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«Je n’ai peur de personne», dixit Jean Ping qui casse la baraque
Publié le dimanche 2 fevrier 2014   |  Gabon Review


Jean
© Autre presse par DR
Jean Ping, l’ancien président de la Commission de l’Union africaine


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Après plus d’un an de silence sur lui-même et sur l’action politique des autorités gabonaises, Jean Ping, l’ancien président de la Commission de l’Union africaine, a surfé sur le séminaire atelier des «Souverainistes», le 1er février 2014, pour sortir de sa réserve et dire les choses telles qu’il les pense, mettant en déroute aussi bien ses détracteurs que sa traditionnelle famille politique

Invité à livrer une communication sur «l’Union africaine et les droits de l’homme» au séminaire atelier du mouvement dit des «Souverainistes» – courant né au sein de l’Union nationale, le célèbre parti d’opposition prohibé au Gabon -, Jean Ping, néo homme d’affaires, ancien ministre Gabonais des Affaires étrangères, ancien président de la Commission de l’Union africain, s’est montré plutôt expansif face aux questions et aux inquiétudes de l’assistance qui l’attendait sur des sujets relatifs à l’actualité nationale et à sa position politique.

«C’est la première fois que je m’exprime depuis que je suis au Gabon. Vous m’avez invité pour parler d’un sujet. Mais j’entends vos critiques, vos craintes et vos doutes des deux côtés de la barrière. Je vous dirai d’une manière très claire, très simple : je n’ai absolument plus rien à voir avec les autorités en place», a déclaré Jean Ping, longtemps considéré comme un membre de la coterie des Bongo pour avoir notamment été le compagnon de Pascaline Mferri Bongo Ondimba avec laquelle il a eu deux enfants.

Revenu de l’Union africaine qu’il a supervisé après un seul mandat de quatre ans, Jean Ping explique : «Je suis rentré après ma défaite à l’Union africaine en disant, malgré le fait qu’ils ont comploté pour que je parte, je m’en vais tranquillement au village. Je ne fais plus de politique. J’estimais avoir donné beaucoup à mon pays, mon continent et même au monde ; que, peut-être qu’il était temps d’aller profiter un peu de la vie. Mais est-ce-que vous savez ce qui s’est passé au plan simplement économique ?»

Et l’ancien ministre d’Omar Bongo de laisser entendre que des traquenards lui ont été tendus pour l’empêcher de travailler : «J’ai créé un bureau de consulting et on m’a dit qu’on a tout fait pour que je ne travaille pas avec le Gabon. On a même demandé à mes enfants de s’exiler. Je me suis dit qu’il est mieux que je n’aie plus à faire avec des gens comme ça. Donc, je travaille partout ailleurs, sauf au Gabon, où je gagne assez bien ma vie et où je peux estimer que je suis à l’abri du pétrole et je n’irai gratter la tête chez personne pour lui demander quoi que ce soit. C’est irréversible», a souligné Jean Ping pour bien marquer sa démarcation, son divorce les autorités de Libreville.

«Eux, ils se disent, Ping est un peureux, jamais il n’osera franchir le Rubicon. Vous également vous dites la même chose. Pour une fois vous vous entendez. Mes chers frères et sœurs, j’aurai peur de quoi ? De qui et pourquoi ? J’ai pris des risques dans ma vie et pour d’autres pays. Si vous voulez me tuer, tuez-moi.

Je n’ai peur de personne. Je suis un homme modeste, à la limite timide, mais il ne faut pas confondre la timidité avec la peur», a clarifié Jean Ping non sans rappeler qu’il appartient à une fratrie ayant marqué l’histoire du pays pour son engagement politique. Et l’on pense à Pierre-Louis Agondjo Okawé, défunt leader du Parti gabonais du progrès (PGP), l’une des locomotives de l’opposition dans les années 90, ou encore à Joseph Rendjambé Issani, assassiné en mai 1990 après avoir été l’un des principaux artisans du multipartisme au Gabon lors de la conférence nationale de 1990. Jean Ping n’a également pas manqué de rassurer l’assistance sur sa nouvelle posture qu’il estime être claire et connue des autorités gabonaises.

Abordant sa prétendue ambition de briguer le poste de secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie, qui serait mal vue par le pouvoir en place, l’ex-président de la Commission de l’Union Africain a rassuré sur son indifférence à ce sujet. «Il y a un point avec lequel je suis en accord total avec nos dirigeants : ils ne veulent pas que j’aille à la Francophonie et moi-même je ne veux pas aller à la Francophonie. Donc je n’irai pas à la Francophonie. Je reste ici. Je n’irai nulle part. On m’a même proposé d’être au comité des sages de l’Union africaine, j’ai dit je suis ici et je reste là», a-t-il dit.

Si d’aucuns estiment qu’il est tout de même tard pour M. Ping de jouer au donneur de conseils ou de demander aujourd’hui des comptes, le désormais consultant international, contraint professionnellement au silence pendant une bonne période, a jugé utile de clarifier les choses comme pour dire qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, surtout lorsque l’opinion ne sait rien du lobbying ou des actions entreprises en couloir qui ont été bloquées par les institutions locales ou anéanties par l’inaction de la rue ou des acteurs politiques.

«Pour les morts de Port-Gentil, qu’avez-vous fait ? Vous avez saisi qui ? Le représentant de l’UPG à Bruxelles a saisi la cour Européenne des droits de l’homme et je peux vous rassurer que ça fait beaucoup de mal. Qu’est-ce que vous attendez ? Croyez-vous que ça tombera du ciel ? Les cours n’ont pas le droit de s’autosaisir. Il faut les saisir.

Elles ne peuvent pas aller chercher les affaires. Donc à partir de ce moment-là, il faut faire ce qu’on doit faire. Il n’est jamais trop tard», a indiqué Ping, avant d’ouvrir, en guise de conclusion, une fenêtre qui pourrait raviver des plaies : «qui a gagné les élections présidentielles anticipées d’aout 2009 ? Vous avez encore des doutes ?».

Pour son tout prochain bruit, le diplomate a annoncé la sortie d’un livre de sa plume intitulé «Éclipse sur l’Afrique, fallait-il tuer Kadhafi ?». On peut être assuré que Jean Ping vient d’ouvrir un front qui va l’exposer, dans les jours qui suivent, au feu nourri de la presse gabonaise proche du pouvoir. Il ne serait donc pas étonnant d’apprendre que l’homme est un lâche, un ingrat, un incapable, quelqu’un qui s’est nourri à la mamelle du Bongoïsme et qui aujourd’hui mord ce sein. En tout cas, on peut s’attendre à de belles proses… en lettres de feu. L’homme l’aura cherché.

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