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Finances publiques : L’impasse budgétaire 2015 par Oyé Mba
Publié le lundi 2 mars 2015   |  Gabon Review


Casimir
© Autre presse
Casimir Oyé Mba, ancien Premier ministre d’Omar Bongo et ancien gouverneur de la Banque des États d’Afrique central (BEAC)


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L’horizon semble s’assombrir pour le pouvoir en place, qui devra faire face à la plus importante crise budgétaire de l’histoire du Gabon avec des conséquences économiques et sociales. Telle est la conclusion de l’analyse de la situation actuelle faite par le vice-président de l’Union nationale (UN).

Si les pouvoirs publics ont adopté, en décembre dernier, une loi de finances construite sur la base de prévisions optimistes annonçant le prix moyen du baril de pétrole à 80 dollars, l’Union nationale (UN) apparait plus critique et sceptique quant à la conjoncture actuelle. Selon le vice-président de ce parti, pour l’année 2015, tout indique que «le Gabon va devoir faire face à la plus importante crise budgétaire de son histoire que le pouvoir semble incapable de mesurer afin d’en limiter les effets».

Dans une communication livrée le 28 février dernier au siège de son parti à Libreville, Casimir Oyé Mba a indiqué que pour le paiement des 3073,3 milliards de dépenses votées par le Parlement au titre du budget 2015, l’État ne dispose que de 1738,7 milliards de ressources propres. Le déficit budgétaire se trouve, en conséquence, porté à la somme de 1334,6 milliards, représentant 77% des ressources propres et 15,5% du PIB. Une situation qui invite à s’interroger sur les moyens dont dispose le gouvernement pour combler ce déficit. «Comment comprendre que jusqu’à maintenant, alors que les services techniques ont alerté le gouvernement depuis de nombreux mois, le régime en place continue à se comporter comme si tout allait pour le mieux ?», s’est interrogé l’ancien gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale, ajoutant : «Depuis son établissement par la fraude et la force des armes, le pouvoir n’a eu de cesse de mentir au peuple gabonais et aux partenaires financiers de notre pays sur la réalité de la situation de gestion des finances publiques. L’endettement du Gabon a été multiplié par 2,2 en 5 ans».

A en croire le vice-président de l’Union nationale, le budget 2015 ne serait pas conforme à la réalité. «L’élaboration du budget obéit à un ensemble de principes simples. Au nombre de ceux-ci il convient de citer la sincérité. Cette sincérité emporte la prudence dans l’évaluation des recettes, l’exhaustivité dans la détermination de la dépense publique et la pertinence des hypothèses retenues», a-t-il rappelé, avant de relever que le montant inscrit au titre de la prime d’incitation à la performance est de 100,2 milliards de francs contre 102,2 milliards en 2014. Or, a-t-il précisé, en 2014 la PIP avait été budgétisée pour une période de 6 mois. Donc en année pleine, le montant à inscrire pour cette prime devrait être de 204,4 milliards, au lieu de 100,2 milliards. Dès lors, l’ancien Premier ministre évalue la masse salariale à 836,9 milliards de francs.

De même que les dépenses en biens et services pour le fonctionnement de l’Etat passent de 199,9 milliards en 2009 à 379,8 milliards dans le budget 2015, soit une augmentation de 90% en six ans. «Depuis de nombreuses années, le budget n’est plus une réalité. Le vote de la loi de finances, l’exécution du budget de l’État, la tenue des comptes publics n’obéissent plus à aucune règle de droit. La Cour des comptes est devenue l’ombre d’elle-même et ne remplit plus sa mission régalienne de contrôle de l’exécution du budget et de gestion des deniers publics. En violation flagrante et constante de la Constitution, notamment son article 48, la loi de règlement qui sanctionne la gestion du budget n’est plus jamais présentée au Parlement pour son adoption. En des termes très clairs, en matière de gestion des finances publiques, le Gabon est passé de l’État de droit à l’État de fait», a-t-il déploré aux côtés de ses camarades.

Pour Casimir Oyé Mba, face au refus du pouvoir d’accepter la réalité de la situation et de l’assumer à travers l’application des mesures d’urgence courageuses, notamment la réduction des dépenses et la mise à disposition de toutes les ressources publiques permettant l’ajustement de la dépense aux prévisions de recettes, le pays s’achemine inéluctablement vers une récession économique, contrairement aux déclarations du gouvernement qui font état d’un taux de croissance de 5%, jugé «imaginaire».

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