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Et survint un intellectuel adepte des thèses exclusionnistes et tribalistes…
Publié le samedi 27 decembre 2014   |  Gabon Review


Ali
© Autre presse par DR
Ali Akbar Onanga Y’Obegue, Secrétaire Général Adjoint de la Présidence de la République, et Conseiller Spécial du Raïs de la Communauté Musulmane du Gabon


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Ali Akbar Onanga y’Obégué est-il un adepte de la manipulation inter-ethnique et de l’exclusion intergénérationnelle ? Après son «On ne peut pas faire du neuf avec du vieux», le secrétaire général du gouvernement a lancé, le 30 novembre dernier à Franceville, des formules d’un autre âge pour une insularité du Haut-Ogooué.

Lors de la marche de soutien à Ali Bongo organisée par des hiérarques du Parti démocratique gabonais (PDG) le 30 novembre dernier à Franceville, Ali Akbar Onanga y’Obégué, l’actuel secrétaire général du gouvernement – un poste de tout premier plan – avait interpellé le «peuple du Haut-Ogooué» face à l’opposition qui demandait le départ d’Ali Bongo dont l’acte de naissance suscite la controverse. En tout cas, depuis quelque temps, il s’exprime comme s’il était pris d’une envie de susciter une coexistence tumultueuse entre provinces et entre générations. Quelques temps auparavant, la même personnalité s’en était prise aux hiérarques du PDG d’un certain âge. «On ne peut pas faire du neuf avec du vieux», avait-il affirmé.

Vingt-et-un an donc après Jean-Boniface Assélé qui avait appelé à la création de la «République du Haut-Ogooué-Lolo» si les autres provinces «refusaient de voter Omar Bongo» en décembre 1993, et cinq ans après Alfred Nguia Banda qui avait annoncé son opposition de voir des candidats non originaires du Haut-Ogooué fouler le sol altogovéen lors de la campagne présidentielle de 2009, c’est au tour d’Ali Akbar Onanga y’Obégué, juriste et enseignant à la Faculté de Droit et des Sciences économiques de l’Université Omar-Bongo de Libreville, de s’illustrer par des propos que rien ne peut justifier. Il a appelé à la constitution d’un front altogovéen pour défendre Ali Bongo, «le fils du Haut-Ogooué». C’était le 30 novembre 2014.

«Peuple du Haut-Ogooué»

Ce jour-là, devant les banderoles qu’il avait pris soin de faire imprimer et des t-shirts avec le message «Touche pas à notre fils», ce n’était pas un appel aux PDGistes à serrer les rangs et les coudes derrière le «Distingué Camarade» que lançait Ali Akbar Onanga y’Obégué. Ce n’était pas un appel à l’unité des partisans d’Ali Bongo ; plutôt un appel au «peuple du Haut-Ogooué». Il brisait ainsi le pacte républicain, les sacro-saints principes de cohésion et d’unité nationale, le socle de l’appartenance à une même nation.

Devant d’autres responsables politiques de la province, Léonard Andjembé, Christian Magnagna, Ernest Mpouho Epigat, qui avaient l’ai plutôt surpris par cette «sortie», Ali Akbar Onanga y’Obégué, un «intellectuel» pourtant bien formé, en était même allé jusqu’à dire «celui qui touche à Ali Bongo trouvera les Altogovéens sur son chemin»… les Altogovéens, pas les PDGistes. Des propos très graves qui ont suscité des commentaires et des condamnations dans l’opinion, ainsi que des railleries. «Pourquoi alors, Akagha Mba a-t-il organisé une marche de soutien à Ali Bongo à Ntoum le 20 décembre ? Est-ce qu’il est Altogovéen ?», s’est insurgé un militant du PDG de Ntoum qui a refusé de prendre part à la marche.

«Qui touche à Ali trouvera les Altogovéens sur son chemin»

Très offensif, et visiblement déterminé à en découdre avec ceux qui s’opposent aux tenants du pouvoir, Ali Akbar Onanga y’Obégué n’avait pas manqué de tenir des propos injurieux vis-à-vis des leaders de l’opposition. «Ils sont ingrats, tous autant qu’ils sont ; Omar Bongo leur a tout donné, et ils osent s’attaquer à son fils !». Et d’ajouter : «nous ici dans le Haut-Ogooué, nous avons honte d’entendre Zacharie Myboto qui a tout eu d’Omar dire qu’Ali n’est pas son fils». Se faisant menaçant et interpellant le leader de l’UN, Ali Akbar Onanga y’Obégué lui a lancé le défi de «venir le dire ici dans le Haut-Ogooué».

Le membre du Bureau politique du PDG pour le département de la Lékoni-Lékori (Akiéni) s’était déjà distingué, quelques mois plus tôt – ce qui constituait alors la démarche fondatrice de sa posture actuelle – par des propos qui en avaient gêné plus d’un, et notamment Marcel Sandoungout et d’autres, sur les relations intergénérationnelles. Selon lui, «on ne peut pas faire du neuf avec du vieux». «Des propos qui paraissaient souligner un flagrant manque d’intelligence, parce que, en politique, il n’est jamais bon d’exclure, il faut plutôt additionner, rassembler, unifier ; et puisqu’il n’a pas été rappelé à l’ordre, c’est qu’il était soutenu», avait commenté un sociologue enseignant à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’UOB. A la suite de ces propos, certains hiérarques du PDG avaient affirmé sous le manteau qu’ils ne se rendraient plus dans le Haut-Ogooué pour des manifestations de même type. Les propos d’Ali Akbar Onanga y’Obégué avaient alors choqué plus d’un.

Assurant en effet ne pas se reconnaître dans la manière de faire des initiateurs de cette manifestation, des cadres de cette province qui se sont demandés «au nom de quels Altogovéens parlaient-ils?», ont entrepris de marquer leur désaccord avec cette «façon de faire» et ont annoncé le lancement prochain d’un mouvement dénommé «Front altogovéen pour la défense de la démocratie». Il devrait regrouper des ressortissants du Haut-Ogooué qui refusent l’hégémonie d’un parti ou d’un clan, et qui pensent que cette province appartient à tous ses enfants, et pas aux seuls PDGistes et que tous les Onanga y’Obégué sont à mettre hors d’état de nuire, où qu’ils soient dans le pays.

Des propos à proscrire dans le Haut-Ogooué et ailleurs

Les idées ou formules lancées par Ali Akbar Onanga y’Obégué peuvent paraître surprenants, d’autant plus qu’ils ne viennent pas de quidam, mais d’«intellectuels» ! Ce sont des propos d’exclusion et d’ostracisme envers des ressortissants d’autres provinces. Comme le dit un chercheur togolais, «à l’approche des échéances électorales, le politique africain veut toujours se réconcilier avec sa base constituée d’hommes et de femmes appartenant à son ethnie, à sa région, D’où les expressions souvent répandues du genre : «c’est notre pouvoir», «c’est nous qui commandons», «vous, attendez votre tour». En dépit des oppositions politiques, ce sont des propos à proscrire. Qu’un tel discours vienne d’Ali Akbar Onanga y’Obégué ou de quelqu’un d’autre dans le pays, il est à dénoncer, à proscrire. Tout ce qui divise le peuple peut mener à des conflits inextinguibles.

«Et Ali Akbar Onanga y’Obégué n’a pas le droit, lui, le juriste, l’enseignant, de participer à l’élaboration de telles postures, à une telle manipulation plus ou moins subtile des particularismes ethniques et régionalistes, à ce nombrilisme tribal et à cette discrimination tacite», souligne un historien.

Pour sa part, un sociologue lui conseille de ne plus lancer de tels propos. «Parce qu’il est enseignant, il ne doit pas renforcer le sentiment d’appartenance à une région, à une province, à des fins politiciennes, il ne doit pas être cet acteur engagé dans la manipulation inter-régionaliste qu’il veut être». Pour une marche de soutien, on n’a pas besoin de briser le pacte républicain.

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