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La vérité sur l’agression du domicile de Jean Ping
Publié le vendredi 16 janvier 2015   |  Ogooue Infos


Jean
© Autre presse par DR
Jean Ping, l’ancien président de la Commission de l’Union africaine


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Le domicile de l’opposant Jean Ping a été agressé le 12 janvier par une horde de jeunes venus réclamer le paiement des sommes dues, en contre partie de leur participation à la manifestation interdite de l’opposition du 20 décembre, selon des sources judiciaires. Lire la déclaration du procureur de la république.

Déclaration à la presse de Madame le Procureur de la République

« Porter atteinte à l’ordre public, c’est porter atteinte à la République »

Dans le cadre de « la défense de la probité dans l’intérêt supérieur de l’État », le Procureur de la République a prononcé une communication devant la presse en relation avec « l’affaire dite Ping Jean ».

Se faire justice soi-même, c’est dangereux. Quand un homme politique cherche à se faire justice lui-même, « c’est l’État qui est en danger ». Dès l’entame de son propos, Sidonie Flore Ouwé insiste : « L’ensemble des institutions de la République doit être uni contre les ennemis de la République ».

LES FAITS

Reprenant les déclarations des deux parties, le magistrat a détaillé le fil des événements : « Le lundi 12 janvier 2015, autour de 8h30, un groupe de jeunes compatriotes s’était rendu au domicile de M. Jean Ping, pour en savoir plus sur ‘la situation de leurs parents et amis incarcérés à la suite des événements du 20 décembre 2014’ ; mais aussi pour réclamer les fonds que l’occupant des lieux leur avait promis en contre partie de leur participation aux événements du 20 décembre. Y étant, les jeunes exigeaient comme interlocuteur et sans intermédiaire Sieur Ping Jean, aux fins de lui soumettre leurs préoccupations. Devant le refus de sortir de sa résidence selon ses gardiens, les jeunes jetaient des bouteilles et des cailloux ainsi que des casiers vides sur la barrière de la résidence de Sieur Ping Jean, cassant des baies et dégradant sa barrière. Tout en scandant des chants relatifs à la situation de leurs parents et amis incarcérés après les événements du 20 décembre 2014 et en réclamant leurs fonds, rendant Sieur Ping Jean responsable de cette situation ».

« Alertée, la police préventive arrivait sur les lieux et discutait avec quelques éléments du groupe, lesquels réitéraient leurs préoccupations. Face au refus de Sieur Ping Jean de les rencontrer, les jeunes se rendaient escortés par la police chez un autre opposant membre du même regroupement de l’opposition dénommé Front Uni, le Sieur Amoughe Mba Pierre, avec lequel ils ont discuté et qui leur aurait donné des assurances quant à la prise en charge judiciaire des détenus du 20 décembre 2014 par les membres du regroupement du Front Uni. Les jeunes ont rebroussé chemin sans heurts après cet échange ».

« Vers 9h, j’étais informée au téléphone par Sieur Ping Jean des faits par lui vécus. J’instruisais à la police judiciaire de l’Etat-Major des Polices d’Investigations Judiciaires de se rendre sans délai sur le terrain, notamment au domicile de Sieur Ping Jean, pour constater les faits et procéder à l’enquête conformément à la loi ».

« Quelques instants après, la police judiciaire me rendait compte de ce que certains individus avaient été arrêtés par Sieur Ping Jean et qu’ils avaient subi des traitements dégradants et humiliants, outre le fait que les occupants des lieux refusaient de les mettre à la disposition de la police judiciaire. Je demandais à parler à Sieur Ping Jean à qui j’expliquais l’intérêt de libérer ces jeunes en les mettant à la disposition de la police judiciaire pour les besoins de l’enquête. Après concertation avec ses amis du regroupement Front Uni, M. Ping mettait donc les personnes qu’il avait appréhendé entre les mains des enquêteurs ».

UNE REPONSE FERME

Pour le procureur de la République, « les vaines polémiques n’ont pas leur place » devant le risque de bandes organisées. « La volonté d’une réponse ferme va guider mon action. (…) Car rendre la justice pour tous est un combat mobilisateur, non pas des groupuscules, mais du peuple ». Ainsi Mme Ouwé fait-elle rappel d’un précepte essentiel des sociétés évoluées : on ne se fait pas justice soi-même. « La réclamation d’une dette, disent les juristes, se fait par voie légale lorsque la volonté d’éteindre une obligation par les parties qui l’ont fait naître devient insurmontable ». Concluant son intervention devant la presse, le magistrat renvoie les uns et les autres à leurs responsabilités. « Rien ne justifie la barbarie affichée par ces jeunes compatriotes (…) qui ont utilisé sans aucune honte des méthodes d’une autre ère ». La dégradation de biens est prévue et punie par l’article 333 du code pénal.

Quant à « ce haut cadre de notre respectable République qui a fait arrêter les jeunes en les conduisant dans sa concession, leur infligeant des traitements dégradants et humiliants, outre la torture physique dont ils ont été victime », il lui est rappelé que de tels comportements sont réprimés par les articles 230 et 250 du code pénal.

L’ancien fonctionnaire international et ancien ministre, défenseur affiché des droits de l’homme, pouvait-il ignorer l’article 5 de la Constitution gabonaise que dispose que « nul ne sera soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels et inhumains ou dégradants ». Comme encore la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples qui prévoit en son article 5 que « tout individu a droit au respect de la dignité inhérent à la personne humaine ».

Le Parquet de la République, a conclu le Procureur de la République, s’est autosaisi des faits de dégradation de biens, comme il s’est également « saisi des faits de séquestration et de torture physique, qualifiés de coups et blessures volontaires ». FIN

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