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Charlie Hebdo : Ils ne doivent pas avoir été tués pour rien !
Publié le jeudi 8 janvier 2015   |  Gabon Review




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Au lendemain de l’attaque terroriste qui a décimé la rédaction du journal satirique et impertinent, il faut faire faire évoluer la liberté de presse sous nos latitudes.

C’est le 11-septembre de la presse. Une grave attaque contre le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion, contre le droit à la liberté d’expression, à la liberté de réunion et à la liberté d’association, contre la liberté d’opinion. Au lendemain de l’attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, où douze personnes, dont des figures historiques de la caricature et du journalisme satirique, ont trouvé la mort, on pense évidemment aux conditions d’exercice du métier de journaliste sous nos latitudes, à toutes les tracasseries, pressions et menaces dont sont victimes les hommes de presse. Pourquoi ? Tout simplement en raison de la récente actualité médiatique nationale. Au-delà de la condamnation de «cet acte odieux» par le président de la République, on ne peut s’empêcher de penser aux cas de Jonas Moulenda et Désiré Ename, visiblement en cavale si l’on en croit leurs dires. On ne peut ne pas songer au Conseil national de la communication, régulièrement raillé et défini comme le «conseil national de la censure». On ne peut éviter de disserter sur le cas de Gabon Télévision et Radio Gabon, rebaptisées par l’opinion publique Radio-télévision PDG (RTPDG).

Pour mémoire, depuis la restauration de la démocratie en 1990, le PDG a eu tendance à confisquer les médias publics, à s’en arroger la jouissance exclusive, à en faire un instrument de propagande voire de dénigrement de toute opinion dissidente, au mépris des règles d’équité. Depuis maintenant cinq ans, Jonas Moulenda est victime des pires tracasseries. Si le week-end dernier, il a dû être exfiltré par voie terrestre vers le Cameroun, en juillet 2014 il disait déjà l’objet de menaces en tout genre alors qu’en septembre-octobre 2009 il avait dû trouver refuge dans une ambassade suite à la publication dans le quotidien L’Union d’une série de reportages, sur les violences post électorales dans la capitale économique, intitulée «Je reviens de Port Gentil» et mettant à mal le bilan officiel de trois morts. La presse indépendante, notamment Echos du Nord, Le Verbe de Ngomo, La Une et Ezombolo sont assurément des hérauts de la liberté de presse. Chacun se souvient des lourdes et régulières suspensions dont ces titres ont été frappés.

Et pourtant, à coups de stylo, au moyen d’analyses, commentaires, éditoriaux, leurs journalistes cherchent tout simplement à prendre toute leur part dans le débat public et dans la conduite des affaires de la cité. Doit-on et peut-on les en blâmer ? La liberté d’expression peut être définie comme «le droit pour toute personne de penser comme elle le souhaite et de pouvoir exprimer ses opinions par tous les moyens qu’elle juge opportun, dans les domaines de la politique, de la philosophie, de la religion, de morale». Si elle fait appel au respect d’autrui, elle porte en elle la liberté de presse telle que définie par l’article 11 de la Déclaration française des droits de l’homme et du citoyen de 1789, consacrée en son préambule et ses annexes par notre Constitution. En clair, chez nous, la liberté de presse figure dans la hiérarchie des normes juridiques : elle est constitutionnelle et devrait bénéficier d’une protection particulière. Sur ce point, le silence de la Cour constitutionnelle suite à sa saisine par Télesphore Obame Ngomo inquiète et intrigue.

L’esprit de la Déclaration de 1789

Au lendemain du massacre de la haine, de l’intolérance et de la pensée unique, il faut bien interroger la situation de la presse sous nos latitudes. Il faut faire un état des lieux, dresser une situation de référence. Il s’agit de se donner les moyens d’en suivre les évolutions futures. Dans cet exercice, les ONG de défense des droits humains et de promotion de la démocratie, la Commission nationale des droits de l’Homme et le médiateur de la République ont un rôle fondamental à jouer. Désormais, leur action se doit d’être opiniâtre et constante. La Commission nationale des droits de l’Homme et le médiateur de la République sont des autorités administratives indépendantes. Ils bénéficient de moyens publics et se doivent d’être au service du citoyen. Pourtant, on ne les entend jamais, ne les voit jamais là où les droits fondamentaux sont malmenés, là où la liberté de presse est en danger. Visiblement leurs animateurs se soucient davantage de la défense des intérêts des gouvernants et du maintien de leurs trains de vie que de la protection et la promotion des droits de la personne. Paradoxalement, ils sont au service de la puissance publique et de ceux qui l’incarnent. Seule lueur d’espoir : l’action éventuelle des syndicats, ONG, et forces sociales progressistes. Cette action réformiste et protestataire doit gagner en intensité et en constance. Le climat de terreur et les tentatives d’intimidation de la presse se sont fait trop pesants ces temps derniers. Trop de journalistes ont été menacés. Trop de titres ont été suspendus. Souvent pour des durées qui cachent mal la volonté de les asphyxier et les faire disparaître. Ezombolo, La Une et le Verbe de Ngomo ont ainsi écopé de six mois de suspension.

Placés sous le thème : «Médias et communication au Gabon : enjeux et perspectives», les états généraux de la communication de décembre dernier ont recommandé l’adoption d’une loi relative à l’exercice de la liberté de la communication au Gabon. On espère qu’elle sera fidèle à l’esprit de la Déclaration de 1789, qu’elle consacrera le droit à l’information du public en reconnaissant sa contribution à la vie démocratique, qu’elle protégera le secret des sources, dépénalisera les délits de presse et offrira aux hommes de presse des protections identiques à celles dont jouissent tous les enquêteurs. On ose croire que, cette fois-ci, personne ne se défaussera de sa responsabilité, ne se dérobera. Ainsi Charb, Cabu, Wolinski et Tignous pourront se dire, de là où ils sont désormais, qu’ils ne sont pas morts pour rien. Au moins, on pourra se dire que le sang de Philippe Honoré, Elsa Cayat, Bernard Maris, et Mustapha Ourrad aura servi a irriguer le champ dans lequel écloront les fleurs de rhétorique et critiques acerbes de Désiré Ename, Abel Mimongo, Jean de Dieu Ndoutoume Eyi, Alphonse Ongouo, Maximin Mezui, Laure Patricia Manevy, Raphaël Ntoutoume Nkoghé. La rédaction de Charlie Hebdo ne doit pas avoir été décimée pour rien….

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