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Jean Ping, l’opposition, ses forces, ses faiblesses
Publié le mardi 16 septembre 2014   |  Gabon Review


Les
© Autre presse par DR
Les leaders de l’opposition Gabonaise


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Composé de trois grands groupes, à savoir le Front Uni de l’Opposition pour l’Alternance, l’Union des Forces du Changement (UFC) et l’Union des Forces de l’Alternance (UFA), l’opposition gabonaise a lancé l’idée d’une candidature unique au prochain scrutin présidentiel. Mais cette option n’est pas partagée par tous les responsables de ce bloc politique : Pierre-Claver Maganga Moussavou (PSD) s’oppose en effet à cette idée. Il estime que Vincent Essone Mengue, originaire du Nord, et lui, ressortissant du Sud, devraient être les deux candidats de l’opposition parce qu’ils dirigent tous les deux respectivement la quatrième ville (Oyem) et la cinquième ville (Mouila) du Gabon.

Selon un confrère parisien généralement bien informé en raison de son vaste réseau d’informateurs, La Lettre du Continent, des sondages réalisés par les Services spéciaux gabonais à la veille du 17 août dernier ont révélé que Jean Ping est la personnalité susceptible d’inquiéter le Président Ali Bongo à la prochaine élection présidentielle. «Inquiéter» est le mot utilisé par les Services. Mais des chancelleries occidentales, notamment, pensent que ce mot qui ne reflète pas la vérité, c’est un mot en-deçà de la réalité exprimée par l’opinion. Ali Bongo pourrait-il être battu ? L’opposition aura-t-elle son candidat unique tant souhaité ?

L’idée d’une candidature unique de l’opposition fait son bonhomme de chemin, et c’est le visage de Jean Ping qui semble de plus en plus se dessiner pour cette perspective. Surtout que Jean Ping est riche d’un bon pedigree. Ancien fonctionnaire international à l’Unesco, ancien ambassadeur du Gabon auprès de cet organisme onusien, ancien chef de la diplomatie gabonaise, ancien président de l’Assemblée générale des Nations-Unies, ancien président de la Commission de l’Union africaine, Jean Ping est, selon un ancien ministre béninois, «une belle machine intellectuelle». Un de ses anciens directeurs de cabinet le décrit comme «quelqu’un de bien outillé intellectuellement, de très prudent et qui, de ce fait, ne peut se lancer dans une telle affaire (l’élection présidentielle, s’il y va) par hasard, par vengeance ou par simple volonté de nuire aux autorités actuelles, et la preuve c’est que les premiers sondages lancés ici et là lui seraient favorables».

Et bien que les sondages ne soient qu’une donnée instantanée de l’opinion à un moment précis, la principale force de l’opposition aujourd’hui est de disposer en son sein d’un Jacques Adiahénot, ancien secrétaire général du PDG, d’un Pierre Amoughé Mba, ancien idéologue du RPG, de deux anciens Premiers ministres, Casimir Oyé Mba et Jean Eyéghé Ndong, d’anciens ministres d’Etat – Zacharie Myboto, Paulette Missambo et Jules Aristide Bourdes Ogouliguendé-, d’anciens hauts cadres de la nation tels que Philibert Andzembé, Michel Mpéga, Joseph-John Nambo et Michel Ongoundou Loundah, de Jean de Dieu Moukagni Iwangou, d’un ensemble de consultants, et surtout d’un Jean Ping au carnet d’adresses impressionnant et qui fait montre d’une certaine détermination à «mettre dehors» le régime actuel. «Jean Ping est aussi un grand communicant qui sait parfaitement s’exprimer dans les médias et devant tout auditoire. Il est techniquement compétent, et il a une longue expérience de l’action gouvernementale, de l’Etat et de la vie politique, et cela se sait», souligne un ancien ministre rencontré en février dernier après la déclaration de Jean Ping au séminaire atelier des «Souverainistes». Et à ceux qui lui disent qu’il ne dispose pas d’un parti politique qui puisse lui permettre d’impacter un peu plus encore dans le pays profond, l’ancien chef de la diplomatie d’Omar Bongo répond qu’André Mba Obame n’avait pas de formation politique lui non plus en 2009. A ceux qui lui disent qu’il n’a pas de projet politique, il affirme que le programme de l’opposition pour le Gabon sera prêt au moment opportun. Mais son long passé au pouvoir de 1984, date de son retour au Gabon pour prendre la direction de cabinet du Président Omar Bongo, à 2008, date de son départ pour Addis-Abeba, va-t-il lui desservir ? En tout cas, de petites formations politiques autrefois membres de la majorité ont choisi de rejoindre l’opposition, sans doute pour aller lui manifester leur soutien. Il s’agit de l’Union nationale des Forgerons (UNAF), plutôt bien implantée à Mékambo et ses environs, et du Parti national du Gabon (PNG). De même, des personnalités membres de certains partis de la majorité qui manifestent un ras-le-bol face à la politique conduite actuellement sont attendues pour rallier les forces de l’alternance. «Une politique suicidaire, un devoir d’inventaire inopportun sur les années Omar, une certaine arrogance des ’’amis d’Ali’’ face à eux, les ’’amis d’Omar’’, de l’irresponsabilité collective, des comportements déviants, l’impunité qui ne finira jamais, et surtout des choix incompréhensibles pour des nominations à des postes sensibles au sommet de l’Etat», c’est à tout cela que semblent s’opposer des personnalités de premier plan du «système».

En fait, l’opposition – ou tout au moins un grand nombre de ses leaders – s’est soudée autour d’un même constat sur le régime actuel. En effet, pour ses responsables, le pays souffrait déjà de faiblesses, mais ces faiblesses s’accentuent, et cinq années après son arrivée au pouvoir, Ali Bongo Ondimba n’a pas fait ce qu’il a promis. En dépit de quelques annonces sociales et de certaines réalisations à mettre au crédit de l’ancien ministre de la Défense, les contempteurs du chef de l’Etat n’en retiennent qu’un «Bilan désastreux dans le domaine du logement et de l’habitat, illisibilité des réformes politiques, nombreux chantiers à l’arrêt ou au ralenti, paupérisation grandissante, excès de communication et de propagande par rapport aux réalisations, rapport accablant de l’état de la pauvreté et de la précarité au Gabon». L’opposition, en effet, fait une critique très dure sur le bilan des cinq premières années du président actuel. L’hebdomadaire Jeune Afrique, pourtant bien en cour au Palais présidentiel, avait-il besoin d’en rajouter en s’interrogeant «comment expliquer que, dans un pays riche en pétrole, en bois, en minerais, et qui ne compte que 1,6 million d’habitants, un tiers de la population vive dans la précarité ?». Et ce journal d’ajouter : «le contraste est d’autant plus frappant que le revenu par habitant au Gabon est l’un des plus élevés de la région : selon le FMI, il s’élevait à 12300 dollars (soit 6.150.000 FCFA) en 2013 (…) ; au pays d’Ali Bongo, l’espérance de vie n’est que de 63 ans, le taux de chômage des jeunes est de 30%, et 60% des 48 départements sont en décrochage en matière de minima sociaux et d’accès aux infrastructures de base». Une analyse qui vient bousculer des certitudes. Pour l’opposition, tout est dit dans cette analyse. Et cela lui a, semble-t-il, donné du grain à moudre dans le bilan qu’ils ont établi sur les cinq premières «années Ali Bongo».

Mais l’opposition ira-t-elle vraiment en rangs serrés à la prochaine élection présidentielle ? Elle va avoir à faire face à cinq écueils. Saura-t-elle les éviter ? Saura-t-elle les surmonter ? Le premier de ces écueils est celui de savoir que des leaders de formations moyennes ou petites de l’opposition pourraient annoncer leur soutien à Ali Bongo. Il s’agit notamment de ceux qui ont déjà entrouvert la porte comme Marcel Robert Tchoréré du Cercle Oméga, Samuel Mendou de l’une des ailes du Moréna, Séraphin Ndaot Rembogo du Parti pour la démocratie sociale et solidaire (PDS), Séraphin Davain Akuré de l’Alliance pour le Nouveau Gabon (ANG), et d’Augustin Moussavou King et Maximin Obame Ella du Parti Socialiste Gabonais (PSG). Le deuxième écueil – et pas des moindres – est le refus maintes fois exprimé par Pierre-Claver Maganga Moussavou, leader du Parti social-démocrate, de se ranger derrière un candidat unique. Cet ancien Rénovateur de 1990 estime en effet que l’opposition se doit d’avoir deux candidats au lieu d’un seul, dont l’un serait du Nord, et l’autre du Sud, pour bien mailler l’ensemble du pays. Pour d’autres leaders des forces de l’alternance, «l’attitude du maire de Mouila est à la fois déloyale et irresponsable, voire suicidaire». Ce responsable de l’opposition estime que le président du PSD devrait plutôt travailler en bonne intelligence avec les autres leaders des forces de l’alternance. Question : la culture d’affrontement interne va-t-elle faire place à une culture de responsabilisation ? En tout cas, il va falloir dissiper rapidement les malentendus et s’efforcer d’éviter d’autres maladresses. Troisième écueil : l’organisation. L’opposition s’est rarement montrée bien organisée lors des scrutins locaux ou nationaux qu’elle a peut-être parfois ou souvent remportés, mais dont la victoire lui a été refusée. Question : pourra-t-elle avoir des représentants incorruptibles dans les 2450 bureaux de vote à travers le pays ? Pourra-t-elle avoir des représentants dans les bureaux de l’étranger où devraient voter entre vingt-cinq et trente mille de nos compatriotes ? Quatrième écueil : la médiatisation de leur campagne électorale. La RTG1 ayant montré depuis longtemps ses limites en matière de respect des principes démocratiques, de la liberté d’expression et d’opinion, et du pluralisme politique, ce n’est pas en 2016 que cette chaîne publique, fruit des efforts communs des Gabonais, «se démocratisera». Question : les forces de l’opposition songent-elles aux médias susceptibles de relayer leurs messages dans et auprès de l’opinion ? Parce que, quoi qu’on dise, la chaîne de télévision privée TV+ n’a plus la même «force de frappe» qu’en 2009, son matériel ayant été confisqué au mois d’août de cette année-là. Sa diffusion est devenue marginale, car elle n’est reçue que sur Libreville, même si, il est vrai, le chef-lieu de la province de l’Estuaire comprend 60% de l’électorat national, mais tout de même… Last but not the least, cinquième et dernier écueil : les institutions chargées de l’organisation des scrutins électoraux seront-elles impartiales ? Le ministère de l’Intérieur, la Commission nationale autonome et permanente (Cenap) et la Cour Constitutionnelle, bras séculiers du «système», pour parler comme Jean Ntoutoume Ngoua, sont-ils capables de neutralité et d’impartialité ?

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