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Gouvernement Ona Ondo : pas de reforme politique jusqu’en 2016 ?
Publié le mardi 11 fevrier 2014   |  Gabon Review


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© Gabon Review par DR
Les membres du nouveau gouvernement Ona Ondo


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L’équipe conduite par le Pr Daniel Ona Ondo, dont la feuille de route est déjà toute tracée, ne s’attaquera qu’aux préoccupations sociales des populations. Quid des réformes politiques dont le Gabon a besoin pour avoir un climat social apaisé ?

Comme l’a dit un opposant gabonais il y a un an, « le devoir d’un chef d’Etat consiste aussi à améliorer le fondement démocratique du pays ». Visiblement, le président Ali Bongo Ondimba, de qui de nombreux d’acteurs politiques espéraient une révision de la Loi fondamentale pour donner un cadre plus démocratique aux institutions, ne songe vraisemblablement pas à insuffler une nouvelle ère au processus démocratique. En tout cas, si l’on se base sur ses deux premières sorties publiques de l’année, notamment celle du 29 janvier, on ne trouve aucune trace d’une volonté d’apporter du sang neuf aux dispositions constitutionnelles actuelles.

Toujours pas de limitation du mandat présidentiel

Pourtant, dans les années 1989-1990, Ali Bongo faisait partie, avec notamment André Mba Obame, Adrien Nkoghé Essingone et Germain Ngoyo Moussavou, de ceux qui, face au mur du parti unique, poussaient à la démocratisation des institutions du pays. Dire que même « le discours de Bitam » de novembre 1989, dans lequel le président Omar Bongo avait réaffirmé, avec force, son opposition à l’introduction du multipartisme au Gabon, ne les fit pas reculer. Ali Bongo et ses amis restèrent déterminés pour convaincre Omar Bongo, en ce début d’année 1990, que le multipartisme constituait la seule issue pour sortir de la crise politique et morale que connaissait alors le pays. Et Omar Bongo finit par céder en mettant en place une Commission spéciale pour la Démocratie en janvier 1990. La Conférence nationale vint confirmer le souhait des forces vives de la Nation de voir le pays s’ouvrir à la démocratie. Et même si le Président Bongo revint, par petites touches et année après année, sur toutes les décisions qui avaient été adoptées lors de ces assises politiques nationales, cette étape du processus pouvait être considérée comme une victoire d’Ali Bongo et ses amis sur les « tenants de l’ordre ancien ».

Dès lors, on peut trouver curieux que celui qui a tout fait pour que le dialogue s’instaure, en 1989, avec l’opposition en exil incarnée par Paul Mba Abessole, s’agrippe à une Loi fondamentale pas si démocratique, une Loi fondamentale qui ne donne pas les mêmes chances à tous les candidats au fauteuil présidentiel. Comment peut-on en effet expliquer que, parvenu au pouvoir en 2009, le chef de file du courant des Rénovateurs du PDG reste cramponné sur la Constitution inspirée à son père par Guy Nzouba Ndama et d’autres constitutionnalistes notoirement antidémocratiques ? Une Constitution basée sur l’injustice et la roublardise, une Constitution dont l’impossibilité d’alternance et l’absence de neutralité constituent les deux mamelles.

Toujours pas d’élection à deux tours

Le gouvernement Ona Ondo qui devrait aller jusqu’au terme du mandat du chef de l’Etat actuel, c’est-à-dire en août 2016, n’a pas reçu mandat de proposer des réformes politiques ou institutionnelles. Le Gabon va donc garder cette Constitution inique où le plus fort doit rester en place, où le plus fort doit conserver le pouvoir, où les rapports de force dans la compétition sont inégaux. Il n’y aura en effet pas d’élection à deux tours.

Avec l’élection à deux tours, les jeux restent ouverts, alors que le scrutin à un tour qui « accorde toujours une prime au sortant », selon un sociologue gabonais, enseignant à l’UOB, est « du pain bénit pour les pouvoirs en place ». En dépit des demandes fortement exprimées dans l’opinion pour une élection à deux tours et pour une limitation du mandat du président de la République (cinq ou sept ans, renouvelable une fois), le pouvoir actuel se cramponne et s’accroche aux dispositions constitutionnelles actuelles.

Guy Nzouba Ndama avait expliqué, à l’époque, que l’élection à deux tours coûtait trop cher aux contribuables, et que, « pour en limiter les coûts, il fallait une élection à un tour ». Cette option a toujours été rejetée par les populations qui souhaitent que les jeux soient plus ouverts lors des consultations électorales. De toute évidence, les arguments en faveur d’un scrutin à un tour ne résistent pas à l’examen, même lorsque certains responsables du PDG mal inspirés tirent leur comparaison du modèle américain. Alors, quitte à accepter le modèle américain, allons-y sur un mandat de quatre ans, renouvelable une fois…

Savoir anticiper sur des réformes qui peuvent devenir des sujets d’inquiétude

Faudrait-il que la rue s’empare de tels sujets pour faire bouger les gouvernants, alors que le gouvernement pourrait initier un projet de révision constitutionnelle sur ces deux points, ou réunir, sans une pression quelconque, la classe politique et la société civile pour aller vers la décrispation, après la crise morale et politique née de la proclamation des résultats d’août 2009 que Jean Ping, un des poids lourds de la politique gabonaise, vient lui aussi de remettre en cause. Car bien que cette crise morale et politique soit sourde et à peine audible, elle est bien présente. Pour le sociologue cité plus haut, « les autorités actuelles devraient en fait anticiper sur des réformes institutionnelles avant qu’elles deviennent des sujets d’inquiétude, il faut savoir dégripper les rouages d’un malaise moral et d’une crise politique, car l’étalage de ce manque de volonté politique exerce une violence symbolique sur ceux qui veulent plus de démocratie »... En fait, à la nouvelle gouvernance sociale souhaitée pour faire face à la pauvreté et à la précarité, il aurait fallu associer une nouvelle gouvernance politique marquée par des dispositifs plus démocratiques.

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