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Des bleus à l’âme
Publié le mercredi 4 mars 2015   |  Gabon Review


René
© Autre presse par DR
René Ndémezo’Obiang,ancien secrétaire général adjoint et porte-parole du PDG


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Précédé d’une réputation de manœuvrier hors pair et de politique chevronné, l’ancien député de Bitam vient de quitter le PDG. S’il a fait étalage d’un sens de la communication et est présenté comme un ancien baron, les années passées au sein du parti au pouvoir n’ont visiblement pas laissé que de bons souvenirs en lui.

Le bleu rappelle la mer et le ciel. Il symbolise la fraîcheur, la sensibilité et surtout la paix, le calme, la sérénité. René Ndemezo’Obiang le sait certainement. Pour sa déclaration de rupture avec le PDG, il arborait un costume bleu. Sans doute, le signe d’une envie d’afficher une paix intérieure, de se montrer serein et résolument engagé dans la recherche de solutions aux tourments de la société gabonaise. Est-ce un hasard s’il a voulu se vendre en racontant sa propre histoire ? Est-il opportun de ne pas interroger ses vœux de prompt rétablissement adressés à André Mba Obame ? Peut-on minimiser ses excuses pour son choix de 2009 quand il décida de soutenir le candidat Ali Bongo ? Est-on fondé à sous-évaluer sa tirade consacrée à ses électeurs de Bitam ?

A l’évidence, son discours a été rondement construit, structuré selon les principes du storytelling. L’homme entendait, d’une part, rendre digeste l’idée d’un changement de positionnement politique et, d’autre part, mobiliser ses troupes avant de partir à l’assaut de l’opinion nationale. Autrement dit, il entendait fournir au grand public des anecdotes et histoires à même de faciliter la compréhension d’une vie politique longue de plusieurs décennies, renforçant ainsi son adhésion à la démarche choisie. L’ancien député de la commune de Bitam y est-il parvenu ? L’avenir nous le dira….

Message subliminal

Pour l’heure, René Ndemezo’Obiang a fait étalage d’une certaine maîtrise des techniques de communication politique. Faut-il s’en étonner ? En 36 ans de présence sur la scène publique nationale, il a eu le temps de faire la preuve d’un certain sens politique. Ancien secrétaire général adjoint en charge de la propagande et de la communication, ancien porte-parole, ancien président du groupe parlementaire à l’Assemblée nationale, ancien ministre en charge des Relations avec les institutions constitutionnelles, ancien directeur provincial du candidat Omar Bongo Ondimba, jusqu’en 2009, il a été de toutes les luttes, de tous les combats mais aussi de toutes les intrigues et manipulations politiciennes internes au PDG ou visant à en maintenir l’hégémonie sur l’échiquier politique national. Fortement imprégné de culture marxiste, redoutable débatteur, manœuvrier et tacticien reconnu, c’est tout aussi un animal de sang-froid. Le profil parfait pour en mettre plein la vue à ses anciens compagnons du PDG et s’imposer dans le marigot politique national.

Pour le symbole et parce que la politique c’est aussi le maniement des images et pictogrammes, le revirement de ce baron du PDG ne saurait être minimisé ou traité par-dessus la jambe. Unanimement présenté, à tort ou à raison, comme le stratège du PDG pendant 19 ans, André Mba Obame a rompu les amarres à la suite du décès d’Omar Bongo Ondimba. Reconnu comme un des plus influents réseauteurs du pays, Paul Toungui s’astreint à l’abstinence médiatique et à un mutisme assourdissant. En décidant de virer sa cuti, René Ndemezo’Obiang donne une plus profonde résonance et un autre sens à leurs attitudes respectives. Ce n’est nullement un hasard s’il a rendu hommage à l’un et soigneusement évité de parler de l’autre. Mieux, connaissant leurs liens voire leur complicité, l’absence remarquée de l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, le 28 février dernier à Agondjé (lire par ailleurs «Ndémedzo’Obiang, désormais sur la ligne de Front»), a tout d’un acte prémédité et calculé. Peut-on y voir un message subliminal ? Aux adeptes de sémiologie et sémiotique, ce fait offre du travail.

L’appel du 6 mars 1990

René Ndemezo’Obiang s’est révélé au grand public le 6 mars 1990. Ce jour-là, à la faveur d’un appel dont plus grand monde n’a souvenance aujourd’hui, il dénonçait, aux côtés de ses alliés de toujours Paul Toungui, Simplice Guédet Manzela et Léonard Andjembé ainsi que des personnalités comme Jean-Robert Goulongana, Paul Boundoukou Lata, «le coup d’Etat constitutionnel ourdi par le Front uni des associations et partis politiques de l’opposition (Fuapo)» tout en invitant les «Caciques» et «Rénovateurs» à mettre un terme à leur guéguerre. Leaders du Fuapo, Pierre-Louis Agondjo Okawé et Joseph Rendjambé Issani bataillaient alors pour la souveraineté de la Conférence nationale de mars-avril 90, avec comme objectif ultime le départ d’Omar Bongo Ondimba. Faut-il rappeler que le président de la République d’alors proposa de dissoudre le PDG au profit du Rassemblement social-démocrate gabonais (RSDG) ? Doit-on raviver le souvenir de l’accueil positif réservé à cette idée par la baronnie PDG de l’époque ? «La politique, c’est pas compliqué, il suffit d’avoir une bonne conscience, et pour cela il faut juste avoir une mauvaise mémoire», disait l’humoriste français Coluche.

Après un passage furtif de huit mois au ministère de l’Enseignement supérieur en 1994, l’ancien député de Bitam fait son retour au gouvernement le 27 janvier 2002 en qualité de ministre des Relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement. Il n’est alors pas à la fête et croit être condamné à «gérer la parole». «René a longtemps cru qu’on ne le prédestinait qu’à faire de la politique politicienne. Il a dû batailler pour s’imposer tant son premier passage au gouvernement fut écorné par la grève de l’université avec la mésaventure du déshabillage du recteur de l’époque, Daniel Ona Ondo», rappelle un ancien chef de rubrique au quotidien L’Union. «René n’a jamais obtenu de ministère sectoriel très technique parce qu’il a davantage l’image d’un politicien. On le voit toujours très mal faire de la gestion tant sa réflexion ne semble tourner qu’autour des techniques et stratégies de conquête ou de conservation du pouvoir», analyse-t-il ensuite.

Effectivement, s’il peut se targuer d’une décennie de présence au gouvernement, René Ndemezo’Obiang a surfé entre les départements de la communication, de la culture ou des sports. Jamais, on ne lui a confié des portefeuilles à portée technique tels la Santé, l’Education nationale ou les Affaires sociales. S’il revendique son rôle dans l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations 2012, il est blessé, meurtri par la communication post-événement, qui ne l’a jamais valorisé. «Laissez tomber. C’est rien», lançait-il à ceux des siens qui s’offusquaient du contenu des brochures éditées par le Cocan dirigé par Christian Kerangall. Une nostalgie liée au sentiment de ne jamais avoir été récompensé en proportion de son engagement et de son dévouement. S’il s’habille en bleu, l’ancien ministre des Sports a aussi quelques bleus à l’âme….

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