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L’école gabonaise à la croisée des chemins
Publié le mercredi 15 octobre 2014   |  Gabon Review


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La nouvelle ministre de l’Education nationale a mal engagé la négociation avec les syndicats, mais le gouvernement feint de croire qu’il peut encore reprendre la main. Entre doutes et interrogations.

Peut-on encore sauver l’école gabonaise ? La tonalité des premiers échanges entre les syndicats du secteur et la nouvelle ministre de l’Education nationale n’incitent guère à l’optimisme. On continue à espérer néanmoins, conscient de ce que les choses semblent mal parties. La négociation vire au dialogue de sourds, alors que la sortie de crise nécessite une négociation minutieuse. La Convention des syndicats du secteur de l’éducation (Conasysed) a été frustrée de sa première entrevue avec Ida Assénouet Réténo Ndiaye. Son cahier de charges est si explicite… Mais son interlocutrice s’est livrée au minimum syndical.

Une posture dont elle s’accommode fort bien. Il n’est que de voir avec quel empressement son chargé de communication est passé donner lecture du programme des rencontres pour se dire qu’elle ne s’est nullement donnée le temps de s’imprégner de ses dossiers. Les syndicats étaient, eux, parés pour le débat. Ils laissent désormais éclater leur ressentiment : «Nous avons été déçus par le nouveau ministre de l’Éducation nationale qui nous a confirmé qu’elle ne maitrise rien du dossier et qu’elle n’a aucune volonté à nous aider», attaquent-t-ils d’emblée. Ils maintiennent donc la pression, pour «l’octroi des postes budgétaires pour près de 2000 enseignants du pré-primaire en poste depuis 15 ans», pour «la construction des 400 salles de classes promises par le président de la République le 16 août 2013», pour «la suspension immédiate de la transformation des écoles primaires en collèges d’enseignement secondaire».

La Conasysed redit sa détermination, explique son intérêt pour les réformes qui sont «un enjeu pour les élèves de la maternelle à l’université, pour leurs familles et l’ensemble de la société, ainsi que pour tous les personnels de l’éducation». Elle se prononce pour une «réelle amélioration de l’école publique pour tous et toutes». Mais, ses leaders n’y croient plus vraiment. Dans leurs attitudes se lit la colère. Il faut dire que le comportement du nouveau ministre de l’Education nationale n’a pas arrangé les choses. Selon Marcel Libama, elle a avoué sa «non-maîtrise des dossiers» dès leur 1ère rencontre alors que, eux s’attendaient à «échanger avec (elle) sur la grève et sur les engagements pris par le président de la République».

2 semaines après la rentrée des classes, le gouvernement peut-il encore inverser la tendance ? Dans les états-majors des syndicats, c’est le branle-bas de combat, et les positions se raidissent. Dans les rangs du gouvernement, l’impréparation et la crainte sont manifestes. «On aurait dû mettre à profit les vacances scolaires pour engager des discussions de fond. Faute de l’avoir fait, je ne vois pas comment on va s’en sortir. Je suis sceptique», glisse un fonctionnaire du ministère de l’Education nationale, soucieux de conserver l’anonymat. Au sein de l’administration, on reconnaît ne pas avoir anticipé tant les problèmes s’amoncellent. Mais, on veut croire que la donne peut changer à l’usure, que l’opinion finira par laisser éclater un ras-le-bol qui pourrait contraindre les syndicats à revoir leurs exigences à la baisse.

Silence assourdissant

Pour l’heure, la stratégie du gouvernement, si tant est qu’elle existe, est indéchiffrable. «On ne comprend pas la stratégie. On dit aux enseignants qu’on ne peut pas régler leurs problèmes et on est candidat à l’organisation d’une coupe d’Afrique des nations 2 ans après l’avoir déjà accueillie», lâche un député, qui ajoute : «Si on veut encore organiser une Can c’est qu’on a les ressources suffisantes pour faire face aux besoins primaires du pays. On donne vraiment l’impression d’avoir un ordre de priorités qui nous est propre ou de nous moquer des gens !». Même au sein du gouvernement, certains commencent à s’interroger sur la ligne à suivre pour ramener les enseignants dans les salles de classes. «On aurait pu suggérer une trêve sociale mais, au regard du discours ambiant et compte tenu de la proximité des échéances électorales, je ne crois pas que ce soit envisageable. A mon avis, on est coincé», souffle un membre du gouvernement. Le dernier remaniement gouvernemental, qui a pris une connotation politique alors qu’il aurait dû être technique, n’a rien arrangé. Bien au contraire, il a provoqué des grincements de dents. De nombreux cadres de la majorité estiment que la démission de Léon Nzouba aurait pu être mieux exploitée pour nouer un dialogue constructif avec les syndicats.

Pour relancer la dynamique autour de l’école gabonaise, le gouvernement semble ne plus savoir que faire. Le dernier Conseil des ministres est demeuré étonnamment muet sur la question. Alors qu’on s’attendait à des orientations fortes, on a eu droit à un silence assourdissant. Plus grave, la présentation de la loi de finances 2015 n’a pas permis de se faire une idée de l’allocation réservée à l’éducation nationale. Or, il est clairement établi qu’Ida Assénouet Réténo Ndiaye a mal engagé les négociations. Il ne saurait donc plus être question de la laisser seule sur le pont. Si négociations il doit y avoir, elles ne peuvent plus être menées que par un comité interministériel. Elles ne peuvent plus que revêtir un caractère inclusif. Ainsi, face aux syndicats et aux parents d’élèves on devrait retrouver les ministres en charge de l’Education nationale, de la Fonction publique, du Budget, de l’Economie et des Infrastructures.

L’objectif des syndicats étant de pousser le gouvernement à améliorer les conditions de vie et de travail des enseignants, l’approche pourrait être globale, holistique face à un comité interministérielle. Entre tactique et stratégie, le gouvernement est désormais au pied du mur. Beaucoup va dépendre, du meccano qu’il mettra en place. S’il n’y parvient pas, une hypothèse plus que plausible à l’heure qu’il est, l’avenir de notre école s’écrira définitivement en pointillés. Y parviendra-t-il ? Rien n’est moins sûr… Il est des moments où les dés sont jetés sans que l’on ne s’en rende compte…

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