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Excédé par les brimades policières, Obame Ntoutoume s’immole par le feu
Publié le mardi 3 novembre 2015   |  Gabon Review


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© Autre presse par DR
Excédé par les brimades policières, Obame Ntoutoume s’immole par le feu


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Un jeune commerçant s’est transformé en torche humaine au commissariat central de Libreville, le 1er novembre dernier. Il entendait réclamer sa marchandise saisie par les agents de la police nationale.

Le vent de protestation et de revendication se fait de plus en plus glaçant à Libreville. Les victimes de la répression policière s’additionnent. Après le ras-le-bol des femmes commerçantes, amenées à se dénuder, le tour est revenu, le 1er novembre courant, à Béranger Obame Ntoutoume. La vingtaine, ce commerçant exerçant au marché de la gare routière s’est immolé par le feu pour réclamer sa marchandise, injustement saisie par des policiers.

De sources concordantes, le jeune homme serait arrivé à la préfecture de police, où sa marchandise avait été transportée, avec un litre d’essence et des allumettes. Il entendait contraindre les agents de police à lui restituer ses articles. Une doléance restée lettre morte et ayant abouti à son immolation. «Le jeune homme s’était acquitté de la redevance journalière auprès d’un premier groupe d’agents avant qu’un deuxième, qui ne voulait rien comprendre, ne vienne saisir sa marchandise. Après avoir réclamé sans succès sa marchandise confisquée, il a décidé de se rendre au commissariat où celle-ci avait été transportée. Arrivé sur les lieux, il s’est aspergé d’hydrocarbure et a allumé une tige. Le feu ayant épousé son corps, il est entré en courant dans le commissariat central», témoigne une source présente sur les lieux au moment des faits. Certains policiers contactés soutiennent cependant que Béranger Obame Ntoutoume s’est incendié alors qu’il était déjà dans le commissariat central. «Il était déjà dans l’enceinte de la PPL [Préfecture de police de Libreville – ndlr] lorsqu’il s’est mis le feu. Il a même tenté de rentrer en courant dans un bureau, mais on l’en a empêché», confirment un jeune policier et un éditeur Gabonais de presse.

Le candidat au suicide a été amené au Centre hospitalier universitaire de Libreville (CHUL) où il a reçu les premiers soins. Brûlé au second degré, il a ensuite été évacué à l’Hôpital d’instruction des armées Omar Bongo Ondimba, communément appelé «Hôpital militaire» et disposant d’une unité pour grands brûlés. Comme avec les commerçantes tout récemment dénudées, le ministre de l’Intérieur n’a pas été saisi à ce sujet par la hiérarchie de la police. Il n’en a été informé que parce qu’un autre ministre venait s’en enquérir auprès de lui. Si le commandant en chef de la Police est en déplacement à l’étranger, certains hauts gradés de la police lui reprochent un «sérieux problème de prise en mains des troupes.»

Ces derniers temps, les agents de la Police nationale ont brillé de plus belle par des contrôles musclés sur les taximen, les petits commerces et vendeurs ambulants. Les confiscations qui se soldent toujours par un paiement en numéraires et les «rackets» en tous genres perpétrés serviraient, selon des sources bien informées, à la construction de bâtiments en cours au sein de la préfecture de police. Comme quoi, les hiérarques de la Police ont trouvé là une source de financement parallèle et sans doute très fructueuse.

Ce fait divers, qui rappelle le facteur déclenchant du «Printemps arabe» en Tunisie, traduit une forme d’exaspération face à la toute-puissance des forces de l’ordre et à leur sentiment d’impunité. Il pourrait bien être le signe avant-coureur d’un embrasement généralisé si rien n’est fait pour rassurer les populations.

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