Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Gabon    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Économie
Article




  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Économie

Tensions de trésorerie et déficits béants pour les agences nationales
Publié le vendredi 24 octobre 2014   |  Gabon Review




 Vos outils




Créées pour rendre l’action publique plus efficace, la plupart des agences nationales se retrouvent en quasi-faillite et accusent des déficits en tous genres. Entre désolation, dénuement et insouciance, le résumé de la situation.

Saisissant l’occasion du point de presse hebdomadaire du Parti démocratique gabonais (PDG), mardi dernier, son Secrétaire national pour le Moyen-Ogooué, Emmanuel Jean-Didier Biyé, a cru bon de citer la création des agences comme un des points positifs de l’action du chef de l’Etat. Or, en dehors de quelques-unes, ces agences vivent des tensions de trésorerie et des déficits en tous genres.

Illustratif de cette situation, les responsables financiers du Fonds Forestier national (FFN), une agence placée sous la tutelle du ministère de la Forêt, de l’Environnement et de la Protection des ressources naturelles, font et refont leurs calculs, épluchent ligne par ligne le budget du Fonds pour chercher où rogner sur les dépenses. Rien n’y fait. Il leur manque 43 millions FCFA pour boucler le budget de l’année. Les chiffres recueillis auprès des services financiers de cette agence le montrent : la situation financière est préoccupante. Mais elle n’a rien d’exceptionnel. Partout, le manque de moyens est criard. Peu ou pas de ressources financières, effectifs presque pléthoriques, charges importantes. Les déficits sont béants.

Situation identique à l’Agence Filière-Bois, qui dépend elle aussi du ministère de la Forêt. Ses employés vont parfois jusqu’à quatre mois sans être payés. Noël Nelson Messone, le ministre de la Forêt, de l’Environnement et de la Protection des ressources naturelles, est régulièrement informé par les responsables de ces agences de l’insuffisance des moyens financiers. Il a saisi le ministre du Budget à ce sujet. La même situation est vécue à l’Agence de collecte et de commercialisation des Produits agricoles (ACCOPA), à l’Office national des Laboratoires agricoles (ONALA), ainsi qu’à l’Office national du développement rural (ONADER) qui vient de réduire le tiers de ses effectifs pour se stabiliser à 60 agents. Dans un compte-rendu publié par le quotidien L’Union du 26 mars dernier, un reporter écrit au sujet d’une visite de terrain du ministre de l’Agriculture, de l’Elevage, de la Pêche et de la Sécurité alimentaire : «Partout où il est passé, Luc Oyoubi a entendu les exposés des directeurs généraux qui lui ont révélé que les décaissements des budgets autorisés dans la loi des Finances 2013 à ces agences d’exécution de la politique agricole n’excèdent pas 10% ; des sommes congrues pour la plupart de ces agences qui rendent problématique la réalisation de la politique gouvernementale d’augmentation de la production agricole nationale. En plus, les conditions de travail confinent le personnel à la déprime». Le journal poursuit : pour le ministre Oyoubi, «il faut que les moyens suivent. Or, dans le budget 2014, les sommes allouées aux agences sont même en diminution. On ne peut pas faire de miracles dans ces conditions».

Désolation, dénuement et insouciance

Les conditions de travail aussi sont tout aussi difficiles. Les agents manquent de tout. Les fournitures de bureau, les équipements informatiques, le mobilier arrivent au compte-goutte… ou jamais. En réalité, à l’exception de l’Agence nationale des grands Travaux (ANGT), de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN), de l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (AGASA) et de l’Agence nationale des bourses du Gabon (ANBG), toutes les agences, offices et autres établissements publics à gestion autonome – une bonne quinzaine – créés dans la foulée de l’accession au pouvoir d’Ali Bongo vivent des tensions de trésorerie, et ont de ce fait du mal à exécuter leurs missions.

Créées, aux côtés des services de l’administration publique, pour rendre l’action publique plus efficace, la plupart des agences se retrouvent en quasi-faillite. Quelles en sont les causes ? Pourquoi se retrouvent-elles dans cette situation ? «Avant tout, parce que les charges progressent vite, beaucoup plus vite que les moyens», indique un chef de service du Fonds forestier national. En cause, bien sûr, des recrutements massifs et inappropriés. «A ces effets structurels, s’ajoute l’insouciance de certains directeurs généraux à se faire payer des missions de longue durée à l’étranger pas toujours nécessaires pour l’entreprise», souligne l’intéressé. La désolation sévit dans ces établissements publics, au même titre que le dénuement et l’insouciance. Du coup, tous les contrats d’objectifs de programmes (les fameux COP) signés entre le gouvernement et ces organismes n’ont pu être remplis par ces agences. Ce qui donne de l’Etat, premier responsable de cet échec, une image d’irresponsabilité certaine.

Contrairement donc à ce qu’a bien voulu déclarer le secrétaire national du PDG, ces agences sont malades de déficits en tous genres, et leur existence même mérite d’être repensée au niveau des objectifs à leur prescrire, et des effectifs devant les mettre en œuvre. Au moment où le Conseil des ministres vient de décider de la création de trois autres agences, à savoir l’Agence nationale pour la Promotion des Investissements (ANPI-Gabon, qui naît de la fusion entre le CDE, Promo-Gabon et l’APIEX), l’Agence nationale des Pêches et de l’Aquaculture (ANPA), l’Agence gabonaise de développement et de la promotion du tourisme et de l’hôtellerie, et la Caisse des Pensions et des Prestations sociales des Agents civils de l’Etat, il convient de prendre les mesures les plus à même de les faire fonctionner intelligemment et efficacement. Sinon, elles se mettront à tomber les unes après les autres.

 Commentaires