Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Gabon    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Économie
Article




  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Économie

A la 6è année du mandat en cours : La dérive technocratique de Pastor Ngoua N’neme
Publié le lundi 16 novembre 2015   |  Radio Gabon


Pastor
© Autre presse par DR
Pastor Ngoua N’Neme, Ministre de l`Economie Numérique, de la Communication et de la Poste


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Du passage au tout-numérique, à la gestion de La Poste S.A, en passant par la véritable connexion à la fibre optique, l’amélioration de qualité des services des opérateurs de téléphonie mobile et internet, le numérique et la poste restent un vaste chantier. Le 14 novembre 2015, sur la matinale de Radio Gabon, le ministre de l’Economie numérique et de la Poste s’est davantage comporté en super directeur général qu’en homme politique, privilégiant les aspects opérationnels et passant outre la dimension stratégique et prospective.

Ces six dernières années, un vaste chantier de réforme dans le secteur du numérique a été lancé par le gouvernement. Où en est-on ? Qu’est-ce qui a été réalisé à ce jour ?

Il est vrai que le ministère de l’Economie numérique et de la Poste, dont j’assure la charge, est un des départements clés dans le pilier «Gabon des services» du Plan stratégique Gabon émergent. Ce n’est pas quelque chose qui est tombé du ciel. Il s’agit d’une réflexion longuement menée par le chef de l’Etat, lorsqu’il accède au pouvoir. Et l’observation que tout le monde peut faire est que l’économie numérique, c’est-à-dire la convergence technologique entre les télécommunications et l’informatique, est devenue un puissant levier de croissance. De ce fait, l’idée du chef de l’Etat est d’en faire, ici au Gabon, un authentique socle de la future croissance du Gabon et de la transformation sociale de notre pays. Très simplement dit, le chef de l’Etat veut faire du Gabon un pôle régional des services numériques à valeur ajoutée. Pour ce faire, la première chose à faire est de construire une infrastructure numérique de rang mondial. C’est donc cette vision que nous essayons de traduire au quotidien pour mettre notre pays à niveau, en termes d’infrastructures, et pour amener nos concitoyens à utiliser de plus en plus les technologies de l’information et de la communication dans leurs activités, pour produire, se divertir, s’éduquer et s’instruire.

Ce que nous avons fait depuis ces six dernières années, c’est donc construire une infrastructure numérique de rang mondial, qui fait aujourd’hui que ce soit la fibre optique qui est au centre. D’autant qu’il s’agit d’une nouvelle technologie qui permet de transporter des données, de l’image et de la voix à la vitesse du son. C’est donc quelque chose de très important, qui doit irriguer l’ensemble de la société. Nous avons conçu le Plan Gabon numérique, contenu dans le PSGE. Celui-ci prend en compte la construction d’un réseau national à fibre optique, qui est en cours. Dès que nous aurons construit cette infrastructure, il nous faudra passer à la deuxième phase : les contenus. Car, ce sont ces contenus qui transforment la vie des gens. Mais nous ne pourrons les développer que si nous avons l’infrastructure nécessaire à leur transport.

L’autre partie du travail est La Poste. Pour le chef de l’Etat, cette structure doit devenir un instrument de lutte contre la pauvreté. Un instrument d’inclusion numérique et financière, parce que La Poste a le réseau le plus dense sur l’ensemble du territoire. On ne peut donc pas se priver d’un tel réseau lorsque nous entendons avoir une démarche inclusive, c’est-à-dire, qui concerne l’ensemble des populations.
Avec les journalistes de Radio Gabon, Pastor Ngoua N’neme, ministre de l’Economie numérique et de la Poste. © gabondirect/Twitter

Avec les journalistes de Radio Gabon, Pastor Ngoua N’neme, ministre de l’Economie numérique et de la Poste. © gabondirect/Twitter

Après le limogeage de l’ancien patron de La Poste, il est rapporté que les caisses de la structure sont vides…

Je ne sais celui qui rapporte de telles informations, mais ce que je sais, c’est que La Poste connaît des difficultés, et qu’à la suite de ces difficultés de trésorerie, la structure a vu grand, d’autant qu’elle connaît aussi des difficultés techniques inhérentes à sa fonction de banquier. Rappelons que La Poste c’est deux choses : les services postaux et les services financiers. L’idée du gouvernement est que cette structure s’arrime à la nouvelle donne, qui consiste à utiliser les technologies de l’information et de la communication pour une meilleure offre à ses usagers. Vous l’aurez remarqué : La Poste s’est beaucoup développée, avec un ensemble de filiales qui ont vu le jour. Ce développement n’a probablement pas été suffisamment maîtrisé : il a conduit à des problèmes de trésorerie, et d’après le compte-rendu fait par le président de La Poste S.A., il y a des situations qui méritent que l’on s’y attarde. Il est en train de le faire, et un rapport sera rendu au gouvernement. Mais ce qui est sûr, c’est que, avec l’appui du gouvernement, La Poste continue normalement de rendre les services qu’on attend d’elle. Un plan de restructuration sera certainement proposé par le nouveau management mais, d’ores et déjà, les titulaires de comptes à la Postebank peuvent retirer leur argent. Du moins ceux qui sont titulaires des livrets souscrits après 2007, parce que des recherches se poursuivent pour ceux détenteurs des livrets datant de 2007 et avant. Le management actuel considère qu’il y a matière à redire sur l’ensemble des situations qui concernent cette période.

Quelle sera la conduite à tenir pour les usagers concernés ?

Pour ceux qui sont détenteurs de livrets d’épargne post-2007, ils peuvent aller retirer leur argent aux guichets de Postebank dans les conditions fixées par la structure.

Tout est question de communication…

Non. Tout n’est pas question de communication. Il s’agit aussi de l’appui de l’Etat. Je vous disais tantôt que La Poste connaissait des problèmes de trésorerie. Le métier de banquier est un métier difficile. La Poste S.A, à travers sa filiale Postebank, s’est engagée dans une stratégie de développement, qui l’a conduite à multiplier le nombre de clients, dont les étudiants, les retraités et quelques fonctionnaires. Cela signifie que mécaniquement, ce sont des clients qui ne laissent que très peu dans leurs comptes, une fois leurs salaires perçus. Ce qui fait que La Poste devient donc un simple intermédiaire voire une institution de portage, qui n’a pas d’argent pour faire cette intermédiation, d’autant qu’une banque vit de l’intermédiation. Or, lorsque La Poste reçoit les salaires ou les pensions de retraite, les usagers viennent les récupérer, ce qui fait qu’il ne reste donc plus rien à La Poste. D’où ses problèmes de trésorerie, parce que toujours déficitaire en compensation. Parallèlement, s’il y a eu des malversations, il revient au nouveau manager de les établir puis de les porter à notre disposition et la procédure devrait suivre son cours.

Revenons à la question liée à la fibre optique. Sur combien de kilomètres peut-on désormais estimer la pose de ce câble ?

Il faut que je restitue cette question liée à la fibre optique. La fibre optique c’est la technologie qu’il faut lorsque nous souhaitons multiplier la bande passante et permettre des communications rapides et le développement des entreprises. Pour ce faire, nous avons conçu un projet national d’un réseau dédié à ladite technologie. Ce projet part déjà de l’adhésion du Gabon au câble sous-marin ACE (Africa Coast Europe). Immédiatement, la connectivité internationale du Gabon a été multipliée par huit. On est donc passé de 800 gigas à 6 400 gigas. Ça veut donc dire que les communications internationales du Gabon se font de plus en plus facilement, avec un coût réduit, et beaucoup d’usagers peuvent s’en rendre compte. Il s’agit donc, dans un premier temps, de la composante maritime que l’on appelle Backbone, la dorsale en fibre optique. Ensuite, nous devons déployer, dans un maillage total du territoire, l’ensemble de la fibre optique sur environ 6 500 km. C’est en trois phases que nous allons la déployer : la première concerne Libreville jusqu’à la frontière avec le Congo, un linéaire d’environ 1 140 km. Actuellement, nous sommes à 600 km.

Est-cela qui a permis le passage de certains opérateurs de téléphonie mobile à la 3G et 4G ?

Non. Pour la fibre optique, il s’agit d’un investissement public. Les opérateurs de la téléphonie mobile, à travers un partenariat avec l’Etat, développent également la fibre optique. Ce qui leur a notamment permis de passer aux technologies 3G/4G. Un passage qui apparaît comme une des plus importantes réalisations en matière d’économie numérique car depuis ce passage, d’autres services sont apparus, à l’instar du transfert d’argent, du paiement en monnaie électronique.

Avec les Tic qui sont un des piliers du « Gabon des services », il y avait un certain nombre de projets ayant trait à l’e-éducation et à l’e-santé. Où en est-on aujourd’hui ?

On parle aussi de e-banking, ou m-banking pour «Mobile banking» ou «Mobile money». Mais nous n’avons pas que ces projets. Le projet le plus important que nous avons, en termes de création de valeur, c’est celui relatif à la création de l’incubateur, que nous développerons et qui permettra, probablement à compter du mois de décembre, de susciter et de promouvoir l’entrepreneuriat des jeunes, grâce au partenariat avec la Banque mondiale. Il est vrai, il y a aussi le projet du e-éducation. Mais celui-ci est en cours de réalisation, et nous avons déjà équipé six salles de classe à titre expérimental. Nous escomptons numériser 39 autres. Nous avons équipé 22 établissements et nous visons l’équipement de 70 autres. Nous avons distribué 1 300 ordinateurs et nous comptons en distribuer 1 300 autres. Il s’agit là du projet e-éducation.

Le projet e-santé, qui fait partie de ce qu’on appelle également le e-government, est en cours. Vous vous souviendrez que récemment, le chef de l’Etat a signé en Inde un accord avec le principal opérateur indien, pour développer ce projet. Pour le même projet, la Banque mondiale également a prévu un financement d’environ 64 millions de dollars (soit près de 32 milliards de francs, ndlr).

Un mot pour la fin ?

Il faut que les Gabonais s’approprient ces technologies, parce que ce sont elles qui changent la vie. Demain, sans partir de nos domiciles, nous seront capables de commander des choses, réaliser des actions ou des actes, dont on n’était pas capables hier sans se déplacer. De même, j’adresse une invite aux investisseurs, dont nous avons besoin pour nous aider à réaliser le Plan Gabon numérique. C’est un message que je porte partout où je me rends. Nous leur disons que le Gabon est une terre d’avenir. Il est donc important que les investisseurs viennent.

Pour rappel, nous avons créé une agence, la Société de patrimoine des infrastructures numérique (Spin), pour commercialiser la capacité internationale du Gabon, qui est déjà en service, avec la signature d’un premier contrat. Cette société concerne l’ensemble des grossistes et toutes les personnes qui ont besoin de connectivité dans le cadre de leurs activités. C’est quelque chose qui marche. D’autant que nous sommes dans un secteur très dynamique qui représente 5% du PIB au Gabon. Nous n’avons peut-être pas parlé de tarification, mais la carte Sim, valait 3 000 francs CFA en 2011, quand elle se vend actuellement à 400 francs. De même, la minute de communication est désormais à un franc par seconde au Gabon, ce qui revient à dire que nous sommes les plus compétitifs de la sous-région.

Interview réalisée par Hass Nziengui et Kennie Kanga

 Commentaires