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Climat des affaires : Un peu plus sur le bras de fer Santullo/Etat
Publié le vendredi 22 mai 2015   |  Gabon Review


Guido
© Gabon Review par DR
Guido Santullo


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Opposée à l’Etat gabonais depuis plusieurs mois pour non-paiement de factures, Sericom Gabon, filiale du groupe italien Santullo, a menacé de stopper l’ensemble de ses chantiers en cours d’exécution. Surtout, l’entreprise est décidée à porter ce conflit en arbitrage.

130 milliards de francs au bas mot ! Tel est le montant de l’ardoise de l’Etat gabonais vis-à-vis de Sericom, filiale gabonaise du groupe italien Santullo. Une situation qui a visiblement terni les relations entre les deux parties, pourtant réputées cordiales jusque-là. La partie italienne s’offusque de ce que l’Etat gabonais refuse de s’acquitter de sa dette. «Nous avons adressé une lettre au ministre dans laquelle nous signifions clairement un ultimatum : à l’expiration de celui-ci, nous arrêterons le déroulement du chantier de Mayumba-Tchibanga, notamment», a menacé Guido Santullo, visiblement décidé à entrer en possession de son dû. Cette situation est d’autant plus étrange que l’Etat reconnait le montant de la facture, mais peine à s’en acquitter. «Le chef de l’Etat en personne a visité certains de nos chantiers, notamment l’axe Ndendé-Mouila, où nous sommes à plus de 60% de travaux réalisés. Un marché de 82 milliards de francs, alors que nous n’en avons reçu que deux, au lieu de cinquante minimum comme le suggère la loi», déplore l’homme d’affaires.

Dans le même sens, l’homme d’affaires italien souligne que le président de la République a également visité l’école de Fougamou, félicitant au passage l’entreprise. «Mais là encore, nous n’avons encaissé que 7 milliards de francs alors que le marché est estimé à 19 milliards. A Ndendé, le chantier, évalué à 5 milliards, a été livré depuis deux ans et demi sans que la dette y relative ne soit apurée. «Ce qui nous amène à nous demander pourquoi l’Etat a signé de tels marchés alors qu’il était conscient qu’il n’avait pas les moyens de payer», interroge-t-il. «Pourquoi ne sommes-nous pas payé alors que le chantier a été livré depuis belle lurette ?», ajoute-t-il. Des questions auxquelles personne ne daigne répondre. «A qui doit-on s’adresser dans ce cas ? Comment peut-on poursuivre les travaux dans ces conditions ?», demande Guido Santullo, visiblement désabusé.

Cette situation est d’autant plus étonnante que les contrats ont tous été budgétisés et inscrits dans la loi des finances. «Et encore, nous qui avons certainement le coût au kilomètre le plus attractif du marché (700 millions/km contre 1 à 1,2 milliard/km en moyenne), sommes marginalisés par rapport à nos concurrents», juge-t-il, avant d’annoncer la décision de son groupe d’aller en arbitrage, «Par ailleurs, lorsque nous demandons des explications au ministère du Budget, on nous raccroche au nez. Même son de cloche au ministère des Travaux publics et même à la Primature. A qui doit-on s’adresser dans ce cas ? Comment peut-on poursuivre les travaux dans ces conditions ? D’où notre décision d’aller en arbitrage. Car, même après avoir sollicité une audience avec le chef de l’Etat pour expliquer de quoi il en retourne, nous n’avons jamais reçu de réponse jusqu’ici.».

Selon lui, les chantiers seront arrêtés et l’Etat supportera les conséquences liées à l’arbitrage, avec les dommages et intérêts que cela implique. Anticipant les commentaires selon lesquels cette décision s’apparente à du chantage, l’entrepreneur explique : «Si nous n’avons pas encore rendu cette décision effective, c’est tout simplement parce qu’elle nous coûtera au bas mot 25 milliards de francs, notamment pour l’opération de retrait du matériel. Nous brandissons cette menace, qui n’est pas vaine, dans l’espoir que notre interlocuteur fasse un geste». «Sur la route de Tchibanga par exemple, c’est Santullo qui a procédé à la destruction des habitations qui étaient sur le tronçon, alors que c’était à l’Etat de le faire. Ce qui, bien évidemment, a impliqué des coûts supplémentaires», révèle-t-il, avant d’ajouter : «Avant mon départ en Europe dans quelques semaines, nous arrêterons effectivement l’ensemble de nos chantiers. Cela s’effectuera en deux parties avec l’arrêt du terrassement et la protection de la première couche de bitumage déjà réalisé, qui s’étalera sur une période de deux à trois mois, même si l’arbitrage devrait durer minimum un an et demi».

«L’entreprise survivra après moi. Les personnes ressources, les actionnaires, mes héritiers, se chargeront de gérer ce litige avec l’Etat gabonais si je venais à disparaître», poursuit-il quelque peu amer et parfaitement conscient de son grand âge, déplorant cependant les conséquences de cette situation sur les emplois. De 1700 employés, l’entreprise est, en effet, passée à 600. «Même les missions de contrôle des chantiers routiers ont plié bagage pour non-paiement de l’Etat. C’est dire la gravité de la situation», soutient-il avant de se faire menaçant : «Si l’Etat gabonais persiste dans cette voie, celle de ne pas me payer, je saisirais un certain nombre de choses, comme je l’avais déjà fait en Guinée». Voilà qui est clair…

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