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Présentation des «ministres de l’Estuaire» : l’inconvenante idée de Paul Biyoghé Mba
Publié le mercredi 18 novembre 2015   |  Gabon Review


Le
© Autre presse par DR
Le Vice-premier ministre en charge de la Santé, Paul Biyoghé Mba


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Le président de la République et sa majorité auraient tort de cautionner le maniement des particularismes identitaires. Ramener les ministres à leurs terroirs est contre-productif.

Comme souvent, Paul Biyoghé Mba s’est encore fourvoyé. S’il est coutumier du fait, ses outrances et initiatives intempestives vont très bientôt se retourner contre son camp. Pis : sa tendance à se mettre en vedette et sa lecture parcellaire de la vie de la nation sont à rebours du discours officiel des siens. Ne pas le recadrer serait pour le président de la République une erreur monumentale. Il faut analyser le vécu et le passé de l’homme. Politique retors et cynique, incapable de voir au-delà des intérêts immédiats et personnels, le ministre de la Santé n’a jamais été un rassembleur encore moins un homme d’ouverture. Systématiquement, il a privilégié ses affidés. Toujours, il a limité son horizon à sa personne et sa bourgade de Bikélé, contrariant toutes les initiatives collectives ou à dimension nationale. Le voir organiser un raout en l’honneur des «ministres de l’Estuaire» n’est pas de nature à rassurer quant à l’œuvre de construction nationale. Clivante, maladroite, cette initiative est à rebours des idées d’Etat-nation et de République.

Idée décalée

Il sera toujours loisible d’évoquer la pratique politique pour venir à son secours, le PDG ayant de tout temps raisonné sur la base des provinces et groupes ethniques, allant jusqu’à théoriser une notion bâtarde pompeusement baptisée «géopolitique». Mais politiquement et intellectuellement, le raout du week-end dernier se fonde sur une idée décalée, en déphasage par rapport à la réalité. Et pour cause : si la province de l’Estuaire revêt une importance particulière au plan politique c’est davantage en raison du poids démographique de la ville de Libreville. Or, les élections locales de décembre 2013 ont rendu leur verdict : la figure de proue du PDG à Libreville, et partant dans la province de l’Estuaire, se nomme…. Alexandre Barro Chambrier. Peut-on, dès lors, prendre appui sur une nomination au gouvernement pour croire pouvoir le supplanter ? Est-ce respecter le suffrage universel que de s’autoproclamer «patron politique de l’Estuaire» quand ce dernier jouit encore de la confiance de sa base ?

Au-delà du bluff et des pitreries politiciennes, il faut se demander à quoi renvoie la notion de «ministre de l’Estuaire». Il faut s’interroger sur le maniement de tels particularismes. Il y a lieu de les confronter au vécu si ce n’est à l’identité de certains barons de l’actuelle majorité. Nonobstant le point de vue de Paul Biyoghé Mba, un ministre ne sera jamais ministre d’une province. Il sera toujours ministre de la République. Au sens propre, ce sera toujours une personnalité au service de la chose publique. Dans la réalité, ce sera nécessairement une autorité en charge du bien commun. Dans l’idéal, ce sera indubitablement un dignitaire chargé de la défense et de la promotion de l’intérêt général. Toujours, son horizon ira au-delà de ses origines. Jamais, il ne s’arrêtera à ses racines. Pour tout dire, la perspective d’un ministre c’est l’ensemble du territoire national, le renforcement de l’idéal national et de l’éthique républicaine. Vouloir les ramener à leurs terroirs, c’est ramer à contre-courant de l’histoire.

Le conformisme ambiant prendra appui sur la tradition politique nationale pour donner du sens à l’initiative du ministre de la Santé. Mais, à moins de considérer la nation comme une hérésie, on ne saurait cautionner cette idée. Sauf à tenir la République pour un gadget politique, on doit nourrir quelques inquiétudes pour le vivre ensemble. Avant de se lancer dans une initiative, il faut analyser les problèmes, tenir compte des priorités et intégrer les interactions. Paul Biyoghé Mba peut-il dire à quel problème son initiative visait à trouver une solution ? Croit-il que l’intérêt des habitants de l’Estuaire est de voir des ministres festoyer devant eux ? Imagine-t-il un seul instant que les habitants de Libreville et ses environs ont attendu sa manifestation pour connaître la composition du gouvernement ? Pis : estime-t-il que sa promesse de soutien à la candidature d’un natif de l’Estuaire aux fonctions de président de l’Assemblée nationale ou de secrétaire général du PDG est de nature à taire les égoïsmes ou raffermir l’unité nationale ? Né au pouvoir dans un contexte de parti unique, le PDG d’avant les années 90 pouvait se permettre ce type de pantalonnade. Plus de 20 ans après le retour à la démocratie, il est peut-être temps de rompre avec ces pratiques et entrer dans la modernité.

Rappeler les fondamentaux

Il faut pouvoir inviter le ministre de la Santé à moins d’exubérance politicienne. Les missions qu’il veut se donner au nom d’un simple rang protocolaire au sein du gouvernement ne sont pas de sa responsabilité. En fait, il va falloir non seulement lui rappeler les fondamentaux de la République mais aussi lui demander s’il estime en son for intérieur que son collègue de la Formation professionnelle peut désormais en imposer au président du Sénat. Autrement dit, auréolé de son titre de vice-Premier ministre, Flavien Nzengui Nzoundou peut-il vouloir passer devant Lucie Mboussou ? Doit-il désormais décrypter la vie nationale à la seule lumière des réalités locales de la Ngounié ? Si Paul Biyoghé Mba se livre à cette petite réflexion, il comprendra combien sa démarche est anachronique et contre-productive. Ramener les ministres à des considérations de basse politique politicienne, en faire des représentants de terroirs n’est ni dans l’intérêt de l’entourage immédiat du président de la République, ni dans celui du président de la République, encore moins de la majorité au pouvoir ou du Gabon.

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