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Ali Bongo et l’appel de l’Unoca pour un dialogue socioplitique
Publié le mardi 25 novembre 2014   |  Gabon Review




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Depuis l’appel lancé, au tout début de la semaine dernière, par le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU et chef du Bureau des Nations-Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA), les autorités politiques du Gabon n’ont pas réagi. Faut-il croire qu’elles prennent un temps de réflexion ou vont-elles fermer la porte à cette «opération de diplomatie préventive» ? En tout cas, pour de nombreux observateurs, celui des deux bords qui refusera le dialogue sera considéré comme un va-t-en guerre.

Ali Bongo semble n’aimer rien d’autre que suivre le chemin qu’il s’est lui-même tracé. Il n’aime rien d’autre que décider lui-même des initiatives à prendre. Il a jusqu’ici toujours donné le sentiment de préférer rester à l’initiative, à l’action. Est-ce la raison pour laquelle les médias publics ont jusqu’ici donné peu d’écho à l’initiative d’un représentant des Nations-Unies ? Est-ce surtout la raison pour laquelle il n’a, pour l’instant, réservé aucune suite à l’initiative prise par Abdoulaye Bathily, représentant spécial de Ban Ki-Moon en Afrique centrale ? Pourtant, le climat politique et social est tellement pesant qu’une prompte réaction de la part du chef de l’Etat gabonais est nécessaire. Comme beaucoup d’observateurs -notamment les diplomates des chancelleries occidentales et africaines et les fonctionnaires internationaux des représentations des organismes internationaux-, l’ancien ministre d’Etat sénégalais, brillante machine intellectuelle, a constaté que le climat social et politique s’est dégradé depuis quelque temps. Aussi, a-t-il attiré l’attention du gouvernement sur les mouvements de revendication et de protestation susceptibles de compromettre la stabilité du Gabon et a-t-il exhorté les autorités gabonaises à ouvrir un dialogue franc en vue d’un apaisement du climat social.

La communauté internationale montre des signes d’inquiétude sur la paix au Gabon

Si les premiers appels au dialogue pouvoir-opposition ont été lancés en 2012 par l’opposition et relayés et soutenus par d’éminents membres du Parti démocratique gabonais (PDG) tels que Paul Biyoghé Mba, René Ndemezo’Obiang, René Radembino Coniquet et, dans une certaine mesure, Jean-François Ntoutoume Emane, suivis d’un autre appel, plus récent, lancé par Jean de Dieu Moukagni Iwangou, leader de l’Union du Peuple Gabonais (UPG – Loyaliste), l’appel du Représentant spécial de Ban Ki-Moon montre à suffisance que la communauté internationale commence à s’inquiéter de la situation socio-politique du Gabon.

Dans un pays où les diplomates et représentants d’organisations internationales mènent généralement et à peu de frais des opérations préventives marquées par une prudence par trop frileuse, le courage d’Abdoulaye Bathily est à saluer. Avant d’être reçu par le Premier ministre le 17 novembre, et de publier un communiqué le lendemain, il s’était entretenu avec les responsables politiques des deux bords, notamment le secrétaire général du PDG, Faustin Boukoubi, et les responsables de la prohibée Union nationale, Zacharie Myboto, Jean Eyéghé Ndong et Paulette Missambo, ainsi que l’ancien président de la Commission de l’Union africaine, Jean Ping, qui ont déposé, le 13 novembre dernier, une plainte contre Ali Bongo pour «inscription de faux en écriture publique». Ce qui démontre que le climat politique n’est pas apaisé, mais surtout que la fracture actuelle entre le pouvoir et l’opposition est préoccupante et peut laisser des cicatrices qui mettraient du temps à se refermer.

Situation différemment vécue par le pouvoir

Il est vrai que cette situation est vécue différemment par les tenants actuels du pouvoir au Gabon. Pour Alain-Claude Billie-By-Nzé, le porte-parole de la présidence de la République, «il n’y a pas de crise politique au Gabon, les institutions fonctionnent normalement». Pour Christophe Akagha Mba, éphémère ministre de l’Economie (249 jours à l’Immeuble Arambo), «la croissance est là, les salaires des fonctionnaires sont payés tous les mois»… D’autres partisans du pouvoir avancent des arguments de même acabit pour souligner que «tout est sous contrôle». Dans ce camp politique, seule l’UFPDG qui, prenant conscience des risques que porte la crise actuelle, vient d’organiser un séminaire sur la culture de la paix et de la non-violence. Mais, le mutisme actuel des «grandes consciences» de la majorité ne peut étonner, vu que ceux ayant pris position en 2012 pour des retrouvailles pouvoir-opposition avaient été, d’une certaine manière, «rabroués». Aujourd’hui, le chef du parti au pouvoir entretient avec ces personnalités, à l’instar de René Ndemezo’Obiang, des rapports ambigus, donc ni chauds, ni froids…

Toutefois, l’invite au dialogue lancée par le chef du Bureau des Nations-Unies pour l’Afrique centrale ne devrait pas être prise à la légère. Les événements récemment vécus dans divers endroits du continent ont montré à quel point l’entêtement des dirigeants, leur assurance sans limite, leurs certitudes inébranlables, leur optimisme sans borne, peuvent conduire en peu de temps à des situations inconfortables. Au lieu de la politique de la canonnière, il est toujours bon d’user des voies habituelles de la diplomatie, à savoir le dialogue, la négociation… Mais le pouvoir est-il prêt à user de ces voies ? Pourtant, l’appel d’Abdoulaye Bathily n’est pas forcément à son désavantage.

Ali Bongo donne l’impression de ne vouloir rien céder

Si le dialogue venait à s’instaurer, le chef de l’Etat aura nécessairement à céder sur certains points que ne manqueraient pas de poser l’opposition, telle que la limitation, à deux, du mandat présidentiel ; le retour aux élections à deux tours ; la réforme de la Cenap ; le mode de désignation des membres de la Cour constitutionnelle et du Conseil national de la Communication ; la réhabilitation de l’Union nationale, et la fin de suspension du paiement des salaires des fonctionnaires proches de l’opposition…

Il faudrait pourtant, une bonne fois pour toutes, adopter des règles de jeu démocratique, car en l’absence d’un consensus sur les règles d’accès au pouvoir, tout l’édifice de paix pourrait s’écrouler. Depuis 1994, au lendemain d’une crise politique majeure consécutive à la proclamation (décriée depuis lors) des résultats de l’élection présidentielle de 1993, le Gabon a passé son temps à des querelles autour de l’organisation des scrutins électoraux. Il a surtout montré, de CNE en CENAP, et de ministère de l’Administration du Territoire en ministère de l’Intérieur, qu’il est incapable d’organiser des élections honnêtes. Globalement, face à toutes les solutions recherchées, le résultat est décevant, tout le monde le reconnaît. Ali Bongo pourrait-il accepter de discuter avec l’opposition des «points litigieux» du Code électoral ? Le chef de l’Etat qui a si souvent exalté le vivre-ensemble se trouve là face à une équation : préférera-t-il se murer dans le silence parce que toute négociation lui ferait perdre quelques acquis constitutionnels ? Ou, en homme d’Etat, acceptera-t-il de tout mettre sur la table pour faire évoluer le processus démocratique au Gabon ? Que fera-t-il après l’appel au dialogue, destiné à préserver la paix sociale, lancé par Abdoulaye Bathily ?

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