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Remise en cause
Publié le lundi 17 novembre 2014   |  Gabon Review


J.B
© Autre presse par DR
J.B Assélé va en guerre contre Péan et Bengone Nsi


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Comment résister face au festival de maladresses de ses proches ? Comment laisser la justice se mêler de cette histoire sans être accusé de l’avoir influencé ? Comment continuer à servir une population qui semble remettre en cause son état-civil ? A 2 ans de la présidentielle, Ali Bongo est dans une situation compliquée.

Une fois encore, des proches d’Ali Bongo ont plongé dans des témoignages où les incohérences le disputent à l’amalgame. A plusieurs reprises, en présence d’une foule partagée entre doute et hilarité, Jean-Boniface Assélé s’est trompé, obligeant Patience Dabany à se muer en souffleur. A l’évidence, le président de la République n’avait pas besoin de ce témoignage que l’opinion n’a de cesse d’opposer à celui de sa mère en avril 2009 et plus encore aux précédentes déclarations fracassantes de son oncle. Plus que jamais, l’opinion considère que les différents témoignages sur sa filiation sont dénués de fondements, qu’ils ne font qu’en rajouter au scepticisme et qu’une meilleure coordination s’avère nécessaire. «La communication multiforme qui s’organise autour d’Ali Bongo (…) ne semble ni organisée ni structurée encore moins planifiée. Elle donne l’impression de manquer de coordination, d’aller dans tous les sens», juge notre confrère l’Objectif dans son édition du 14 novembre dernier, constatant : «De fréquents dérapages y ont été relevés». Au passage, il relève qu’ «aucune évolution notoire n’a été enregistrée dans le débat, en dépit de la gravité des accusations portées contre Ali Bongo (…) et surtout de leur incidence sur le fonctionnement des institutions, à l’exemple de la Cour constitutionnelle, directement mise en cause dans la situation qui prévaut actuellement».

Si ses proches font dans une communication qui confine au vacarme, Ali Bongo observe un silence assourdissant. Tout porte à croire qu’il espère que le temps fasse son œuvre, qu’un autre événement d’envergure viennent détourner l’attention de l’opinion de ce sujet scabreux. Cohérente en apparence, cette stratégie n’en est pas moins risquée. Dans moins de 2 ans, le président de la République devra remettre son mandat en jeu. Si un consensus minimal n’est pas établi dès à présent, la question de son éligibilité pourrait revenir. Or, à ce moment-là, les passions seront portées à incandescence. Y arriver sans vider cette question comporte, à l’évidence, de gros risques. Déjà, les réseaux sociaux évoquent cette perspective et se donnent à cœur joie. «On va voir comment il sera candidat en 2016», « On demande l’application stricte de la Constitution», «On attend ce que Mborantsuo va nous dire cette fois-ci», peut-on, notamment lire çà et là. Processus électoral, respect des textes, fonctionnement et impartialité des institutions sont, entre autres, des sujets récurrents. Jamais, on n’a entendu autant de revendications de la souveraineté du peuple. Jamais, la capacité des institutions à l’exercer selon les principes de la démocratie pluraliste n’a autant été remise en cause.

Comme toujours, le pouvoir judiciaire est le plus soumis au feu nourri des critiques. Certes, la plainte du Front de l’opposition pour l’alternance laisse à penser que les forces sociales continuent de croire en la justice nationale. Mais, nombreux sont ceux qui pronostiquent un refus de se mouiller ou tout au moins un classement sans suite. «Cette plainte ne va pas prospérer. Tout le monde sait qu’aucun juge n’aura le courage de la traiter», lit-on sur la Toile. Pour ces commentateurs, seule la justice française peut faire bouger les lignes. Voilà pourquoi sa saisine est perçue comme le seul événement majeur intervenu depuis la publication du livre de Pierre Péan «Nouvelles affaires africaines – Mensonges et pillages au Gabon». La justice gabonaise aurait-elle à ce point perdu tout crédit ? Serait-elle définitivement considérée comme un instrument au service du pouvoir politique ?

Président du Conseil supérieur de la magistrature, le président de la République est «le garant de l’indépendance du pouvoir judiciaire» autant qu’il «statue sur les nominations, affectations et avancements des magistrats». Ces prérogatives constitutionnelles lui confèrent donc un ascendant évident, des moyens de pression sur les juges. Tout verdict en sa faveur ou un éventuel mutisme de la magistrature ne pourrait qu’être analysé à cette aune. Ali Bongo sait que la Constitution le pose en arbitre du «fonctionnement régulier des institutions». S’il a jusque-là privilégié la communication, il doit avoir conscience de ce qu’il ne peut sortir indemne de la plainte formulée par le Front de l’opposition pour l’alternance.

Doutes

D’ailleurs, les tracasseries enregistrées le 13 novembre ont aussitôt ravivé le souvenir du classement sans suite de la plainte formulée le 23 mai 2011 par Luc Bengono Nsi pour «usage de faux avec constitution de partie civile». L’impressionnant dispositif sécuritaire déployé ce jour-là aux abords du tribunal de Libreville a rappelé aux uns et aux autres le 3 septembre 2009 quand les forces de l’ordre chargèrent sur la foule massée à l’entrée de la Cité de la démocratie où se tenait une séance de la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap). Attaqué en justice, Ali Bongo ne peut donc pas être que le président du Conseil supérieur de la magistrature ou le chef suprême des armées. Plus que jamais, il doit être président de la République, chef de l’Etat. Il doit tout autant se défendre, veiller au respect de la Constitution, assurer le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et la continuité de l’Etat. Subtil et savant dosage.

Dès le début de «l’affaire Péan», le président de la République aurait dû songer au côté surréaliste de la situation. Mais, son cabinet a préféré miser sur la communication, jouant la carte de la victimisation tout en essayant d’occulter le fond du débat, de rendre inaudibles les différentes prises de position. Et, la pusillanimité de ses amis politiques cumulée au ponce-pilatisme des institutions l’ont conduit à une sorte d’enfermement. S’il essaie de rester fidèle à son agenda, de susciter de nouveaux débats, depuis bientôt 3 semaines son état-civil est suffisamment interrogé pour que sa sérénité n’en ait pas pris un coup. Avec le recul, c’est désormais sa capacité à regarder vers l’avenir, à défendre la chose publique qui se trouve entamée. La cohabitation entre un président de la République blessé dans son amour propre et un peuple affirmant avoir été floué doit désormais être examinée. Si, comme dirait Jacques Chirac «la force d’un leader vient de la confiance de sa base», on ne peut que nourrir quelques doutes quant à la suite des événements. Avec froideur et lucidité, il convient de scruter l’horizon, interroger l’avenir.

A moins de 2 ans de la prochaine présidentielle, le terrain politique prend une texture de sables mouvants. Si, comme l’a si souvent rappelé son porte-parole, Ali Bongo est fondé à aller au bout de son mandat, il ne peut ne pas songer à tirer les enseignements de la situation actuelle pour adapter sa gouvernance, ses modes de faire. Au-delà, il y a lieu d’imaginer le climat, l’ambiance générale qui prévaudra désormais. Une ambiance qui pourrait être pire que celle que le pays a connue au lendemain de l’investiture d’Ali Bongo le 16 octobre 2009….

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