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«Affaire Péan» : Que d’agitation !
Publié le mercredi 5 novembre 2014   |  Gabon Review




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«Ramassis de ragots» pour les uns, stratégie commerciale voire politique pour les autres, la sortie du dernier livre de Pierre Péan est loin d’être le «non-événement» proclamé par certains défenseurs du pouvoir.

Plusieurs jours avant la sortie officielle du dernier livre du journaliste-écrivain français Pierre Péan, des défenseurs du pouvoir en place s’étaient illustrés par des formes détournées de critiques sur l’ouvrage que l’on présentait comme un brûlot avant même sa parution. Dès la sortie, le 29 octobre dernier, de «Nouvelles affaires africaines. Mensonges et pillages au Gabon», la critique se fit encore plus véhémente et le non-événement devint, comme par enchantement, la grande affaire de l’année. «Une bombe», qualifiait-on déjà l’ouvrage du côté de l’opposition qui s’en délectait.

Pourtant, le 29 octobre même, le pouvoir semblait encore minimiser le tollé que «l’affaire» susciterait dans l’opinion, la présidence de la République se refusant d’ailleurs à commenter ce qu’elle percevait comme du simple «kongossa». Si quelques heures seulement après, Pascaline Mferri Bongo, l’aînée de la progéniture d’Omar Bongo Ondimba, s’était résolue à donner son point de vue sur la question, c’est que «l’affaire» semblait, cette fois, sérieuse et qu’elle méritait d’être prise en considération. Le nouveau tollé que la maladroite intervention a engendré, est venu amplifier ce qu’on qualifie, sur les réseaux sociaux, de buzz. Bref, une question se pose désormais : si le livre de Péan est si indigeste et sans intérêt, ainsi que le prétendent les tenants du pouvoir, pourquoi tant d’agitation autour de ce qui est censé être «un non-événement» ? La réponse à cette interrogation réside dans la quantité, et surtout la qualité des différentes réactions enregistrées depuis lors. Même le gouvernement s’y est tout récemment mis.

«La riposte» du gouvernement

Visiblement piqué au vif, moins de 24 heures après la diffusion puis les nombreuses rediffusions de l’entretien accordé à Pascaline Mferri Bongo, l’air grave, le regard vif, comme s’il s’agissait d’une annonce de la plus haute importance, la ministre, porte-parole du gouvernement, s’est exprimée dans la nuit du 3 au 4 novembre dernier sur Gabon Télévision. Objet ? Le livre de Pierre Péan, pardi ! Comme si la réaction de la famille concernée par le sujet ne suffisait pas. A travers le fameux communiqué, la colère de l’équipe dirigée par Daniel Ona Ondo est perceptible : le livre, ou plutôt le «navet» y est présenté comme «un ramassis de ragots traduisant une volonté manifeste et clairement exprimée de nuire et de s’acharner de manière obsessionnelle contre une personne, Ali Bongo Ondimba, une famille, Bongo Ondimba et un pays, le Gabon». D’où une mise en garde à la presse nationale, accusée de prêter le flanc à son auteur, un «individu à l’inspiration colonialiste, et nostalgique de l’époque où l’Africain était placé sous la tutelle dominatrice du colonisateur».

La sortie de la famille Léon Mba

Le 4 novembre au soir, la famille de Léon Mba, premier président du Gabon indépendant, est venue ajouter sa pierre à l’édification du mur contre la pénétration et l’ancrage des thèses de Pierre Péan dans l’opinion nationale. Surfant sur le fait que «Pascaline Bongo a nommément cité les noms de la famille Léon Mba et de la famille Richard Nguéma (…) comme familles ayant appris avec les enfants Bongo Ondimba à une époque donnée à Alès, en France», Mme Akolly Née Paulette Ayo-Mba, non sans préciser que l’intervention de la famille Léon Mba ne s’inscrivait nullement dans un débat politique, plutôt dans un besoin de restitution de l’histoire et de la vérité, a soutenu avoir «joué avec Alain Bongo et sa sœur Albertine Philiberte (…) au jardin de la présidence de la République, résidence de mon père, donc la maison qui était l’habitation du gouverneur de l’Afrique équatoriale française, du gouverneur du Gabon, la 1ère présidence du Gabon.» La dame a expliqué que si elle jouait dans les jardins de la présidence de la République, c’est que son père, Léon Mba, mort en 1967, était encore vivant. «Il n’a pas connu la guerre du Biafra ! Donc, il ne peut pas avoir connu ce qu’on appelait à l’époque les camps biafrais (ni) avoir connu un enfant supposé Biafrais de feu président Albert Bongo Ondimba».

Pour sa part, Léon Raoul Minko Mengere, petit-fils de Léon Mba, a expliqué, dans la même sortie télévisée, qu’il a été envoyé étudier à Alès en 1964 et qu’il y avait là une certaine Denise Ombago qui avait pris en charge les études d’Ali Bongo qui à l’époque accusait du retard. Et de brandir une photographie dans laquelle il pose avec Ali Bongo qui avait alors «8 ans». «C’est mon père qui a fait cette photo. C’était dans les années 63-67 quand les enfants du président Bongo sont venus à Alès», a expliqué Léon Raoul Minko Mengere, avant de souligner : «Je confirme ici que Ali Bongo Ondimba est le fils du président Bongo Ondimba, parce que je n’ai jamais entendu mon père dire le contraire, Léon Mba dire le contraire, ma mère dire le contraire.»

Une nouvelle menace de plainte par l’ONG «Convergence pour l’unité»

Si, pour tenter de clore le débat, le gouvernement a cru bon d’«exprimer sa profonde indignation et sa forte réprobation» face à ce livre qui, selon lui, nuit aux institutions républicaines et porte atteinte à la souveraineté du peuple gabonais, la vague de réactions ne s’est pas arrêtée pour autant : une organisation de la société civile gabonaise, «Convergence pour l’unité», connue pour être plutôt proche du pouvoir, en a profité pour rajouter une couche. L’ONG qui, le 8 août 2014, avait déjà accusé Jean Ping de «distiller aussi bien au niveau national qu’international, un discours de haine, de division et de xénophobie pouvant mettre en péril la cohésion sociale et l’unité nationale», a une nouvelle fois sauté sur l’occasion, indexant l’ouvrage et son auteur, avant de menacer de porter l’affaire devant la justice. La sortie du livre de Péan est-elle donc devenue un «grand» événement ? Sinon, comment comprendre un tel remue-ménage ? Bien malin qui le saura.

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