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Adama Ndiaye, Président de la FANAF : « l’assurance est méconnue, mais pourtant indispensable pour la vie économique »
Publié le lundi 3 novembre 2014   |  Gaboneco


Adama
© Autre presse par DR
Adama Ndiaye, Président de la Fédération des sociétés d`assurances de droit national africaines (FANAF)


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Répondant aux questions de la rédaction de Gaboneco.com à l'issue du 1er forum annuel des Marchés de la Zone FANAF, qui s’est tenu du 30 au 31 octobre 2014, Adama Ndiaye, le président de cette institution pense que malgré la méconnaissance des populations vis-à-vis du rôle crucial de l'assurance dans un pays, celle-ci demeure toutefois, un secteur indispensable pour la vie économique d'un pays.

Gaboneco (Ge) : Pouvez-vous nous présenter l’institution que vous dirigez et nous préciser en quoi consiste son rôle?

Adama Ndiaye : La FANAF est une association professionnelle qui regroupe les dirigeants de 189 sociétés d'assurances, de réassurance et de fonds de garantie qui sont présents dans 28 pays. Elle a été créée en 1976 à Yamoussoukro par une dizaine de dirigeants d'entreprises. Elle a fait un grand chemin et son rôle aujourd'hui est de porter la voix des assureurs pour pouvoir aller vers les décideurs, les régulateurs pour défendre nos intérêts, car lorsqu'on est dans une corporation, chacun ne peut pas se lever pour défendre ses intérêts. C'est une association qui a pour vocation de faire évoluer positivement la réglementation, les mentalités et de promouvoir le développement du secteur de l'assurance.

Ge : Vous avez reconnu en ouverture du 1er Forum annuel des Marchés de la Zone FANAF que les marchés de l'assurance, que ce soit au Gabon ou dans le reste des pays membres de la FANAF, sont confrontés à deux problèmes : le sous-développement des branches d'assurance et l’absence, chez les populations, d'une véritable culture d'assurance. A l'issue de ce forum, quelles sont les résolutions prises pour remédier à ces deux difficultés?

Adama Ndiaye : Ce qu'il faut dire c’est qu'effectivement l'assurance est une branche qui ne s'achète pas spontanément, mais qui doit se vendre. Il nous appartient donc de développer des stratégies pour aller vers les populations et les convaincre de venir s'assurer. A cet effet, nous n'avons pas un remède miracle. C'est un travail de longue haleine que nous avons commencé il y a près de quarante ans, mais que nous poursuivrons.

Nous avons déjà identifié quatre types d'actions qui sont toutes des actions de communication. Il y a des actions de communication événementielle qui nous permettent de faire savoir qui nous sommes, des actions de communication institutionnelle qui nous permettront régulièrement de mettre en scène ce que nous faisons auprès des populations et de nos clients. Des actions d'éducation pour intervenir dans certains types d'émissions ou même dans certains établissements scolaires afin d'expliquer aux jeunes ce qu'est l'assurance, parce qu’en réalité, l'assurance est une branche méconnue, mais pourtant indispensable pour la vie économique dans la mesure où ce sont ceux qui n'ont pas de revenus qui ont le plus besoin d'assurance.

Je prendrai un cas simple pour illustrer mon propos. Si la villa d’un monsieur issu de la classe moyenne part en fumée, le lendemain il peut toujours, s'il a encore des moyens, reconstruire une villa. Mais si on est dans le cas de quelqu'un qui s'est battu pendant 20 ans pour bâtir durement sa maison, et que celle-ci part en fumée, sera-t-il encore capable de travailler pendant 20 ans pour reconstruire son patrimoine? Je ne pense pas. Donc ce sont ceux qui n’y pensent pas qui ont en réalité besoin. C'est justement vers ces cibles que nous orienterons nos actions de communication.

Enfin, nous comptons aussi mener d'autres actions en rapport avec les entreprises qui nous permettront de faire savoir que nous ne sommes pas seulement là pour collecter des fonds, mais que nous participons de façon active au financement de l'économie et au développement social des pays. Nous investissons beaucoup, 1500 milliards dans nos pays, un patrimoine immobilier estimé à 510 milliards, près de 600 milliards de participations des entreprises, 360 milliards de dépôts à terme dans les banques. Malgré tout cela, notre activité n'est pas visible. En faisant savoir nos actions, peut-être qu'on inversera le cours des choses, mais cela se fera au fil du temps. Dans les pays comme la France, il a fallu près de 100 ans pour que l'image de l'assurance devienne positive.

Ge : A propos du second point lié au manque d'une véritable culture d'assurance chez les populations. Ce manque ne serait-il pas en relation avec les lenteurs des maisons d'assurance lorsqu'il s'agit de traiter certains dossiers, notamment ceux en rapport avec les dommages aux biens et les accidents corporels?

Adama Ndiaye : Il y a certes des lenteurs, mais ce qu'il faut savoir, c’est que l'assurance est réglementée et à chaque fois que nous avons un travail à faire, nous sommes enfermés dans des délais légaux prévus par la réglementation de l'assurance. Mais Ils ont été raccourcis.

Au mois d'avril dernier à Malabo lors du conseil des ministres de la zone franc des résolutions fortes ont été prises. L'une de celle-ci consistait à mettre en place un nouveau barème d'indemnisation des préjudices causés par les accidents de la circulation et à l'intérieur de ce barème, il y a des dispositions qui sont des pleins droits qui font que désormais, lorsqu'il y a un accident, l'assureur est tenu de faire son travail dans certains délais. S'il ne le fait pas, il paiera +5% du montant qu'il devait payer et cela par mois de retard. C'est donc dire que si un assureur devait payer à titre d'indemnité d'accidents 1.000.000 de franc CFA, et si au bout d'une année, il ne l'a pas fait, il paiera plus. En taxant les assureurs au portefeuille, je pense que les autorités ont voulu nous mettre face à nos responsabilités.

Ge : Dans ce challenge d'innovation et au regard des faiblesses qui touchent le secteur, la régulation a-t-elle un rôle décisif pour impulser les changements aussi bien chez les assureurs que chez les populations?

Adama Ndiaye : En effet, le rôle de la régulation ou du régulateur est toujours décisif dans la mesure où l'assureur après avoir perçu des primes, intervient à posteriori et le fait qu'il intervient sur le constat fait en sorte que le délai qui sépare la perception des primes du paiement de la prestation soit long. Il faut qu'une entité veille à ce que les primes soient bien gérées. C'est justement à ce niveau qu'intervient le régulateur, car il permet une traçabilité de l'argent versé aux assureurs. Il y a également un rôle de régulateur à priori. Celui-ci consiste en une immixtion dans la régulation des contrats. Nous ne pouvons pas vendre n'importe quoi. Lorsque nous rédigeons des contrats d'assurances destinés au public, nous sommes obligés de les soumettre au régulateur qui les analyse pour vérifier qu'il n'y a pas de clauses cachées. C'est après ce travail, et après avoir vérifié que les prix fixés sont les justes prix, que le régulateur nous donne l'autorisation de commercialiser. Donc nous avons une fonction qui est extrêmement encadrée. Nous pensons également que pour développer, il faut un cadre. Et à ce niveau là, le régulateur doit intervenir. Nous avons eu un panel lors du forum sur la régulation qui était une ouverture du rôle du régulateur. C'est bon d'encadrer, c'est bon de mettre des règles, mais lorsqu'on a trop de règles, on induit des rigidités. Aujourd'hui, il faudrait ouvrir et avoir une réglementation et une législation basée plus sur des principes que sur des règles. Le principe étant de dire aux personnes, vous êtes des personnes prudentes, nous vous donnons un cadre et lorsque vous évoluerez à l'intérieur de ce cadre, on estimera que vous êtes sur la bonne voie.

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