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A la 6è année du mandat en cours : Rufin Martial Moussavou, entre demi-vérités et enfumage
Publié le jeudi 12 novembre 2015   |  Gabon Review


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© Autre presse par DR
A la 6è année du mandat en cours : Rufin Martial Moussavou, entre demi-vérités et enfumage


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S’il a fait mine d’ignorer le récent échec de Maboumine, préférant laisser croire que le nouveau code minier est opposable alors qu’il est l’objet d’un réexamen par le Conseil d’Etat et qu’il pourrait être totalement refondu, le 11 novembre courant sur la matinale de Radio Gabon, le ministre des Mines et de l’Industrie, n’a pas échappé aux critiques portées contre le peu de responsabilité de certains opérateurs du secteur dont il a la charge.

Le secteur minier représente 4% du PIB et 6% des exportations à ce jour. Quelles stratégies mettez-vous en place en vue de faire face à l’après-pétrole ? Quelles réformes ont été entreprises depuis 2009 ?

Ce que nous devons déjà dire, c’est que la vision du chef de l’Etat est de faire rentrer le Gabon dans le groupe des pays émergents. Une vision déclinée dans le Plan stratégique Gabon émergent, dans lequel nous comptons trois piliers : le Gabon vert, le Gabon des services et le Gabon industriel. Dans le dernier pilier, nous avons deux grandes orientations : le plan sectoriel mines et métallurgie et le plan sectoriel industrie et normalisation. Ainsi, depuis 2009, le ministère des Mines et de l’Industrie a entrepris des réformes, d’une part, pour améliorer la gouvernance du secteur, et d’autre part, pour accélérer les réalisations. Il s’agit donc de deux types de réformes : le cadre organique et institutionnel et le cadre législatif et règlementaire.

Dans le cadre des réformes organiques et institutionnelles, plusieurs décrets ont été pris, parmi lesquels l’éclatement de la direction générale des Mines, qui a vu naître deux grandes directions : la direction générale de la Géologie et de la Recherche minière et la direction générale de la Propriété et de l’Exploitation minière, pour le secteur des mines. Dans le secteur de l’industrie, l’Etat qui veut désormais être un acteur clé de la mise en valeur des ressources naturelles de notre pays, s’est donné un levier important, en créant une société nationale, la Société équatoriale des mines, qui évolue dans le domaine de la valorisation. Nous pouvons également citer le réaménagement de la direction de l’administration de l’industrie, avec le décret 227 portant création et organisation de l’Agence gabonaise de normalisation, le décret 308 portant création et organisation de l’Office gabonais de la propriété industrielle. Aussi, nous avons la promulgation par le président de la République, le 30 janvier 2015, du nouveau Code minier, un outil fort important, qui permet au secteur des mines et de la métallurgie de s’organiser. Ce nouveau code se veut extrêmement attractif, pour permettre à notre secteur minier d’accueillir davantage d’acteurs et d’opérateurs, en vue de la valorisation du potentiel minier gabonais.

Dans le domaine de l’industrie, nous noterons principalement quatre lois : la loi n°10 portant réglementation des Zones économiques à régime privilégié, ce que nous avons du côté de Nkok, la Zerp. Nous avons la loi 6 d’août 2014, instituant le système national de normalisation. Cette loi a pour objectif d’exiger des normes gabonaises, tout en se conformant aux normes internationales, naturellement. Nous avons également le décret 341 qui institue le système national de conformité, parce qu’à côté de la norme, nous avons la qualité, et il faut aussi que tout ce qui se fait soit conforme aux exigences nationales et internationales. Allons au décret 31 du 16 janvier 2013, qui institue le Prix gabonais de la qualité. Tout cet arsenal juridique, c’est pour permettre à l’Aganor (Agence gabonaise de normalisation, ndlr) de jouer pleinement son rôle, qui est celui de préserver et de mettre à disposition des Gabonais des outils

La Cop 21, c’est pour bientôt, et l’on parle de plus en plus du respect de l’environnement et de la santé des hommes. Pourtant, à Mounana, les populations se plaignent d’être irradiées…

Il est important de replanter le décor sur cette question. Mounana, de manière globale et sur le plan géoscience, est une grosse mine, en ce sens que son bassin est riche en uranium. Pendant une dizaine d’années, cette citée a accueilli la mine exploité par la société Comuf (Compagnie des mines d’uranium de Franceville, ndlr). Aujourd’hui, c’est à Areva. Ce qui s’est passé, est qu’à l’arrêt de la mine, il y a quelques temps, il s’est avéré sur le plan strictement géologique de la pile d’Oklo, donc une des parties du bassin qui a subi une fusion. Elle a donc fonctionné comme une centrale nucléaire, et ce qui était exploité n’étaient que des déchets. C’est pour vous dire qu’il y a des millions d’années, cette pile d’Oklo a effectivement fonctionné. Comme vous le savez, c’est sur la durée que la radioactivité peu s’étendre, tout en espérant que ça ne fasse pas trop de dégâts. Ainsi, après la fermeture de la mine, beaucoup de choses ont été dites, mais beaucoup de choses ont également été vérifiées, principalement les logements. Dans la citée située en face du flanc supérieur du bassin, on a découvert que plusieurs habitations ont été marquées par la radioactivité. Ce n’est donc pas toute la citée de Mounana. La décision du gouvernement, en collaboration avec Areva et Comuf, a été de détruire ces habitations et de construire sur un autre site qui a été identifié. Je m’y suis rendu courant septembre pour être édifié sur place. Mon collègue en charge des infrastructures prendra le relai pour mener ce dossier à terme.

Qu’en est-il du suivi médical des Gabonais qui y travaillaient ?

Le contrôle sanitaire se poursuit. Il y un comité qui a été mis en place pour le suivi de ces compatriotes, et aujourd’hui, nous sommes accompagnés par l’agence en charge des éléments ionisants, et pensons que le ministère de Santé continuera de jouer le rôle qu’il joue au sein dudit comité, pour que ces compatriotes soient suivis au mieux.

Où est-on avec l’exploitation illégale de l’or dans la zone de Minkébé ?

S’agissant de cette zone, nous devons déjà remercier les orpailleurs, d’autant que pour mettre en valeur une ressource minérale, il faut d’abord la découvrir. Et dans le cas de Minkébé, ce sont les orpailleurs qui ont découvert le gîte, qui est quasiment un gisement. Ce qui s’est passé, c’est que Minkébé, de par sa position géographique, qui le place à la frontière de deux pays, le Cameroun et le Congo, a vu arriver en masse des ressortissants de la sous-région principalement. Avant la fermeture de ce site, on y a enregistré près de 5 000 orpailleurs, dont le travail a transformé le site en un gisement géant. Les dispositions prises par le gouvernement ont été de fermer dans un premier temps la mine pour arrêter l’exploitation anarchique, où l’on comptait à peine 500 Gabonais selon les chiffres qui nous ont été transmis. Les étrangers y pratiquaient d’autres systèmes de business, dont le braconnage, le transport et la vente de drogue. Le gouvernement a pris ses responsabilités, en fermant la mine et en déployant les forces de défense, qui assurent aujourd’hui la sécurité dans cette zone. Dans le prolongement de ce que le ministère des Mines est en train d’entreprendre, il s’agit de permettre à ce gisement de connaître une mise en valeur rationnelle, qui ramène des revenus dans les caisses de l’Etat. Donc, un travail se fera pour permette que la mine de Minkébé soit confiée à un opérateur sérieux, de renommée internationale, parce que c’est un gisement important, où nous pensons qu’il y a énormément d’or. Il faut ajouter que lorsqu’on a fermé le gisement, les Gabonais qui y travaillaient ont été redéployés grâce à l’accompagnement de notre département ministériel.

L’autre forme d’exploitation anarchique concerne celle du sable et du gravier par certains opérateurs économiques dans la zone de l’île Mandji et au nord de Libreville. Que fait votre département ?

Dans ce secteur lié à l’exploitation des matériaux de construction, nous avons également des artisans. Ce qui pose un problème, d’autant que le nord de Libreville, notamment la zone d’Akanda, est protégé. Nous l’avons effectivement constaté, et c’est d’ailleurs l’occasion de remercier le chef de l’Etat d’avoir décidé de l’interdiction de l’exploitation des carrières de sable, de latérite et du concassage du gravier. Mais malheureusement, nous constatons que malgré ces interdictions, certains compatriotes ou résidents au Gabon se lancent dans ce que l’on peut appeler «fraude totale». Ils poursuivent leurs exploitations dans ces zones de manière illicite. Face à cela, nous prendrons des dispositions pour que les équipes du ministère des Mines soient sur le terrain, pour une séance beaucoup plus physique.

Du côté de Port-Gentil, nous n’allons pas vous faire un dessin : ceux qui ont grandi et continuent de s’y rendre constatent que l’île Mandji perd en superficie, du fait de l’érosion marine, principalement. Mais si l’action humaine contribue à accélérer ces mouvements marins sur les côtes de l’île, c’est ce qui conduira à sa destruction voire à sa disparition. Nous n’en sommes pas encore là. Nous devons donc préserver cet environnement, et sur l’ensemble de cette île, les exploitations de carrières sont interdites. Notre mission est de remettre de l’ordre en appliquant la loi, après un inventaire de toutes les carrières illicites qui y sont installées, surtout dans la partie nord, au Cap Estérias, un de nos poumons économiques, avec le pétrole y est exploité.

Parlons formation, avec l’école des mines de Moanda. D’où part l’idée de sa création, et l’établissement sera-t-il ouvert aux étudiants des pays de la sous-région ?

C’est une idée du président de la République qui, au regard de ses ambitions contenues dans le PSGE (Plan stratégique Gabon émergent, ndlr), a souhaité que le Gabon ait cet outil de formation pour répondre aux exigences du secteur, principalement dans la métallurgie. C’est une industrie qui s’impose à nous, du fait de la transformation de nos matières premières à l’intérieur du territoire. Cette école formera des ingénieurs de haute qualité, en vue de répondre à la demande des opérateurs tels que Comilog (Compagnie minière de l’Ogooué, ndlr) et celle d’autres, exerçant dans le secteur minier. La décision de création de cette école a été actée le 11 septembre 2011, et depuis cette date l’école sort de terre.

A quel niveau sont les travaux?

Je me suis rendu sur le site au mois de septembre, et nous avons constaté avec enthousiasme que l’école est réalisée à près de 70%. Cette école a pour ambition, en termes de programme, d’être inaugurée au mois de juin 2016 au plus tard, et nous pensons que ce délai sera respecté, étant entendu que le comité stratégique de pilotage que je préside tient ses réunions mensuellement, et que le dernier rendez-vous que nous avons eu durant le mois d’octobre 2015 nous a permis d’avancer sur le plan juridique. Les statuts et règlements de l’école ont été paraphés, pour nous permettre de passer à la phase pédagogique, pour définir les enseignements qui y seront dispensés. Il faut également souligner que l’ambition de ce projet majeur est d’accueillir d’autres étudiants que les Gabonais, en s’ouvrant à la sous-région. Les premières formations devraient intervenir en septembre 2016.

Un mot sur l’affaire Belinga…

Au-delà de la mine de Mounana, Belinga constitue l’un de ces grands gisements sur lesquels l’Etat et les Gabonais devraient pouvoir s’appuyer, pour répondre à la question relative à l’après-pétrole et l’apport du secteur minier dans l’économie gabonaise. Naturellement, nous aurons Belinga. Nous remercions le président de la République d’avoir d’ailleurs ramené le projet du gisement de Belinga dans le domaine public pour une meilleure valorisation. Vous savez qu’il avait déjà été attribué. Or, aujourd’hui, le gouvernement est accompagné dans son travail par un partenaire technique, la société australienne SRK (SRK Exploitation Services Ltd, ndlr), qui effectuera la phase d’appréciation, parce que l’Etat, avant de réattribuer ce gisement, a besoin d’avoir une maitrise du potentiel dudit gisement. Dès que ces travaux seront faits, nous espérons d’ici à 2016, passer à la phase de promotion de Belinga, et espérons avoir un acteur majeur qui sera intéressé par l’exploitation de ce gisement.

Un autre sujet qui peut intéresser les Gabonais : Maboumine. L’affaire n’a pas autant défrayé la chronique que Belinga, mais Maboumine est un gros espoir minier. Il a subi un certain nombre de travaux de recherche et d’évaluation depuis quelques années. Dans ce projet, le Gabon est partenaire avec le groupe Eramet, qui en détient le permis. Nous avons vu certaines informations dans la presse, mais nous ne nous fions pas à la presse, parce que nous sommes encadrés par un contrat avec notre partenaire. A ce jour, Maboumine est à une phase qui peut permettre l’audition des derniers résultats rendus par l’opérateur. Principalement des résultats sur l’économie du projet, qui n’ont pas été satisfaisants pour le gouvernement gabonais, parce que depuis une dizaine d’années, nous avions connaissance d’une teneur précise de ce gisement. Or, du jour au lendemain, notre partenaire nous présente une autre carte des résultats. Face à cela, un audit strictement financier a été convenu pour voir si ce projet peut passer en phase de mise en œuvre, en tenant compte de l’environnement actuel, que nous savons difficile. Les résultats de cet audit que nous attendons confirmerons ou infirmerons l’environnement qui est en train de se casser la figure. Toutefois, nous restons optimistes quant à la poursuite avec ce partenaire, parce que ce projet de près d’une dizaine de kilomètres, un «scandale minéral», laisse espérer beaucoup d’emplois.

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