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Le Gabon, en précampagne électorale évidente
Publié le lundi 20 octobre 2014   |  Gabon Review




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Le dispositif médiatique déployé le prouve : le Gabon entre incontestablement dans une période de précampagne électorale qui va vraisemblablement durer 22 mois. Qui va garder et gérer l’administration ?
ux des membres du gouvernement, les tournées des députés dans leurs fiefs, on constate aujourd’hui que le gouvernement, la présidence de la République et le Parti démocratique gabonais (PDG) multiplient les sorties médiatiques. Depuis vendredi dernier, la toute nouvelle Direction de l’information gouvernementale, créée par la Primature, a lancé une émission de télévision bimensuelle : «Faire Savoir».

Déjà, le 16 octobre dernier, tout ce que le PDG compte de cadres s’est retrouvé au Jardin dit Botanique pour célébrer le cinquième anniversaire de l’accession au pouvoir d’Ali Bongo. Sensationnel ! Grandiose ! Emouvant surtout lorsque le «Distingué Camarade» s’est mis à esquisser des pas de danse – on a alors vu un Michel Essonghé ému aux larmes et un Mathias Otounga aux yeux tout aussi humides ! Ne manquait que l’enthousiasme… La chanteuse Patience Dabany s’est d’ailleurs étonnée de cette absence d’enthousiasme, demandant à l’assistance «pourquoi vous êtes si triste, alors que c’est un jour de fête ?» Il a manqué effectivement un peu de chaleur et d’entrain. Aussi étonnant que cela puisse paraître, ce grand raout n’a pas été programmé pour 15 h 30, heure de sortie des bureaux des agents de l’administration, mais plutôt pour 9 heures ! Le 16 octobre a donc été une journée perdue pour l’administration publique puisque tout ce qu’elle compte de responsables militent au PDG ou en sont des sympathisants. Et tous devaient compter parmi les présents. Avec cette fête, on s’est rendu compte que les responsables du parti au pouvoir ne s’arrêtent devant rien pour satisfaire leurs égos ou leur militantisme pour le moins, quitte à paralyser partiellement le fonctionnement de l’administration. N’eût-il pas été plus judicieux d’organiser ces grandes retrouvailles dans l’après-midi ou le lendemain ? La précampagne qui s’ouvre donc va, sans aucun doute, occasionner quelque dysfonctionnement dans l’administration.

Communication, outil idéal pour la propagande

Pour le moment, cette période se caractérise aussi et surtout par une immense envie de communiquer. Wikipédia définit la communication comme «l’action de communiquer, d’établir une relation avec autrui, de transmettre quelque information à quelqu’un ; l’absence de réponse possible en fait un outil idéal de propagande». Il y avait déjà, depuis 2012, la conférence de presse hebdomadaire du porte-parole de la présidence de la République. Mêlant, avec un talent incontestable, démagogie et propagande, Alain-Claude Billie By Nzé ne convainc pas vraiment. Car il a encore trop tendance à aller de l’essentiel à l’inconsistant, donnant ainsi l’impression d’avoir été lui-même l’objet d’une erreur d’orientation. Largement battu, à Makokou, lors des élections législatives de décembre 2011 par Emmanuel Issoze Ngondet, ce transfuge du RPG et du RDP avait remplacé, en février 2012, Clémence Mezui au poste de porte-parole de la présidence. Au-delà du bagout qu’il a, il donne l’impression d’en faire parfois trop pour montrer sa loyauté. Ses conférences de presse lui ont malheureusement parfois joué des mauvais tours, comme lorsque parlant de Raymond Ndong Sima, alors Premier ministre, il avait déclaré : «s’il veut partir, qu’il parte, personne ne le retiendra». Alain-Claude Billie By Nzé était alors sorti de son rôle. Et ce n’est pas la seule sortie de route qu’il ait faite depuis deux ans et demi…

Depuis son arrivée au poste de porte-parole du gouvernement en janvier 2014, Denise Mekam’ne Edzidzi a, elle aussi, décidé de tenir un point de presse hebdomadaire ou bimensuel. Si elle n’a pas le culot d’Alain-Claude Billie By Nzé, son collègue de la présidence de la République, elle se donne les moyens d’être bien informée avant de se tenir devant les hommes et femmes de média. Plus sérieuse, plus énergique même, plus méthodique aussi, elle paraît néanmoins encore un peu nerveuse, et cette nervosité a tendance à ne pas mettre en exergue son propos, à brouiller son discours. Est-ce la raison pour laquelle le PDG, «troisième pilier de la majorité», si on peut dire, a décidé, lui aussi, de lancer son point de presse hebdomadaire ? Jean-Sylvain Mandza fait, pour l’instant, un parcours sans faute. Dans un registre personnel tout à fait différent de Charles Mvé Ellah, son prédécesseur à ce poste, l’actuel porte-parole du PDG, est un bon communicant. Il est précis, concis, direct.

En plus des conférences et points de presse des porte-parole de la présidence de la République, de celui du gouvernement et du porte-voix du PDG, la Primature, à travers la Direction de l’information gouvernementale (DIG) logée au secrétariat général du gouvernement, vient de lancer une émission télévisuelle bimensuelle, «Faire savoir», dont le premier numéro a été diffusé vendredi soir sur Gabon Télévision, avec pour invité le ministre des Infrastructures, de l’Habitat et de l’Aménagement du Territoire, Magloire Ngambia. La même DIG se propose de lancer une émission de même type à Radio Gabon.

L’excès de communication tue la communication

Toutefois, comme l’a dit Jean Jaurès il y a près d’un siècle, «le problème pour tous les pouvoirs, c’est la communication ; il ne faut jamais trop en faire, sinon l’excès tue, il ne faut jamais en faire trop peu, sinon on est inaudible ; il faut le juste milieu, mais qu’est-ce que le juste milieu ?».

A travers ces émissions d’information politique, ces exercices de communication et toutes ces sorties médiatiques multipliées à l’infini, le pouvoir a unilatéralement lancé une forme de précampagne électorale qui va durer jusqu’en août 2016, donc 22 mois ! Une longue précampagne qui ne va pas manquer d’avoir de lourdes conséquences sur le fonctionnement de l’administration publique. Le pouvoir est-il conscient du risque d’enfermement et d’usure qui le guette s’il doit faire des annonces chaque semaine ? On constate déjà que, chaque semaine, la complexité de certains dossiers amène parfois Alain-Claude Billie By Nzé et Denise Mekam’ne Edzidzi à donner des éléments de réponse très différents, voire contradictoires ; en tout cas, le porte-parole de la présidence de la République et celui du gouvernement démontrent qu’ils ont des différences d’appréciation sur divers sujets, telle que la Prime d’incitation à la performance (PIP), et ces couacs peuvent détruire toutes les stratégies prises pour communiquer harmonieusement. «Trop de com tue la com !»

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