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Un retour de lucidité pour l’inclassable Ndaot ?
Publié le mercredi 24 decembre 2014   |  Gabon Review


Séraphin
© Autre presse par DR
Séraphin Ndaot Rembogo, président du Parti pour le développement et la solidarité sociale (PDS)


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Grand perdant, à Port-Gentil, des dernières sénatoriales, Séraphin Ndaot Rembogo, pourtant signataire du Pacte social d’Ali Bongo, a effectué deux sorties très offensives, l’une soutenant que le pouvoir d’Ali Bongo est illégitime, l’autre demandant la dissolution de la première chambre du Parlement.

Est-il toujours de l’opposition ? A-t-il définitivement choisi d’apporter son soutien franc et entier à Ali Bongo ? Nul ne peut y répondre, mais on constate que celui que ses partisans appellent «le plus radical des opposants modérés» vient de faire deux sorties publiques très offensives : dans la première, il souligne que «le pouvoir d’Ali Bongo est illégitime» ; dans la seconde – une interview au quotidien L’Union – il demande «la dissolution de l’Assemblée nationale» pour «sortir le Gabon de la crise». Il faut le reconnaître : Maître Ndaot Rembogo est un homme pugnace et courageux, et sa lecture des événements n’est pas loin de celle des membres du Front Uni de l’Opposition pour l’alternance.

Bien qu’ayant signé la charte relative au Pacte social, et quoiqu’il a été désigné président de la Commission nationale du Pacte social, Séraphin Ndaot Rembogo semble avoir décidé de garder sa liberté de parole et d’action. Ce, à la différence d’un Séraphin Davain Akuré de l’Alliance pour un nouveau Gabon (ANG), d’un Augustin Moussavou King du Parti socialiste gabonais (PSG), ou d’un Ntchoréré du Cercle Oméga, très taiseux et qui ne veulent plus se mouiller en annonçant un point de vue qui les compromettrait sur le plan politique. Le leader du Parti pour le développement et la solidarité sociale (PDS), lui, s’est montré catégorique. Pour lui, le régime actuel est illégitime, et, pour sortir de la triple crise à laquelle est confronté le Gabon, il demande la dissolution de la première chambre du Parlement, car, pour lui, «les membres qui composent cette institution ne représentent pas l’opinion réelle». Et de soutenir son propos par une affirmation très forte : «même si cela irrite nos adversaires du PDG, ils sont issus, pour la plupart, d’une fraude électorale intense». Le sentiment de bon nombre de Gabonais est que l’opposition, dans laquelle ils se reconnaissent, ne s’exprime pas au niveau des institutions, notamment à l’Assemblée nationale (118 députés pour la majorité, dont 114 PDG, sur un total de 120 – ndlr) et au Sénat (91 sénateurs de la Majorité dont 81 PDG, sur un total de 102 – ndlr), et lorsqu’on ajoute le fait que même les médias publics lui sont refusés, il s’en suit fatalement que l’option qui reste est celle de la rue». Pour toutes ces raisons, il dit comprendre que «les gens s’expriment dans la rue parce que leurs représentants n’ont pas d’autres espaces pour le faire». Pour Séraphin Ndaot, il faut «un ajustement du pays réel au pays légal».

«Si l’élection à un tour est maintenue, le vainqueur doit obtenir au moins 50% des suffrages»

Tout en souhaitant par ailleurs que l’on parvienne à des élections uninominales à deux tours, le leader du PDS estime que si l’on maintient l’élection à un tour, seul celui qui dépasserait le seuil des 50% des voix devrait être considéré élu et cela lui conférerait toute la légitimité. Séraphin Ndaot affirme, pour le dénoncer, que «le développement intègre la démocratie qui n’existe pas véritablement dans notre pays, et que le pouvoir depuis 50 ans n’arrive toujours pas à l’instaurer».

«Pour mettre fin à la crise sociale et économique, il faut d’abord résoudre la crise politique»

Le président du PDS a également évoqué la crise actuelle qui, pour lui, est de trois ordres. «Une crise sociale caractérisée par des grèves à répétition sur fond de mécontentements ambiants ; une crise économique que traduisent les tensions de trésorerie qui pourraient être aggravées par la chute du prix du baril de pétrole ; et enfin, une crise politique que le pouvoir tente d’occulter artificiellement en montrant qu’il n’y a pas péril en la demeure, et il a tort, parce que la réponse, à notre avis, aux deux premières crises, se trouve dans la résolution de la crise politique».

Le président de la Commission nationale du Pacte social estime que le pouvoir fait fausse route, car «en s’attachant seulement à l’option sociale, je crains fort que ce ne soit pas la solution».

«Résultats électoraux fabriqués d’avance»

Revenant sur les raisons qui l’ont amené à se présenter aux dernières élections sénatoriales dans le 3ème arrondissement de Port-Gentil, alors qu’il savait qu’il perdrait du fait que le PDG y dispose d’une large majorité depuis les élections locales de décembre 2013, Maître Ndaot, ancien membre de la Cour constitutionnelle (1991-1998), affirme que «même lorsque nous savons que les dés sont pipés, que les résultats sont fabriqués d’avance, nous participons quand même à ces élections ; nous voulons montrer aux tenants du pouvoir, à travers notre participation, que le pays n’appartient pas au seul PDG», ajoutant au passage que «nous préférons mourir les armes à la main que de fuir le combat et laisser le PDG tirer la gloire de ses victoires truquées». Certains observateurs de la vie politique gabonaise croient lire, à travers cette dernière phrase que Séraphin Ndaot Rembogo pourrait se présenter à la prochaine élection présidentielle.

Le président du PDS ne manque pas de culot ! Il vient de signer la preuve qu’il n’a pas été entièrement dompté par le pouvoir, puisque bien qu’il assume des responsabilités qui le rapprochent du chef de l’Etat – celles de président de la Commission du Pacte social dont Ali Bongo attend des propositions pour lancer une grande politique de lutte contre la précarité – Séraphin Ndaot Rembogo a fait, à froid et sans pratiquer la langue de bois, une analyse sans concession de la situation politique au Gabon, mettant en exergue les faux-fuyants, les vraies-fausses avancées, et les contradictions du régime actuel. Même s’il n’a pas dit, comme Maître Mayila, que «le Gabon va mal», il a clairement fait entendre son point de vue sur la marche du pays, sur les élections truquées au Gabon, l’absence de démocratie, le non-accès de l’opposition aux médias publics exclusivement réservé au PDG, à Alain Claude Billie-By-Nzé et à Sidonie Flore Ouwé, et sur le désir de changement d’une immense majorité de Gabonais.

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