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Acte de naissance d’Ali Bongo : Le coup de massue des archives de Nantes
Publié le samedi 20 juin 2015   |  Gabon Review


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© Autre presse par DR
Et voici l’acte de naissance d’Ali Bongo


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Les manifestants gabonais qui attendaient dans l’allégresse le verdict des archives coloniales de Nantes concernant la naissance à Brazzaville du président de la République, dont l’acte de naissance est querellé, ont dû déchanter. Nantes confirme la naissance d’Ali Bongo dans l’ancienne capitale de l’Afrique équatoriale française (AEF). Comme un coup de hache qui vient trancher sur la polémique.

Le fantasme de Nantes s’est réalisé et n’a pas été aussi jouissif que l’espéraient tous ceux qui croyaient que les archives coloniales de cette ville de France ne contenaient pas le Graal tant recherché : l’acte de naissance d’Ali Bongo. Donnant suite à une démarche entreprise par un collectif de Gabonais emmené par Daniel Mengara, leader du mouvement Bongo Doit Partir-Modwoam et Porte-parole des «Gabonais politiquement engagés en Amérique du Nord», le Service central de l’État civil de Nantes a produit, ce 19 juin, un extrait d’acte de naissance indiquant qu’Ali Bongo est né à Brazzaville en 1959, ainsi que l’a toujours soutenu la version officielle.

De nouveaux doutes ont cependant été soulevés par le fait que le document produit n’est pas la reprographie d’un original, mais un «extrait délivré selon procédé informatisé». Si d’aucuns lui reprochent de ne pas être signé «par un des géniteurs au moins (père ou mère) ou un éventuel déclarant» ou encore de ne pas comporter «le nom et prénom du père, sa date de naissance et sa profession ainsi que sa signature», le document fourni par les archives de Nantes est cependant conforme à la demande de Daniel Mengara qui, le 10 juin dernier, écrivait : «L’extrait d’acte de naissance sans indication de filiation d’Alain Bongo ou Alain Bernard Bongo qui sera délivré par Nantes aura des informations suffisamment pertinentes pour nous permettre de répondre à toutes les questions que nous nous posons depuis, au moins, 2009». Et voilà : Nantes a livré un «extrait d’acte de naissance sans indication de filiation», tel que l’attendait Mengara.

Les observateurs incisifs pouvaient d’ailleurs s’attendre à la production de ce document. En mars dernier en effet, Me Éric Moutet, avocat d’Onaida Maisha Bongo Ondimba, qui avait saisi le procureur de la République de Nantes sur l’état civil du président de la République, avait laissé entendre que «le parquet [de Nantes] semble confirmer l’existence d’un acte, bien qu’il en refuse la communication en l’état». C’est sans aucun doute le document soupçonné par cet avocat qui vient d’être livré à Daniel Mengara et aux membres de la communauté gabonaise qui manifestaient devant le Service central de l’État civil de Nantes.

Initié par Luc Bengone Nsi durant le contentieux électoral de 2009, remis à l’ordre du jour et amplifié par le livre de Pierre Péan, «Nouvelles Affaires africaines – Mensonges et Pillage au Gabon», l’acte de naissance d’Ali Bongo aura fait coulé beaucoup d’encre et de salive ces derniers temps. Au centre du débat politique depuis la sortie de l’ouvrage de Péan en octobre 2014, il laissait sous-entendre l’incapacité du chef de l’Etat à se porter candidat à sa propre succession lors de la présidentielle de 2016. Ainsi, après avoir longtemps fantasmé sur l’infécondité des archives de Nantes, qui ne pourront désormais plus se dédire sur le sujet, l’opposition gabonaise va devoir réviser sa rhétorique. «Ils sont eux-mêmes allés à Nantes. Ils ont fait des pressions comme l’a dit le Pr Mengara. Ils ont eu gain de cause et ont reçu une réponse, contraire à ce qu’ils espéraient. Ce débat sur l’acte de naissance a même plombé l’ardeur au travail de l’administration de l’Emergence, allant jusqu’à créer le doute chez certains ministres. On espère qu’il est définitivement clos», estime un haut cadre de la Présidence de la République, joint au téléphone.

Invoquées depuis des années et perçues comme l’ultime recours, comme le lieu de la vérité incontestable, les archives coloniales de Nantes viennent donc de se prononcer. On ne saurait penser qu’elles pourront prochainement se désavouer. Ceci devrait en effet mettre un terme à la controverse autour de l’acte de naissance d’Ali Bongo… à moins d’un improbable rebondissement. Sur les réseaux sociaux gabonais où nombreux ont reçu l’information comme une douche froide et où la polémique prend d’autres tournures, un cercle dénommé Cohérence Démocrate qui se place au centre et appelait début-juin à la révision de la constitution dans le sens voulu par l’opposition, «invite désormais tous les acteurs politiques et la société civile au débat constructif. Discutons de la constitution, de la gouvernance. Le débat d’idées sur l’amélioration des conditions de vie des populations gabonaises.» Chiche !

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