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Equation à inconnus multiples
Publié le mardi 2 decembre 2014   |  Gabon Review


Marche
© Autre presse par DR
Marche de Franceville


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Au regard d’un bilan pas toujours à la hauteur des espoirs des uns et des autres, le président de la République est confronté à la sourde réprobation des forces avec lesquelles il a pris le pouvoir.

De prime abord, la majorité demeure fidèle au président de la République. Elle lui est même toute entière dévouée, totalement soudée derrière lui et prête à en découdre. Officiellement, elle fait bloc et prépare les échéances futures. A y regarder de près, la réalité est toute autre. La campagne de communication conçue en réponse au brûlot de Pierre Péan «Nouvelles affaires africaines – Mensonges et pillages au Gabon» a tourné court. Pire, elle s’est révélée contreproductive. La dégradation des conditions de vie des populations, les tensions de trésorerie, les dépenses somptuaires et errements du premier cercle présidentiel crachent leur venin tout et chaque jour. Ali Bongo est désormais confronté à une équation nouvelle, à inconnus multiples.

Les péripéties inhérentes à l’organisation de la marche de soutien de Franceville, notamment la débauche de moyens financiers et logistiques qu’elle a nécessité, ont mis en lumière des dissensions au sein de ce qui apparaissait jusque-là comme son bastion naturel, un donjon politique, une citadelle imprenable. Bien qu’elle ait finalement eu lieu, son annulation il y a deux semaines et surtout l’absence de ténors tels que Marcel Sandoungout, Idriss Ngari, Jean-Pierre Lemboumba, Pascaline Bongo et Paul Toungui laissent croire à une manifestation organisée aux forceps, à un refus d’entretenir des particularismes. Certes, le Haut-Ogooué n’a pas rejeté ou tourné le dos à celui qui fut, pendant près de 20 ans, député de la Djouori-Agnili. N’empêche, cette province envoie des signes d’une volonté de définir de nouvelles règles du jeu dans sa relation avec ce dernier. Autrement dit, elle entend imposer une nouvelle pratique politique. Certains de ses cadres sont même ouvertement entrés en dissidence alors que d’autres se complaisent dans une abstinence médiatique et politique qui laisse croire qu’une lame de fond est en passe de se lever.

Les incessantes jérémiades des puissances d’argent, notamment les communautés corse et libanaise ou les filiales de groupes français, témoignent aussi de ce que les relations entre le président de la République et les forces qui l’ont aidé à conquérir le pouvoir d’Etat s’écrivent de plus en plus en pointillés. Pour beaucoup d’entre elles, «l’avenir en confiance» n’est plus de saison. La peur du lendemain et une certaine lassitude les habitent désormais. Dans ce contexte, les incertitudes sur la situation des finances publiques et l’encours de la dette intérieure participent à couper Ali Bongo de sa base arrière.

Le lâchage en rase campagne de Serge Williams Akassaga Okinda n’est pas pour rassurer les institutions. Certes, le président de la République ne s’est toujours pas exprimé sur cette question. Mais, les déclarations tonitruantes du porte-parole de la présidence de la République sur le rôle et la responsabilité de l’ancien maire du 3ème arrondissement de Libreville dans la confection de l’acte de naissance querellé ont de quoi faire réfléchir voire doucher l’enthousiasme des fonctionnaires ou responsables d’administrations qui pourraient être invités à s’engager au-delà des limites légales. Jusque-là, ceux qui consentaient à user de leurs positions administratives ou institutionnelles pour soutenir la majorité se sentaient protégés. Maintenant, chacun sait qu’il n’est à l’abri de rien, qu’il peut être amené à répondre de ses actes voire à y être contraint par ceux au bénéfice de qui il a agi. «Quand on égorge le coq, le canard regarde», dit un adage populaire bien connu.

Bilan

Dans la mésaventure de Serge Williams Akassaga Okinda, il y a comme un message sous-jacent pour les forces de défense et sécurité. S’il avait toujours été éludé, le débat sur la responsabilité des actes commis dans l’exercice des fonctions fait maintenant rage dans les chaumières. Bien que le maintien de l’ordre soit une prérogative et une obligation régaliennes, il ne doit pas pour autant être confondu avec la répression. Les télévisions satellitaires nous abreuvent d’images de ces forces prétoriennes qui refusent de mater les populations voire organisent le départ de celui qu’elles sont censées servir quand elles ne tournent carrément pas casaque. De Tunis à Ouagadougou en passant par Le Caire, les gardes rapprochées ont soupé de ces ordres de fermeté qui les transforment en cerbères au service d’un clan, d’un camp et non d’une nation et d’une République. Ces exemples-là alimentent encore les débats, autant qu’ils défraient la chronique. Les idées qu’ils véhiculent ont, depuis, fait leur chemin. Ont-elles eu impact sous nos latitudes ? Dans un sens comme dans l’autre, rien n’est certain…

L’engagement résolu de ses soutiens traditionnels n’est pas la seule chose sur laquelle le président de la république peut désormais nourrir des doutes. Il peut aussi se poser des questions sur un bilan pas toujours à son avantage. Alors que ses proches et laudateurs n’ont, jusque-là, eu de cesse de se prévaloir d’un projet, accusant systématiquement l’opposition d’en manquer, ils pourraient bientôt être interrogés sur leurs réalisations. Déjà, le débat sur l’introduction, dans la charte de l’Union Africaine, d’une clause sur la limitation des mandats présidentiels indique que la réforme constitutionnelle de janvier 2011 fut un rendez-vous manqué, une opportunité gâchée. Et les retards de salaires accumulés dans de nombreux établissements publics créés à la va-vite, au mépris de l’esprit de nos institutions et de la loi dédiée, pourraient lui aliéner le soutien d’une partie de la classe moyenne. Si les déclarations d’Ali Bongo lors du Conseil national du PDG d’avril dernier ont laissé l’impression que les statistiques lui importent davantage que la réalité de terrain, son mutisme sur la question de son état-civil tend à accréditer l’idée d’un mépris pour les règles, les institutions et le peuple. L’opposition, particulièrement le Front de l’opposition pour l’alternance, n’a plus qu’à entretenir la veille. Une à une, les certitudes de la majorité se dessèchent et s’envolent sous l’effet de la météo politique. Progressivement, les soutiens du président de la République, expriment leurs doutes et craintes, s’éloignent ou baissent pavillon. Il est, peut-être, encore temps de se reprendre…

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