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Ali Bongo peut-il tenir ?
Publié le mardi 9 decembre 2014   |  Gabon Review


Le
© Autre presse par DR
Le président de la République, Ali Bongo Ondimba


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L’opinion le boude et s’interroge sur son éligibilité. Mais le président de la République reste fidèle à sa stratégie.

Insouciant en apparence mais lucide et préoccupé, Ali Bongo a de quoi se faire du mouron. Comme la plupart des ténors de la classe politique, il a les yeux rivés sur la présidentielle de 2016. A moins de deux ans de cette échéance, il y songe indubitablement. Il la prépare inévitablement. Or, les choses se compliquent et rien ne semble, pour l’heure, militer en sa faveur : président de la République en fonction, il peut compter sur la prime au sortant mais sait qu’on ne peut gagner sur un bilan, surtout quand les résultats se font toujours attendre, comme c’est le cas actuellement. A cela, il convient d’ajouter les relents nauséeux de «l’affaire Péan» avec sa cascade de plaintes ainsi que ce débat lancinant sur son éligibilité et son état-civil.

Dans une telle ambiance, Ali Bongo utilise ses vieilles recettes, fait ce qu’il sait faire : agir par délégation et s’atteler à rechercher des cautions au plan international en espérant que les institutions nationales viennent à son secours. Ses proches multiplient sorties, témoignages et initiatives diverses pendant que lui-même parcourt le monde, prend part à des rencontres internationales et s’affiche avec des personnalités de rang. Réaffirmer sa reconnaissance internationale apparaît comme l’une de ses priorités, une condition de la poursuite de son mandat voire d’une nouvelle candidature. Co-président du congrès mondial des parcs, organisé à Sydney en Australie sous les auspices de l’Union mondiale pour la nature (UICN), il entendait affirmer son rôle dans le combat pour la protection de la diversité biologique et la lutte contre les changements climatiques. Intervenant au XVè Sommet de la Francophonie, il voulait en faire une tribune pour montrer à ses contempteurs que la polémique née de «l’affaire Péan» n’a en rien entamé son crédit, qu’il demeure la principale personne habilitée à s’exprimer au nom du Gabon.

Contingences de politique intérieure

Pour autant, la rencontre de Dakar eu l’effet d’une douche écossaise. Ayant misé sur la reconnaissance de ses pairs, Ali Bongo a dû être surpris d’être quelque peu renvoyé à des considérations de politique intérieure. La tonalité du discours de François Hollande, sa tirade sur le «respect des ordres constitutionnels et de l’aspiration des peuples (…) à des élections libres», son engagement de voir l’espace francophone devenir un «soutien nécessaire pour faire prévaloir la justice, le droit et la démocratie», «là où les règles constitutionnelles sont malmenées, là où la liberté est bafouée, là où l’alternance est empêchée» ne pouvaient pas être du goût du président de la République. Un brutal renvoi aux contingences de politique intérieure pour celui que l’on dit assuré du soutien inconditionnel des institutions qui «comme la tour de Pise, penchent toujours du même côté». Le pouvoir judiciaire, notamment la Cour constitutionnelle, l’administration publique, singulièrement le ministère de l’Intérieur et la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap) ainsi que les forces de défense et sécurité ont dû avoir les oreilles qui sifflent. Pour sûr, ils ont compris le message.

Pour l’heure, le Front de l’opposition pour l’alternance poursuit son travail de sape et son opération de mobilisation. Pendant que Jean Ping et Jean Eyéghé Ndong battaient le rappel des troupes à travers le congrès de l’opposition tenu à Paris la semaine dernière, Zacharie Myboto installait les cellules de son parti. Mieux, avec Jacques Adiahénot, Pierre Amoughé Mba et Paulette Missambo, il accueillait Didjob Divungui Di Ndinge au sein de l’opposition. Le ralliement de l’ancien vice-président de la République constitue, à n’en point douter, un renfort de poids, qui permettra à l’opposition de mieux labourer le sud du pays, notamment les provinces de la Ngounié et de la Nyanga. Face au Front de l’opposition pour l’alternance, le président de la République reste persuadé de la justesse de sa stratégie. Il continue à traiter la question de son éligibilité et de sa filiation par délégation. «Ce sujet n’est plus d’actualité. La présidence de la République a dit ce qu’il y avait à dire sur ce sujet. (…) Pour ce qui est de la présidence, ce débat est clos», a récemment lancé son porte-parole.

Imbroglio politico-judiciaire

A l’évidence, Alain-Claude Billie By Nzé a, sans s’en rendre compte, donné la gênante impression que les procédures judiciaires en cours lui importent peu ou qu’il en connaît déjà l’issue. Mais, peut-on s’attendre à des rebondissements au plan juridique ? Jusque-là la justice observe un mutisme. Mais le climat social est à la surchauffe alors que les sphères internationales affirment de plus en plus leur exigence de démocratie. Rien n’est donc joué. Et, une question taraude les esprits : Ali Bongo peut-il tenir dans cette ambiance délétère sans rien concéder ? Les observateurs semblent plus que dubitatifs tant les positions se raidissent alors que le fossé se creuse. La classe politique est stigmatisée par cinq ans d’arrogance, de refus du dialogue, de négation du compromis et d’intransigeance. Une concertation nationale peut-elle modifier la donne ? Il semble que cette idée ait vécu. Si certains continuent à la défendre, ils estiment qu’Ali Bongo ne peut en garantir le succès. Mais, aucune autre solution ne semble à mesure de permettre de sortir de cet imbroglio politico-judiciaire de manière pacifique et concertée.

Le président de la République a encore 20 mois à tenir. En politique, rien n’est jamais joué d’avance. Mais, le leadership est aussi fondé sur la confiance. Tant que la justice ne se sera pas prononcée, elle manquera toujours dans les relations entre les institutions et les populations. Ali Bongo cherchera sans doute à se valoriser au plan international et surtout à se poser comme le garant de l’ordre constitutionnel. Mais l’attitude du pouvoir judiciaire pourrait infirmer cette idée et donner à l’opposition la possibilité de dénoncer une «justice aux ordres, une justice instrumentalisée» ou de faire d’une décision de justice le préalable à la tenue de toute élection, avec tous les risques que cela comporte. On est parfois victime de ses alliés ou de ses propres certitudes…

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