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Mairie de Libreville : Et Ali Bongo créa la femme
Publié le vendredi 10 janvier 2014   |  Gabon Review




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Comme au dernier congrès ordinaire du Parti démocratique gabonais, le «distingué camarade», Ali Bongo Ondimba, semble avoir, pour la deuxième fois, déjoué les pronostics en laissant penser à Laure Olga Ngondjout, Hugues Barro Chambrier et tout dernièrement Chrystel Limbourg Iwenga, comme prochain candidat à l’hôtel de ville de Libreville. Son choix s’est porté sur Rose Christiane Ossouka Raponda.

Ayant entretenu le suspense pendant plus d’un mois, autour de l’identité du porte-étendard du PDG à l’élection du maire de la capitale gabonaise, avec des noms tels que Laure Olga Ngondjout, Hugues Barro Chambrier ou Chrystel Limbourg Iwenga, le numéro un du parti des démocrates gabonais, corroboré par son secrétaire général, Faustin Boukoubi, viennent de surprendre plus d’un à travers une note d’orientation aux conseillers municipaux de l’Estuaire, indiquant le choix du président de la République pour la mairie centrale de Libreville.

Reçue, en effet, en audience, le lundi 7 janvier dans la matinée, au palais du Bord de mer en présence de Faustin Boukoubi, secrétaire général du Parti démocratique gabonais (PDG), Rose Christiane Ossouka Raponda, 50 ans, conseiller municipal du 3e arrondissement de Libreville, sera le prochain maire de la capitale gabonaise. Actuelle ministre du Budget, des Comptes Publics et de la Fonction Publique et proche de Laure Olga Gondjout, Rose Christiane Raponda va succéder, dans quelques semaines, à Jean-François Ntoutoume Emane. Cela emmène à tirer quelques enseignements.

Géopolitique respectée

Qui a donc dit qu’Ali Bongo Ondimba faisait fi de la géopolitique ? La règle non écrite qui veut qu’un M’Pongwè succède à un Fang (de l’Estuaire) à l’Hôtel de ville de la capitale gabonaise tous les cinq ans et vice-versa, est respectée. Malgré le multipartisme qui devrait amener à obéir à d’autres critères, la géopolitique reste omniprésente dans les us et coutumes politiques du Gabon. Depuis 1990, une demi-dizaine de maires se sont succédés en «alternance ethniques» : nommé en 1989, Claude Damas Ozimo (Mpongwè) a été remplacé en 1997 par Paul Mba Abessole (Fang) qui, lui, aura, en 2003, pour successeur André-Dieudonné Berre (Mpongwè) pendant quatre ans et Alexandre Ayo Barro (en fin de mandat) ; puis viendra, en 2008, Jean-François Ntoutoume Emane (Fang).

Pour la première fois, une femme

Depuis 1956, année à laquelle Libreville est devenue une commune de plein exercice, c’est la première fois qu’une femme va diriger cette ville. Christiane Raponda, comme on l’appelle au quartier Derrière-L’hôpital va détenir un autre record, celui d’être la première originaire du 3e arrondissement à devenir maire de Libreville. Première femme, première originaire du 3e arrondissement à diriger la capitale du Gabon depuis Léon Mba.

Opposition municipale, syndicats, ordures, manque de cimetière,…

Le futur édile de Libreville va devoir montrer sa force intérieure et sa capacité à gérer une ville complexe. Elle devra savoir manier diplomatie et fermeté face aux syndicats de la maison qui ne manqueront certainement pas de se faire entendre dès sa prise de fonction ; il y a tellement de problèmes à régler… Elle fera aussi face à l’opposition municipale incarnée par l’ancien Premier ministre et Conseiller municipal du 2e arrondissement, Jean Eyéghé Ndong. Ossouka Raponda va batailler pendant cinq ans jusqu’à la… prochaine élection municipale, comptant toutes les promesses non tenues, tous les manquements, toutes les insuffisances. Face au manque de cimetière moderne à Libreville, Rose Christiane Ossouka Raponda va devoir développer des trésors d’imagination et d’ingéniosité pour régler ce problème qui affecte les Librevillois, au même titre que les ordures. A propos d’ordures, elle devrait se mettre à l’idée que ses premiers pas à l’Hôtel de Ville seront scrutés, particulièrement dans le secteur de la salubrité.

Une administration pléthorique

Le futur maire de Libreville va trouver une administration municipale pléthorique. Aux quatre directions générales existantes, Jean-François Ntoutoume Emane en avait ajouté cinq. Etait-ce nécessaire ? Et à l’heure du bilan, que peut-on en dire ? Rose Christiane Ossouka Raponda pourrait ramener ces directions générales à six et renforcer plutôt le nombre de Conseillers. La réduction des directions générales devrait aussi amener à la réduction des directions et des services. En clair, elle pourrait élaborer un nouvel organigramme qui enverrait de nombreux services au niveau des arrondissements.

Doutes et extrapolations

On déplore cependant que, malgré l’échec de la liste PDG du 3e arrondissement, conduite par la secrétaire de la présidence de la République, Laure Olga Gondjout, et sa position de 8e sur cette liste, Christiane Rose Ossouka Raponda ait accroché Ali Bongo Ondimba qui dispose des pleins pouvoirs au sein du parti au pouvoir. La logique pouvait faire penser à Hugues Barro Chambrier qui aurait réalisé le meilleur score dans la commune de Libreville, avec les 54.97% de voix engrangées par sa liste. Si l’on a déploré la jeunesse et le manque d’expérience de Chrystel Limbourg Iwenga que la rumeur persistante annonçait à ce poste, Ossouka Raponda n’en est pas si éloignée. Déjà au ministère du Budget, elle donnait l’impression d’une étudiante parachutée au sommet du fait de sa relative «belle gueule». On ose croire que sortie de ce ministère somme toute «tranquille», elle saura tenir la barre du navire Libreville dans l’océan tumultueux des deux dernières années avant la présidentielle de 2016.

Son CV n’est, en effet, pas celui d’une personne de longue expérience qui en a bravé. Ancienne directrice générale adjointe de l’Economie, ancienne DGA de la BHG, Rose Christiane Ossouka Raponda est ministre du Budget depuis février 2012, soit environ deux ans. Cette franc-maçonne a du se faire un carnet d’adresses à ces différents postes. Un carnet d’adresses qui ne serait pas de trop pour la gestion de Libreville.

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