Gentil au reste du Gabon par la route ne sera plus un rêve. En effet, ce chantier titanesque, à travers lagunes, mangroves et forêts, avance à grands pas entre Port-Gentil et Omboué.

Il se poursuivra, ensuite, en direction de Mandji pour rejoindre la Nationale 1 à Yombi.

D’autres chantiers routiers sont déjà allés à leur terme ou en cours de réalisation, notamment Ndéndé-Mouila, Ndéndé-Tchibanga, Tchibanga-Mayumba, Lalara-Ovan, Fougamou-Mouila et les ponts sur la Banio et sur la Mvoung.

Gouverner, c’est protéger les Gabonais contre la maladie. A ce titre, nous ne pouvons aujourd’hui nier les bienfaits de la CNAMGS au profit des populations, en particulier les plus faibles. Cette vision se poursuit et se consolide avec la politique de construction et de réhabilitation d’hôpitaux modernes pour une meilleure offre de soins dans nos neuf provinces.

C’est dans cette optique que nous avons engagé la construction des centres hospitaliers provinciaux et, à Libreville, des Centres Universitaires Spécialisés, à l’exemple du CHU d’Angondjé, spécialisé dans la cancérologie, du CHU d’Owendo, spécialisé dans la traumatologie, et du futur CHU de Jeanne EBORI spécialisé dans la prise en charge de la mère et de l’enfant.

Il nous faut, plus que par le passé, améliorer la gouvernance hospitalière et veiller à ce que les structures médicales de l’intérieur du pays soient correctement entretenues et pourvues en personnel médical.

Gouverner, c’est protéger les Gabonais contre l’exclusion.

C’est bâtir une économie performante sans laisser les plus faibles d’entre nous sur le bord de la route. Ce serait pour nous une intolérable injustice.

Je vous l’ai toujours dit les Gabonaises et les Gabonais demeurent au centre de mon action politique.

Satisfaire chacune des vos attentes légitimes dans les domaines clés de la vie, que sont l’emploi, la santé, le logement, l’éducation et la formation, demeure mon souci permanent.

C’est pourquoi, je reste fortement insatisfait des résultats que nous avons enregistrés dans certains domaines dont le plus manifeste reste celui du logement.

Je vis comme une injustice insupportable, le fait que nombre de nos compatriotes éprouvent encore des difficultés à se loger décemment.

Aussi, je demande au Gouvernement de procéder dans les meilleurs délais, comme il s’y est engagé, à la livraison des logements prêts à être occupés dans les divers lotissements de Libreville et de l’intérieur du pays.

Gouverner, c’est aussi entendre l’appel de ses compatriotes.

C’est ainsi que dans le secteur public, j’ai entendu les plaintes des agents de l’Etat sur l’inconséquence de leurs soldes et de leurs retraites. En réponse, un nouveau système de rémunération a été mis en place en juillet 2015.

Un nouveau système de retraite est en cours d’élaboration.

Quelles que soient les difficultés du moment, le pacte social demeure pour moi la priorité.

Mes Chers Compatriotes,

Gouverner, c’est enfin préparer l’avenir de notre jeunesse.

Cette vision se concrétise notamment dans ma décision de généraliser l’octroi de la bourse à tout étudiant bachelier. Depuis 2010, le nombre de bénéficiaires a été multiplié par trois. Les sommes allouées à cet effet représentent aujourd’hui près de 65 milliards de nos francs.

Cette action participe de ma volonté de garantir l’égalité des chances à l’accès aux études supérieures à tous les jeunes gabonais.

C’est pourquoi, la mise à la disposition des personnels enseignants dans les établissements scolaires de l’intérieur du pays est un impératif. Il est en effet inadmissible que certains d’entre eux puissent manquer d’enseignants.

Cette égalité des chances doit s’étendre impérativement à l’accès des jeunes et des femmes à l’emploi, aux services sociaux de base ainsi qu’aux services publics.

C’est dans cet esprit que je promulguerai dans les tous prochains jours la Loi fixant les quotas d’accès des femmes et des jeunes aux fonctions politiques et celui des femmes aux emplois supérieurs de l’Etat. Un premier pas vers la réalisation de la décennie de la femme.

De même, le Conseil des ministres a adopté récemment de nombreux textes en faveur de l’emploi, de l’insertion et de la réinsertion des jeunes Gabonais.

C’est tout le sens que nous devons donner au contrat d’apprentissage jeunesse dans toutes les entreprises de plus de 50 salariés, et au renforcement de la préférence nationale en matière d’emploi dans notre pays.

Mes Chers Compatriotes,

L’égalité des chances ne saurait être une faveur.

Au contraire, comme disait un penseur contemporain, c’est « le droit de ne pas dépendre exclusivement de la chance, ni de la malchance. C’est le droit égal, pour chacun, de faire ses preuves, d’exploiter ses talents, de surmonter partiellement ses faiblesses ».

Cette vision se concrétise également dans le programme GRAINE, déjà opérationnel dans quatre de nos neuf provinces.

Il se poursuivra dans toutes les autres provinces. A ce jour, ce programme a permis de créer près de 1200 emplois directs et indirects sur les vingt mille envisagés.

Toute comparaison faite, le programme GRAINE est aujourd’hui le plus grand chantier de notre pays, après celui du Transgabonais.

C’est donc l’occasion pour moi d’exhorter une nouvelle fois les Gabonais, en particulier les jeunes, à s’engager résolument dans le secteur agricole, pourvoyeur continu et durable d’emplois et de revenus, mais aussi garantie de notre sécurité alimentaire.

Mes Chers Compatriotes,

Je sais par ailleurs que vos champs sont menacés par certaines espèces animales protégées, dont les éléphants.

Le Gouvernement s’emploie à trouver les solutions rapides et appropriées pour résoudre le conflit Homme-faune, car je demeure conscient que j’ai été élu par les Gabonais pour assurer leur bonheur.

Mes chers compatriotes,

Sur le plan politique, construire ce Gabon nouveau, que j’appelle de tous mes voeux, c’est d’abord consolider la Démocratie et la République.

En effet, disait Jean Jaurès, la République « c’est proclamer que des millions d’Hommes sauront tracer eux-mêmes la règle commune de leur action ; qu’ils sauront se combattre sans se déchirer ».

C’est dans cet esprit qu’un nouveau Conseil National de la Démocratie a été mis en place pour servir d’espace institutionnel du dialogue politique, en rassemblant les acteurs politiques de tous bords dans un échange permanent.

Mes chers compatriotes,

L’intérêt supérieur de la Nation nous commande de penser et vivre autrement la contradiction politique.

Il est normal que les débats politiques soient libres et ouverts ; il est normal, voire souhaitable, que nous ne partagions pas les mêmes idées ; mais il m’apparait difficilement normal que les acteurs politiques cèdent aux discours de haine et de division qui pourraient mettre à mal notre vivre-ensemble. Cela est irresponsable.

La démocratie doit être vécue par chacun de nous, et particulièrement les responsables politiques, comme la capacité à résoudre pacifiquement toutes sortes de différends inhérents à la vie en société.

Pour ma part, je m’emploierai toujours à préserver la fraternité, la paix et l’unité nationale, chères aux pères fondateurs de la Nation. C’est le lieu ici pour moi d’avoir une pensée particulière pour les Présidents Léon MBA et Omar BONGO ONDIMBA.

J’en appelle donc à la construction d’une démocratie apaisée.

Car, quelle que soit notre appartenance politique, ethnique ou provinciale, il y a une chose que nous avons en partage, un bien commun irremplaçable, qui s’appelle GABON.

Gabonaises, Gabonais, mes chers compatriotes,

2016 sera, comme chacun sait, une année électorale.

Nous devons tous œuvrer pour que ces échéances se déroulent dans les délais constitutionnels, en conformité avec les lois et règlements de la République, dans la liberté et la transparence. C’est pourquoi, je vous invite tous à vous inscrire sur les listes électorales et, le moment venu, à accomplir votre devoir civique en toute quiétude et responsabilité ; en rejetant ce qui peut remettre en cause la paix et la sécurité de tous. J’y veillerai personnellement.

Mes chers compatriotes,

Il n’y a pas de honte à tomber, mais il y a honte à ne pas se relever.

C’est pourquoi, nos difficultés ne sauraient paralyser notre action. Continuons donc à œuvrer ensemble à la poursuite des réformes nécessaires au changement souhaité par tous.

Gabonaises, Gabonais, mes chers compatriotes,

Bonne et heureuse année, en mon nom et en celui de la Première Dame, dont l’action quotidienne et multiforme en faveur de nos compatriotes les plus vulnérables est un aiguillon précieux.

Je forme donc le vœu ardent que l’année 2016 vous apporte la santé, le bonheur familial, le succès dans vos études ou dans votre travail et, pour notre peuple, pour tous les peuples, ce souverain bien politique qu’est la paix.

Vive la République, Vive le Gabon, Et que Dieu bénisse notre pays.

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