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Allégations de charniers à Bangui après le départ du pouvoir de Djotodia, exilé au Bénin
Publié le mardi 14 janvier 2014   |  Xinhua




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YAOUNDE - A peine Michel Djotodia s'est retiré du pouvoir acquis par les armes en mars 2013, sous la pression des dirigeants d'Afrique centrale et de la France, les langues commencent à se délier à Bangui y compris parmi les compagnons de lutte de l'ex-leader de la coalition rebelle Séléka dont certains font état aujourd'hui de l'existence de charniers dans la capitale centrafricaine.

Poussé à la démission lors d'un sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC), avec le Premier ministre du gouvernement d'union nationale et de transition Nicolas Tiangaye nommé par l'accord politique de Libreville du 11 janvier 2013, l'ex-président de la transition centrafricain devrait se faire du souci pour les exactions commises par son ex-rébellion.

Dans une évocation d'une commission d'enquête internationale d éclarée en programmation par les Nations Unies, un ancien ministre et proche de Djotodia, manifestement dans un souci d'être épargné par une probable chasse aux sourcières, a par exemple annoncé sous couvert d'anonymat à Xinhua l'existence d'un charnier de 40 corps à Bangui.

« Djotodia a montré son incapacité à mettre un terme aux violences qui ont plongé notre pays dans le chaos. Qu'il se taise de là où il est et qu'il ne se même plus des affaires de la Centrafrique », a affirmé celui-ci qui enchaîne ses déclarations à charge en demandant que toute l'équipe des ex-rebelles emmenée par le dirigeant démissionnaire, accusée d'avoir « du sang sur les mains », « rende des comptes et réponde de ses actes » devant la justice.

Cet ancien ministre s'était déjà désolidarisé des dé clarations tonitruantes récentes d'autres figures de l'éphémère pouvoir de Djotodia menaçant la partition de la République centrafricaine (RCA) entre un Etat musulman au Nord et un Etat chr étien au Sud, suite à la chasse à l'homme subie ces derniers temps par les ex-Séléka en majorité musulmans et des civils de la même confession de la part les milices d'autodéfense chrétiennes anti- Balakas (anti-machettes), jugées aidées par la force française Sangaris.

ARMES AU NORD

A l'en croire, « beaucoup d'armes, notamment les armes de guerre ont été envoyées au Nord » dans la perspective de l' intention affichée de la création d'un Etat musulman dans le Nord centrafricain « rattaché au Soudan », un des soutiens extérieurs présumés de Michel Djotodia, exilé depuis samedi à Cotonou au Bé nin, pays d'origine de son épouse Chantal où il possède une ré sidence, selon des sources concordantes.

Comme pris en otage par une classe politique qui n'est pas innocente dans la descente aux enfers de leur pays du fait de la transhumance par laquelle s'illustrent nombre de ses acteurs au discours dénué de substance et se découvrent comme des complices des soubresauts à répétition qui compromettent les efforts de dé veloppement national, les Centrafricains ne sont pas surpris par de telles renonciations et remises en cause d'un ex-apparatchik.

A juste titre, l'on peut parier que la suite de la transition politique que le président français François Hollande souhaite s' achever avant la fin de cette année par la tenue d'élections pré sidentielle et législatives démocratiques, promet en rebondissements plus ou moins spectaculaires.

Déjà, l'on annonce le retour dans les rangs depuis la fin du pouvoir de Michel Djotodia décidée lors du sommet extraordinaire de la CEEAC tenu jeudi et vendredi dans la capitale tchadienne, d' un nombre important (des centaines) d'anciens soldats des ex- Forces armées centrafricaines (FACA) qui avaient gagné le maquis après la chute du régime de François Bozizé.

Dans leur réhabilitation, ces déserteurs soupçonnés d'avoir ét é les principaux instigateurs des assauts des milices d'autodé fense anti-Balakas contre ce pouvoir, se disent opposés à la nomination de responsables issus de l'ex-rébellion au sein du futur gouvernement d'union nationale et de transition dont la formation commencera à être discutée par le Conseil national de transition (CNT, Parlement provisoire) réuni en session extraordinaire dès mardi à Bangui, selon les sources officielles.

« On nous humiliés, on nous a tués. Ils ont eu un an pour montrer de quoi ils étaient incapables. Ils n'ont pas pu le faire. Il est hors de question qu'un Monsieur de la Séléka soit nommé dans le futur gouvernement », a pesté à Xinhua un colonel des ex- FACA sous couvert d'anonymat.

La partie ne semble pas gagnée d'avance, si l'on s'en tient à d'autres informations qui laissent croire que l'ex-homme fort de Bangui entend vouloir rester présent dans le jeu politique en cours, en exigeant le poste de chef du gouvernement au profit de son neveu Herbert Djonoaba, le ministre des Mines sortant décrit comme « l'homme de tous les dossiers » sous le pouvoir de son oncle.

« Non content de réclamer le poste de Premier ministre, Djotodia veut aussi cinq portefeuilles ministériels, la Défense, les Finances, les Affaires étrangères, la Sécurité intérieure et les Mines, c'est-à-dire les ministères de souveraineté », allègue encore l'ancien ministre interrogé par Xinhua pour qui le portefeuille de la Défense serait revendiqué pour l'ex-ministre des Transports Abazin Djobaye, cousin germain de l'ex-président de la transition.

Même si leur crédibilité reste à établir, ces allégations attestent en tout cas de l'agitation que connaît en ce moment le paysage politique centrafricain, comme avant la formation du précé dent gouvernement décidé lors du dialogue intercentrafricain organisé par les dirigeants de la CEEAC en janvier 2013 dans la capitale gabonaise.

PERSONNALITE FEDERATRICE

« Il y a beaucoup de personnes qui s'activent à l'intérieur comme à l'extérieur. Mais le choix du CNT sera porté sur une personnalité fédératrice des aspirations des Centrafricains et qui aura l'aval de la communauté internationale, afin d'éviter de compromettre le processus de sécurisation du territoire national et l'organisation des élections », a confirmé à Xinhua Nicaise Karnou-Samedi, membre du Parlement provisoire.

Depuis samedi, c'est Alexandre-Ferdinand Nguendet, le pré sident de cette institution mise en place après la prise du pouvoir de Michel Djotodia en 2013, qui a été désigné d'office pour expédier les affaires courantes à la tête de l'Etat centrafricain. Celui-ci devra permettre la désignation dans moins de deux semaines par le CNT d'un nouveau président de la transition, lequel nommera à son tour un nouveau chef du gouvernement.

Pour mettre un terme aux fonctions de l'ex-chef rebelle et du Premier ministre Nicolas Tiangaye, les chefs d'Etat et de gouvernement de la CEEAC ont du convoquer lors de leur sommet à N' Djamena l'organe législatif provisoire représenté par 106 de ses 135 membres.

Naturellement salué par une grande partie de la population, cet acte pris face à une situation d'exception d'impasse dans le rè glement de la crise centrafricaine avec la persistance des violences malgré la présence à Bangui depuis décembre de la force française Sangaris et des troupes africaines de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA), est cependant dénoncé par certains Centrafricains qui le jugent illégal et comme une entorse à la souveraineté nationale. (par Raphaël MVOGO)

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