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Après 18 jours de détention : Annie-Léa Meye réaffirme sa détermination à se «battre»
Publié le mercredi 6 mai 2015   |  Gabon Review




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En liberté provisoire après avoir été détenue dans une cellule de la police judiciaire (PJ) puis dans un cachot de la direction générale de la contre-ingérence et de la sécurité militaire (B2), l’activiste de la société civile encartée à l’Union nationale s’exprime sur les conditions de sa détention et les faits qui lui sont reprochés.

Gabonreview : Quel est votre état de santé après 18 jours de détention ?

Annie-Léa Meye : Je me donne le temps de me rétablir petit à petit. Mais j’ai eu des douleurs d’estomac terribles pendant que j’étais là-bas, en plus des violents maux de tête à cause de ce qui se passait dans les locaux où nous étions détenues.

Que s’y passait-il ?

Cet endroit n’est pas de tout repos. Ils font plusieurs patrouilles toutes les nuits, souvent à des heures tardives, et à chaque fois ils ramènent des gens qu’ils frappent. Ce qui cause un vacarme insupportable et nous a empêché de nous reposer, avec les effets que cela implique pour le moral. Il faut sans doute croire que c’est la prison et que c’est normal.

Il a été annoncé que pendant votre détention vous vous êtes imposée une grève de la faim en dépit de votre état de santé jugé fragile. Qu’en est-il ?

Oui, j’ai dû m’imposer une grève de la faim au début de ma détention, parce que la police judiciaire fonctionne selon des méthodes de la Gestapo. D’une part, ma grève exprimait mon mécontentement suite à l’enlèvement dont j’ai été victime, parce que mon interpellation s’est faite au mépris des procédures qui auraient dû être observées. Près d’une quinzaine d’agents sont arrivés chez moi samedi 18 avril au matin, causant plusieurs dégâts matériels, et traumatisant tous les occupants ainsi que le voisinage. Par la suite, je suis restée à la PJ de 6 h à 16 h, sans que personne ne daigne m’expliquer les raisons de cette interpellation. Je le répète, cette interpellation n’est pas loin d’un enlèvement digne de la Gestapo. Ils me l’ont d’ailleurs démontré quand j’ai exigé de voir un avocat conformément à la loi : l’un d’eux, avant de m’arracher violemment le téléphone des mains, m’a rétorqué : «Vous dites ça, mais nous ont fait comme on veut !»

D’autre part, j’ai refusé de m’alimenter en disant aux agents du B2 que j’étais au courant des rumeurs qui rapportent que dans leurs cellules des prévenus décèdent dans des conditions mystérieuses, soit par empoisonnement soit des suites de tortures. Et ce n’est qu’en fin d’après-midi que j’ai été confrontée à cinq procureurs. Avec ces derniers, on ne s’est entretenu que pendant une dizaine de minutes sans plus.

Que vous est-il exactement reproché ?

Ce qui est curieux c’est que j’ai dû leur tirer les vers du nez pour qu’ils m’expliquent exactement ce qui justifiait mon arrestation. Au cours du bref entretien qu’on a eu, les individus que l’on m’avait présentés comme étant des procureurs m’ont laissé entendre que j’étais filée depuis le 20 avril 2015, et que j’avais été citée par un certain Bobo que je ne connaissais pas, et par Pascal Edzang qui dit me connaître. Mais il se trouve que j’ai été arrêtée à 5 heures du matin et M. Edzang dans la journée, plusieurs heures après moi. Il n’était donc pas possible qu’il m’ait citée. D’ailleurs «pourquoi ?», leur ai-je demandé voyant qu’ils se perdaient dans leurs accusations. D’après eux, j’avais été citée à cause d’un rassemblement au siège de l’Union nationale que j’aurais initié le 12 avril 2015 suite à l’annonce du décès d’André Mba Obame. Rassemblement qui aurait eu pour conséquences les troubles sur la voie publique et l’incendie de l’ambassade du Bénin. Ce à quoi j’ai répondu «faux !», parce que je n’avais pas mis pied là-bas, en leur racontant ma journée de dimanche.

A 18 heures, un capitaine de la PJ m’a entretenue pour un interrogatoire, mais seulement quelques minutes après le début de l’entretien, il a suspendu l’interrogatoire et m’ont conduit au B2 sans explication, et sans me l’avoir signifié au préalable. J’ai compris après qu’ils m’ont exfiltrée parce qu’il y avait des gens dehors, qui attendaient et exigeaient que nous soyons libérées. Ces personnes ont d’ailleurs attendu longtemps à la PJ, pensant que Mme Toussaint et moi y étions encore.

Liberté provisoire, cela veut donc dire que les accusations tiennent toujours…

Sans nul doute. Mais il nous a été donné de comprendre que notre arrestation ne reposait sur rien ou presque, puisque la seule chose qu’on nous a brandie est d’être parmi les personnes qui appellent à la mobilisation des Gabonais lors des meetings ou autres sorties de l’opposition. En quoi est-ce un crime ? Du procureur de la République, Sidonie Flore Ouwé, qui est venu me voir au B2 lundi à 21 heures, aux agents qui m’ont interrogé, il ressort qu’ils n’ont aucune preuve m’impliquant dans quelque délit que ce soit, et le fameux Bobo qu’on a dit m’avoir citée a formellement nié l’avoir fait. Ils n’ont d’ailleurs cessé de dire «il paraît ; il semble que ; on vous a vu.. ». Ce qui montre clairement qu’il s’agit d’un dossier vide. Ce qui a notamment conduit à notre libération provisoire, non sans nous avoir demandé de rester à la disposition de la justice pour d’éventuelles nécessités. Ne disposant d’aucune preuve contre nous, le procureur qui nous a entendues avant notre libération a tenté de se servir du rire de Mme Georgette Toussaint lors de l’audience comme pour nous impliquer pour outrage à la cour. Ça, je m’y attendais un peu !!!

Je leur ai clairement signifié que cette forme de justice est une machine à créer des opposants. Et pour ma part, je suis plus que jamais déterminée à me battre pour qu’on dégage les forces de prédation et d’occupation qui sont à la tête de notre pays, et qui ont leurs démembrements dans tous les secteurs.

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