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Billie By Nze en fait-il trop ?
Publié le lundi 16 mars 2015   |  Gabon Review


Billie
© Autre presse
Billie By Nzé, Porte parole de la Présidence de la République gabonaise


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Nommé en février 2012, le porte-parole de la présidence est devenu porte-parole de tout, y compris de la famille à laquelle appartient le président de la République. Cela peut correspondre à la répartition des rôles voulue par ses supérieurs hiérarchiques. Mais, tout ceci renvoie une impression d’embrouillamini, de mélange des genres et finalement de fuite en avant. Tout ce qu’il y a de plus contreproductif.

«Porte-parole de la présidence de la République, du gouvernement, de la majorité présidentielle, du PDG ou, maintenant, de la famille Bongo» ? L’opinion publique en est encore à s’interroger sur le rôle et les attributions réels d’Alain-Claude Billie By Nze. Après sa sortie sur les querelles auxquelles se livre la descendance d’Omar Bongo Ondimba pour le contrôle de l’héritage, cette question revient, lancinante et déconcertante. Tel le personnage de Tarzan, l’homme va de liane en liane, saisissant tout et rien dans cette jungle où affaires publiques et privées, questions régaliennes et politiques, histoires institutionnelles et politiciennes, scandales juridico-administratifs et financiers se mêlent et s’enchevêtrent allègrement, donnant le tournis au commun des observateurs. Agenda du président de la République, état-civil et filiation d’Ali Bongo, activités gouvernementales, mouvements du personnel politique, investissements d’entreprises privées comme Olam, fonctionnement des partis politiques de la majorité ou de l’opposition, règlement de la succession Omar Bongo Ondimba, l’homme se mêle de tout, a réponse à tout sur tout. Ce professionnel du verbe et de l’image occupe l’espace public et médiatique en permanence, assénant analyses, commentaires, approximations, demi-vérités, contre-vérités avec le même aplomb. Jamais, il n’avoue son ignorance, sa méconnaissance ou son incompétence sur un sujet. Toujours, il se laisse emporter par sa supposée faconde et sa légendaire gouaille, outrepassant son mandat.

Nommé conseiller politique du président de la République, porte-parole de la présidence de la République le 29 février 2012, Alain-Claude Billie By Nze s’est davantage installé dans le rôle de commentateur voire de redresseur de tort. S’il s’est souvent montré tranchant, incisif, l’acteur laisse dubitatif. Aucun mouvement de fond, aucune adhésion populaire n’ont été suscités par ses différentes argumentations. Jamais son propos n’a fait bouger les lignes. A aucun moment, il n’a permis de clore une polémique. Bien au contraire, il a parfois contribué à débusquer des lièvres. Comme toujours quand le mélange des genres, l’outrance et la prétention à l’érudition prennent le pas sur la clarté, l’humilité et l’honnêteté intellectuelle, l’opinion est partagée entre scepticisme et psychologie de bazar. Si l’on s’en tient au sentiment populaire, exprimé de manière diffuse, ses interventions sont de plus en plus contreproductives.

Gesticulations

Engagé en politique dès le début de son cycle universitaire, le porte-parole de la présidence de la République a toujours cru au mentorat. Pour lui, la politique est un alliage de communication, développement personnel, apprentissage et réflexivité. De ce point de vue, il songe toujours et avant tout à établir une relation de confiance voire fusionnelle avec ses mentors. Se voulant davantage disciple que collaborateur, il n’a cure des anathèmes entendus çà et là. Certes, la configuration de l’administration et des cabinets politiques n’est pas figée. Pour sûr, l’opinion ne maitrise pas toujours les tenants et aboutissants de certains dossiers. Evidemment, elle peut être objet de manipulation ou d’intox. Naturellement, elle nourrit tous les fantasmes au sujet de la gouvernance politique. Mais, on le constate avec curiosité, elle est surtout surprise par l’activisme du porte-parole de la présidence de la République et sa tendance à se mêler de tout.

Le positionnement politique n’a rien à voir dans cette désaffection populaire. La preuve : quand on évoque la succession Omar Bongo Ondimba, de nombreux compatriotes expriment leur désir de faire la lumière sur l’ensemble des fortunes amassées depuis 1967. La théorie selon laquelle «l’opposition lave plus blanc que blanc» ne suffit plus pour justifier ce désamour. Au contraire, l’opposition est généralement attaquée sur les fortunes supposées et bilans individuels de ses principaux animateurs. Plus elle dénonce «la mécanique implacable de captation des deniers publics», plus on convoque le passé, ressasse les déviances de l’ère Omar Bongo Ondimba pour en attribuer le monopole à ses ténors. Sur ce point, l’opinion renvoie dos-à-dos les deux camps, avec cependant une différence de taille : autant on sait gré aux leaders de l’opposition de ne pas tout prendre par-dessus la jambe, de ne pas agir systématiquement par délégation, autant à travers le mutisme d’Ali Bongo et les gesticulations d’Alain-Claude Billie By Nze, l’opinion croit déceler un refus de rendre des comptes et une fuite en avant savamment conçue. Certains en sont encore à se demander de quelle légitimité peut se prévaloir le second quand il s’avance sur l’état-civil et la filiation du premier, les querelles de succession internes à la famille Bongo ou les origines de leur fortune supposée.

Clarification des rôles

Il est un fait : Alain-Claude Billie By Nze est une fréquentation de très, trop fraîche date pour Ali Bongo et les siens. Il est une vérité : en moins de six ans, l’homme est parti du RPG au PDG en passant par le RDP dont il fut même secrétaire général. Il est une donnée : il n’a intégré le PDG qu’à la faveur du congrès d’avril 2013, auréolé de son titre de «conseiller politique du président de la République, porte-parole de la présidence de la République». Pour toutes ces raisons, il ne peut prétendre tout savoir sur une famille dont il n’est ni un intime ni un membre sans passer pour un hâbleur. Il ne peut revendiquer une parfaite compréhension du mode de prise de décision d’une personnalité qu’il côtoie depuis seulement trois ans sans laisser le sentiment de fanfaronner. Il ne peut se poser en meilleur exégète de politiques publiques qu’il découvre en même temps que tout le monde sans légitimer le procès en incompétence instruit contre son camp. Il ne peut se poser en pourfendeur de l’apostasie politique sans renvoyer l’image d’un renégat, d’un flatteur, un brin opportuniste. Au demeurant, il crée du flou et instille la suspicion là où il faut de la clarté et de la confiance.

En raison d’un certain nomadisme politique, d’une propension à se livrer à des zigzags idéologiques et à défendre tout et son contraire avec le même culot, la même mauvaise foi, le porte-parole de la présidence de la République a fini par devenir inaudible. Une partie de l’opinion lui recommande de la retenue et de la mesure. Un autre affirme qu’il n’en sait pas plus que le commun des mortels sur les sujets qu’il aborde. Convaincue qu’un converti est toujours zélé, l’opinion le décrit d’abord comme le porte-parole de lui-même, le VRP de sa propre personne. Pour crédibiliser sa parole, il faudrait, sans délai, clarifier ses missions. Autrement dit, il faut délimiter son champ d’intervention. Circonscrire son rôle aux questions régaliennes, c’est-à-dire aux relations internationales, à la défense et la sécurité intérieure, aux négociations avec les institutions financières internationales et à l’application de la loi, serait salutaire. Bien entendu, dans cet exercice, il faudrait se garder de ne pas empiéter sur le rôle du gouvernement. Si cet aggiornamento peut être amorcé, ce sera pour son plus grand bien et celui de son mentor Ali Bongo.

Aussi élémentaire que cela puisse paraître, il faut discipliner la prise de parole dans l’entourage du président de la République. En un mot comme en mille, une clarification des rôles s’impose : à Denise Mekam’ne les développements sur la mise en œuvre des politiques publiques, à Jean-Sylvain Mandza les circonvolutions sur la politique politicienne et les relations entre partis, à Guy-Christian Maviogha les sinuosités de la vie de la majorité présidentielle et à l’un des 52 frères et sœurs d’Ali Bongo les méandres des questions familiales. Il ne sert à rien de laisser Alain-Claude Billie By Nze se prononcer sur le statut matrimonial d’Ali Bongo si des actes notariés doivent le contredire le lendemain. Tout cela fait désordre. Davantage aujourd’hui qu’hier, un partage des responsabilités est nécessaire. «Chacun son métier et les vaches seront bien gardées», nous apprend Florian dans une de ses plus célèbres fables. Si on en est tous convaincus, chacun jugera Ali Bongo à sa capacité à s’adapter, à réformer, à faire faire tout en assumant sa part de responsabilité. Savoir faire faire, savoir-faire, savoir-être et savoir, sont les piliers indissociables de la gestion d’un Etat….

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