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À 2 ans de la prochaine présidentielle : Pierre Péan, l’invité-surprise…
Publié le jeudi 6 novembre 2014   |  Gabon Review


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© Autre presse par DR (Photo d`archive)
La couverture du livre de Pierre Péan


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Et s’il venait tout bousculer ? Et s’il était l’homme de la fin du mandat en cours ? Avec ses révélations, Pierre Péan pourrait bien peser sur les 2 prochaines années et, pourquoi pas, sur 2016.

Il ne sera jamais président de la République gabonaise ni député à l’Assemblée nationale encore moins sénateur ou maire au Gabon. Il n’est donc candidat à rien. Mais, Il alimente la chronique. Depuis bientôt une semaine, Pierre Péan est de toutes les conversations, sur toutes les lèvres. Pascaline Mferri Bongo dénonce-t-elle les «fantasmes» véhiculés par «les gens (qui) ne connaissent ni l’un ni l’autre, mais racontent beaucoup de choses» ? Dans son livre, Pierre Péan évoque «un combat sans merci» auquel son frère et elle se seraient livrés «durant l’agonie de leur père et après sa mort». Et, pour montrer qu’il a bien mené une enquête, il parle de «Christian, autre fils, affectivement le plus proche du président, qui, depuis 1998, s’est toujours tenu à ses côtés, et, à la fin de sa vie, est devenu ’’ses yeux’’».

Le célèbre journaliste français d’investigation enflamme le Landerneau politique national. «La véritable identité d’Ali Bongo et les pillages imputés à Maixent Accrombessi, chef de la «Légion étrangère», vont être, en 2016, au cœur de la future campagne présidentielle», pronostique-t-il. C’est précisément cette éventualité que les membres de la famille Bongo et les ténors de la majorité veulent conjurer quand ils dénoncent «l’absence de projet» dont ferait montre l’opposition ou encore «la propaganda», «le kongossa» et «la haine» dont serait victime Ali Bongo. Pierre Péan n’en a cure. Il considère que «la campagne présidentielle est (…) déjà ouverte», qu’«elle s’annonce rude». «La situation chaotique du pays risque-t-elle de devenir insurrectionnelle ?», s’interroge-t-il, poursuivant : «La prochaine élection sera-t-elle truquée, comme c’est la coutume au Gabon ?» «Quelle sera alors la position de la France, qui demeure une pièce maîtresse dans le jeu gabonais ?», demande-t-il, comme pour mettre Paris face à ses responsabilités.

Le curieux intérêt de Pierre Péan pour le Gabon ? Même s’il confesse ne pas comprendre «ce qui a motivé (son) attachement pour le Gabon et les Gabonais», l’homme dit avoir mis pieds dans ce pays, pour la première fois, en 1962 à la demande du ministre des Finances d’alors, François Méyé. Ses liens supposés avec l’opposition, notamment Jean Ping ? Il affirme avoir joué «les médiateurs» en 1993 entre Omar Bongo Ondimba et Paul Mba Abessole. Son manque de preuves ? Il révèle que lors de la publication en 2008 de son livre intitulé «Le monde selon K» dans lequel il met notamment en cause Bernard Kouchner, Omar Bongo Ondimba «soupçonnait des proches de Sarkozy de comploter avec son fils Ali pour l’acculer à la sortie». Péan voudrait montrer qu’il fait partie du paysage, qu’il est un habitué des salons feutrés, tous camps confondus, qu’il n’en dirait pas tant…Il aurait voulu dire qu’il est bien introduit et sait où obtenir de la documentation qu’il n’écrirait pas autre chose…

Rencontres et confidences subliminales

Rencontres et confidences recueillies de manière subliminale, Pierre Péan menace ses contradicteurs en instillant l’idée qu’il en a gardé sous la semelle. «Mon premier contact indirect avec Ali Bongo, devenu président après un coup d’État électoral, fit suite à sa demande d’un démenti», avance-t-il, ajoutant : «Il était alors confronté à une contestation de son élection au titre de l’article 10 de la Constitution gabonaise, qui stipule qu’un enfant adopté ne peut devenir chef de l’État». Et de poursuivre sans plus de précisions : «Je refusai de démentir, sachant qu’Ali venait bel et bien du Biafra», avant de s’épancher sur une rencontre ayant eu lieu «le 3 décembre» et au cours de laquelle le président de la République lui parla «longuement de Nicolas Sarkozy». Il revient sur cet autre entretien durant lequel Ali Bongo lui livre sa version de «la dernière phase de la maladie de son père, (de) l’inquiétude de Nicolas Sarkozy à propos de sa succession, (de) la maladie d’Édith, sa belle-mère, (du) comportement du président congolais durant cette période, (de) celui de Pascaline, sa sœur, (de) Paul Toungui, mari de Pascaline, et (de) Jean Ping, ex-président de la Commission de l’Union africaine, avec qui Pascaline a eu deux enfants qui cherchaient à l’éliminer».

Pas avare en révélations, le journaliste-écrivain français parle aussi d’un entretien datant du «18 février 2011» où il en apprend sur «la trahison des pays occidentaux à l’égard de la Tunisie et surtout de l’Égypte, d’Obama». Tant de rencontres et de confidences recueillies ? Toute personne en vient naturellement à considérer qu’elle dispose d’assez d’éléments ou de moyens de pression. Quand le gouvernement dénonce «un ramassis de ragots traduisant une volonté manifeste et clairement exprimée de nuire et de s’acharner de manière obsessionnelle contre une personne, Ali Bongo Ondimba, une famille, Bongo Ondimba et un pays, le Gabon», Pierre Péan rétorque que Ziad Takieddine a prétendu être «prêt à (lui) faire des révélations sur le financement de la campagne électorale de Sarkozy par Kadhafi» pour, en réalité, «(le) faire rencontrer Alain-Claude Billie By Nzé, conseiller en communication d’Ali Bongo (…) dont la mission consistait à organiser un rendez-vous avec le président».

Face à Léon Raoul Minko Menguiré qui a brandi une photographie dans laquelle il pose avec Ali Bongo qui avait alors «8 ans» en affirmant que «c’est (son) père qui a fait cette photo (…) dans les années 63-67 quand les enfants du président Bongo sont venus à Alès», le journaliste-écrivain affirme que, selon Philippe Bernard du journal Le Monde, le président de la République fut «envoyé très jeune comme pensionnaire dans un collège protestant des Cévennes, (avant de poursuivre) un cursus des plus classiquement huppés : études secondaires au collège Notre-Dame-de-Sainte-Croix de Neuilly-sur-Seine, puis droit à l’université Paris I (Panthéon- Sorbonne)». En filigrane, il réfute donc la thèse d’une scolarité à Ales. Mais il en rajoute sur la scolarité, au point de remettre en cause les thèses officielles.

Ali Bongo cerné

Contrairement à ses soutiens de l’ONG «Convergence pour l’unité», le président de la République sait qu’un éventuel procès serait un couteau à double tranchant : s’il peut permettre de discréditer définitivement les «Nouvelles affaires africaines – Mensonges et pillages au Gabon», il peut aussi nécessiter des analyses médicales ou biologiques. A coup sûr, il risque de donner lieu à un grand déballage. Sans doute, est-ce pour cela qu’il semble avoir opté pour une guerre médiatique ? Là aussi rien n’est gagné. «Attaqué par Péan, Bernard Kouchner avait choisi la voie médiatique. Il y a laissé des plumes, comme le montre la récente charge dont il a été l’objet de la part d’Aymeric Caron dans l’émission de Laurent Ruquier. Kouchner ne s’en est jamais relevé. Or, Ali Bongo ne peut arpenter tous les plateaux de télé. Et, les animateurs seront forcément rétifs à l’idée de recevoir ses émissaires en ses lieu et place», analyse un ancien journaliste au quotidien L’Union, qui avertit : «Péan est un journaliste d’investigation chevronné. En France il a contribué à faire la lumière sur le passé de Mitterrand, sa présence dans un mouvement d’extrême droite et même ses liens avec Vichy».

Au sein de la majorité, on a donc intérêt à traiter le cas Pierre Péan avec beaucoup de sang froid, de doigté et de tact. «A l’évidence, ce livre a une portée politique, Ali Bongo gagnerait à l’intégrer et à lui réserver un traitement politique», glisse un observateur de la scène politique. Soit ! Reste que, dans bien des cas, «traitement politique» peut être assimilé à «traitement politicien». Si la campagne de communication actuelle se poursuit, elle risque de tomber dans le folklore, révéler des contradictions ou susciter de nouveaux débats dont on ignore la portée à ce stade. «La ligne de défense actuelle pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponses», estime un enseignant de sociologie à l’UOB. Sous-entendu, les défenseurs du président de la République évoquent sa prime enfance et son adolescence là où Pierre Péan parle de filiation au sens biologique. «Le président insiste pour que la Constitution soit respectée», aurait confié Pascaline Mferri Bongo à certaines personnes, le 28 mai 2009, à son retour de Barcelone où était hospitalisé Omar Bongo Ondimba. Or, selon Pierre Péan, «la Constitution, en l’espèce, c’est d’abord et avant tout l’article 10 (…) qui stipule que «toute personne ayant acquis la nationalité gabonaise ne peut se présenter comme candidat à la présidence de la République». D’ici à 2016, ce débat pourrait être le lot quotidien d’Ali Bongo, plus que jamais cerné entre une opposition décidée à en découdre et un invité surprise qui n’a rien à perdre. S’il s’est jusque-là débarrassé des problèmes de manière expéditive et en déléguant, ces méthodes-là ne semblent pas adaptées à la circonstance. L’après-2016 semble encore loin…. Trop loin…



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