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Sénat 2015 : la marche tranquille de Michel Essonghe vers le plateau
Publié le mercredi 29 octobre 2014   |  Gabon Review


Michel
© Autre presse par DR
Michel Essonghe, président-directeur général de la Compagnie d’exploitations commerciales africaines-gabonaise de distribution (Ceca-Gadis)


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L’observation de l’échiquier politique national et les bruits de couloirs, laissent présager que Michel Essonghe, l’ancien ministre et haut-représentant d’Omar Bongo est candidat au poste de président du Sénat. De nombreux paramètres concourent à accréditer cette extrapolation..

Dans exactement 45 jours, les grands électeurs -conseillers municipaux et départementaux- se rendront aux urnes pour désigner les futurs membres du Sénat qui, eux, choisiront, à la mi-Janvier, celui qui devra présider aux destinées de l’institution. Michel Essonghe, l’ancien ministre et haut-représentant d’Omar Bongo est candidat au «plateau» (le siège de président du Sénat). Certains médias veulent voir derrière cette candidature qui se profile à l’horizon, la main du chef de l’Etat.

Agé de 73 ans, Michel Essonghé attend son heure de gloire. Comme on le sait, pour être sénateur, il faut être conseiller municipal ou départemental. Elu justement conseiller municipal de Port-Gentil en décembre dernier, l’actuel conseiller politique d’Ali Bongo n’a pas vocation à n’être qu’un simple élu de circonscription. Surtout qu’à la différence de tous les acteurs majeurs de la vie politique marigovéenne (Jules Bourdès Ogouliguendé, Pierre-Louis Agondjo Okawé, Jean Ping, Honorine Dossou Naki, André Mbourou, Gabriel Tchango,…), il est le seul à n’avoir jamais obtenu un mandat d’élu national, malgré une tentative qui s’était finalement révélée infructueuse lors des législatives de juin 1990. Mais il n’est jamais trop tard. Il ne fait guère de doute qu’il va briguer, lors d’un scrutin indirect, un siège de sénateur à Port-Gentil, et qu’il sera élu. Il briguera ensuite, en janvier 2015, la présidence de la chambre haute du Parlement. Et il sera, selon un ancien vice-Premier ministre, élu. «Cela constituera, selon ses proches, l’apothéose d’une carrière politique entamée dès 1974 auprès d’Omar Bongo : conseiller personnel, directeur de cabinet, ministre, haut représentant personnel, etc.»

Le «Plateau» restera dans le giron «Myéné»

Michel Essonghé sera élu pour trois principales raisons. D’abord parce que, selon des organes de presse généralement bien introduits, il bénéficie du soutien d’Ali Bongo. Celui-ci lui aurait promis d’appuyer sa candidature s’il se décidait à solliciter le poste. Ensuite, il appartient au groupe «Myéné», à qui est «réservée» la présidence de cette institution.

En effet, après Georges Rawiri qui a présidé la chambre haute du Parlement de sa création en janvier 1997 à sa mort en avril 2006, René Radembino Coniquet (2006-2009) et Rose Francine Rogombé (2009-2015), avaient pris le relais. Dosage géopolitique aidant, il n’y a aucune raison pour que l’institution quitte le giron «myéné». Elle demeurera donc aux mains de ce groupe ethnique. Les émergents s’étant résignés à suivre les pas de «Papa Bongo» dans ce sens, la géopolitique et l’ethnopolitique demeurent en effet en vigueur. Troisième raison : avec plus de 1500 conseillers municipaux et départementaux sur les 2400 que compte le pays, le Parti démocratique gabonais va conserver une large majorité dans un Sénat qui passe de 101 à 105 membres.

Campagne de séduction

Et Michel Essonghé a eu le temps de bien se préparer pour ses futures charges. Depuis deux ans, il s’est beaucoup impliqué dans la vie politique locale. Plus rien ne se passe dans le camp PDGiste à Port-Gentil sans qu’il ne soit présent. On l’a en réalité plus vu à Port-Gentil ces deux dernières années qu’au cours des dix précédentes.

Selon ses partisans, «sous Omar Bongo, il avait moins de temps pour venir nous voir ; à présent, il a un emploi du temps plus dégagé». Des rumeurs portgentillaises insistantes indiquent, elles, que «tout est mis en place pour préparer l’accession de Michel Essonghé au plateau». Une stratégie de communication – plutôt une stratégie de séduction – a été mise en place pour amener la capitale économique à lui. Il ne veut pas seulement être le sénateur d’un arrondissement de Port-Gentil, il veut tout Port-Gentil derrière lui «dans la perspective de 2016» pour contrecarrer une éventuelle candidature d’un fils de la province.

Dans la stratégie de séduction engagée, il peut compter sur des hommes qui parlent en son nom : notamment Bernard Apérano, maire de Port-Gentil, et Joël Otando, directeur d’une radio locale. Le maire de la capitale économique, qui vient de se voir confirmé dans sa charge de secrétaire provincial du PDG, essaie tant bien que mal de «caser», à la mairie, les jeunes – une population précarisée dans la ville – qui, jusque-là, allaient de CDD à des travaux d’intérim, leur donnant ainsi, d’une manière moins caricaturale, l’illusion d’un futur meilleur. Ses lieutenants sont, ainsi qu’on peut aisément le constater, sur le terrain avec des actions humanitaires et sociales. Gabriel Tchango, membre du gouvernement, et Jean-Fidèle Adjahou dit Otandault, haut-fonctionnaire au ministère du Budget, accompagnent cette stratégie.

Un «ami de 35 ans» d’Omar Bongo devrait donc atterrir au plateau dans six semaines. Surtout que les velléités de candidatures annoncées il y a quelque temps, toujours dans le camp PDG, disparaissent progressivement. Bien que réélue conseiller municipal à Lambaréné, Rose-Francine Rogombé, 72 ans, restera sans doute au Sénat comme l’avait fait son prédécesseur, René Coniquet, sans plus. Honorine Dossou Naki, 68 ans, qui ambitionne de devenir sénateur du département de Bendjé le sera sans doute, mais elle ne devrait pas solliciter l’accession au plateau. Quant à Georgette Koko, ancien vice-Premier ministre dans les gouvernements de Jean Eyéghé Ndong, sénateur de Makokou, et président du groupe PDG au Sénat depuis 2011, qui se vantait, avec un brin de coquetterie, de connaître l’ensemble des sénateurs actuels qui devraient être pour la plupart reconduits, elle a du comprendre que son heure n’avait pas sonné. Cette chrétienne, adepte des églises de réveil, avait commencé à mener, selon ses proches, une campagne souterraine pour arracher le plateau, mais elle ne peut en réalité constituer une pierre dans le jardin de Michel Essonghé, franc-maçon bon teint.

Ce qui se prépare, c’est donc sa marche vers le Plateau. Il y a, il est vrai, quelques réticences qui s’expriment. En effet, avec l’humour décapant qui est le sien, un sénateur de Libreville affirme que «le renouvellement (de l’élite politique), ce n’est pas maintenant». Il lui faut pourtant reconnaître que Michel Essonghé a tout à fait le droit d’avoir des ambitions, même à 73 ans !

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