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Sous Ali Bongo, le Gabon a-t-il connu plus de démocratie et de développement ?
Publié le mercredi 30 decembre 2015   |  Gabon Review


Albert
© Autre presse par DR
Albert Ondo Ossa, ancien ministre de l`Education nationale et ancien candidat à l`élection présidentielle de 2009


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De nombreux observateurs, des acteurs politiques, des universitaires se posent cette question. C’est le cas du Pr. Albert Ondo Ossa lors d’une conférence donnée le 16 décembre dernier à Paris. D’une manière générale, l’opinion est plutôt dubitative et juge ces aspects négatifs à quelques encablures de la fin du mandat entamé par l’ancien ministre de la Défense nationale en 2009.
«Recul des libertés, recul de la démocratie avec des institutions toujours partisanes et une opposition invisible dans la lucarne de la télévision publique, sanctions continues contre la presse indépendante et jamais contre la presse proche du pouvoir…» Tel est le constat que dressait, le mois dernier à Paris, un membre de Cohérence Démocratique, un groupement proche des forces de l’opposition gabonaise. Faux ? Vrai ? En tout cas, on peut dire que les libertés n’ont pas été à la fête durant ce mandat.

Quelques exemples ? Dissolution du principal parti d’opposition, l’Union nationale (UN), en janvier 2011 par Jean-François Ndongou, alors patron de l’Avenue de Cointet. Et puis beaucoup d’interdictions. Trop d’interdictions. Interdictions de quitter le territoire infligées à des responsables de l’opposition et des membres de la société civile. Interdictions de manifester. Guy-Bertrand Mapangou, qui a occupé le portefeuille de ministre de l’Interdiction, pardon… de l’Intérieur pendant vingt mois, précisément entre janvier 2014 et septembre 2015, a procédé à l’interdiction d’une dizaine de manifestations de l’opposition. L’une d’elles s’est achevée, le 20 décembre 2014, sur l’assassinat d’un manifestant, Mboulou Beka. «Ce jour-là, le peloton d’exécution voulait du sang, et il l’a eu, Mboulou Beka est tombé», analysait il y a quelques mois un membre de la famille du défunt. En plus de ce décès, il y a eu l’arrestation d’une centaine de manifestants, tous transférés -sauf un-, sur ordre du Procureur de la République, à la prison centrale de Libreville.

Le sang a coulé

Interdictions à des personnalités publiques de s’exprimer. Quand ce ne sont pas des forces de l’ordre qui le signifient aux manifestants, ce sont des groupuscules qui s’en chargent. Léon-Paul Ngoulakia, ancien membre du Bureau politique du PDG démissionnaire il y a deux mois de ce parti, vient de faire l’objet, le week-end dernier, d’une interdiction de s’exprimer. Sa causerie, prévue de longue date, n’a pu avoir lieu. Et, comme l’indique le président d’un parti d’opposition, «il est presque sûr que les auteurs de telles exactions ne seront pas sanctionnés parce qu’ils appartiennent au bon camp». Un ancien militaire, présent sur les lieux, pense pour sa part que «la justice est trop partiale au Gabon quand il s’agit des différends qui surviennent dans le champ politique».

Ce recul des libertés publiques est significatif du recul des avancées démocratiques. Liberté et démocratie allant de pair. Or, s’il y a une confiscation manifeste des libertés, on ne peut parler de démocratie. «Les autorités politiques parlent bien entendu de la pluralité des formations politiques et des institutions qui permettent un fonctionnement régulier de la démocratie, mais, à la pratique, l’observateur se rend compte que l’Etat de droit fait l’école buissonnière au Gabon, que des arrestations arbitraires se font encore, que des ordonnances qui ne sont pas toujours marquées du sceau de l’impartialité et du sens de l’Etat sont prises, et qu’une loi électorale plus démocratique est toujours attendue», estime un professeur de Sciences politiques. Est-ce une manière de défier le destin et d’interroger l’avenir du pays ? Pour un éminent membre de la société civile, «la Cour Constitutionnelle, la CENAP et le ministère de l’Intérieur, principaux acteurs des scrutins électoraux, sont toujours suspectés de favoritisme, sans que cela n’émeuve le moins du monde le gouvernement et le président de la République». Pour sa part, un diplomate occidental en poste à Libreville estime que «si tout ne semble pas être joué d’avance, tout est fait en tout cas pour conserver le pouvoir à tout prix». Selon un docteur en Sociologie, «les conditions qui ont amené au psychodrame de 2009 sont toujours en place, et vont permettre un autre passage en force». «En fait, ajoute-t-il, le mandat actuel n’a pas été marqué par une grande envie des dirigeants de démocratiser réellement les institutions !».

Le Gabon a-t-il un visionnaire ?

Un bon nombre d’observateurs s’interrogent aussi sur ce que peut apporter le Dialogue national annoncé, par une rumeur récurrente, pour fin-Janvier ou début-Février au sein du Conseil national de la Démocratie (CND) pour une démocratisation réelle du Gabon. Un membre du Réseau des organisations libres pour la bonne gouvernance (ROLBG) s’interroge : «Voyez-vous le pouvoir actuel accepter le principe d’une élection à deux tours, et la limitation des mandats présidentiels à deux, ainsi que la recomposition de la Cour Constitutionnelle et de la Cenap ? Voyez-vous le pouvoir actuel donner une chance à la démocratie gabonaise de se déployer dans un environnement d’impartialité et d’égalité des chances ?» Autre question posée par le diplomate occidental sus cité : «le Gabon dispose-t-il d’un visionnaire ? Après la grisaille, nous espérons qu’il y aura des éclaircies».

Quel développement ?

Au sujet du développement, des observateurs pensent que le programme Graine annonce de belles perspectives dans le domaine de l’emploi et de la production agricole. De même, les 750 kilomètres de routes bitumés depuis six ans, notamment les axes Lalara-Koumameyong-Ovan, Ndjolé-Medoumane, et Mouila-Ndendé-Lébamba (en cours), puis Tchibanga-Mayumba (en cours) devraient permettre un début de développement des localités de l’hinterland.

Il n’en demeure pas moins que de nombreuses promesses n’ont pas été tenues, laissant ainsi de nombreux secteurs dans un «piteux état». Le secteur du logement, avec les 35.000 logements promis sur le septennat, est le symbole de l’échec du mandat de l’Emergence. En dépit du crédit de 100 milliards CFA obtenu par la SNI auprès de BGFIBank, les chantiers consacrés au logement s’arrêtent de manière incompréhensible, puis reprennent tout doucement de manière tout aussi incompréhensible. Le Champ Triomphal est un autre symbole de l’échec, ainsi que la décentralisation promise – mais non réalisée – des grandes écoles en province, l’abandon du patrimoine administratif de l’Etat (vétusté ou non-entretien des locaux), tandis que le secteur des PME se plaint d’avoir été sinistré par les pouvoirs publics. Est-il vrai que la démocratie permet le développement ? «Quand on a peur d’être sanctionné par les urnes, on travaille !», disait Emile Derlin Zinsou.

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